Est-il encore possible de faire face à un événement sans prononcer des sentences, la question se pose et je vous la soumets.
En effet, c’est à se demander, parfois, si le besoin de comprendre ne le cède pas à celui de juger. Comme si juger indiquait que l’on dispose d’une connaissance incontestable du bien et du mal.
Alors que rien n’est plus relatif que ces deux notions de « bien » et de « mal », on affiche une formidable aisance à prétendre savoir à quoi chacune d’elle correspond.
On déclare de façon péremptoire qui est du bon côté, qui, du mauvais.
Et mu par autant de fausses certitudes, on s’en prend à celle ou à celui qui ne se plie pas à ce qui ne ressemble à aucun raisonnement.
Observez comment se déroulent nombre d’échanges sur des sujets sensibles!
On ne s’écoute pas, on ne s’entend parfois même pas. On affirme et on rejette l’autre. Parce que la doctrine prend le pas sur l’ouverture d’esprit.
Et que remettre en cause ses certitudes crée un inconfort. Tandis que juger vous pose, vous confère l’illusion d’un savoir et vous dote d’une force.
Celui qui classe et, à terme, exclut.
1 Comment
« Et que remettre en cause ses certitudes crée un inconfort. »
–
Remettre en cause ses certitudes, c’est affronter une dissonance cognitive. Personne n’aime se tromper, personne n’aime reconnaître ses erreurs. Il faut une certaine force de caractère. Et donc certaines personnes vont refuser la discussion (et par exemple vous racrocher au nez).
–
Votre constat est affligeant à plus d’un titre, parce que le propre de la diplomatie est de savoir écouter l’autre. Et malheureusement le stade de la diplomatie semble dépasser pour laisser la place au jugement péremptoire, à la haine, aux insultes et à la guerre.
–
La diplomatie, c’est reconnaître que l’autre est son égal. C’est refuser la prétention à une quelconque supériorité, c’est refuser de vouloir imposer aux autres ses propres règles à son profit exclusif. Mais pour cela, il faut savoir partager. Mot inadmissible pour certains.
–
Depuis 20 ans, la haine est distillée, accompagnée de mensonges, de discriminations et d’insultes. Rabaisser l’autre, pour finir par le déshumaniser, le ravaler au rang d’animal ouvre la porte au pire: à la guerre, à une guerre d’extermination.
–
La haine est entrée dans l’idéologie occidentale par Nietzsche qui préconisait l’inversion de toutes les valeurs, d’être au-delà du bien et du mal, et finalement il opposait une morale des maîtres opposée à une morale des esclaves. Citation:
–
« Il faut aller au fond des choses et se défendre de toute faiblesse sentimentale: vivre c’est ESSENTIELLEMENT dépouiller, blesser, subjuguer l’étranger et le faible, l’opprimer, lui imposer durement nos propres formes, l’incorporer et au moins, au mieux, l’exploiter (…). » Par delà le bien et le mal, 259.