J’ai regardé On n’est pas couché dans sa nouvelle formule, ce samedi 31 août. Question de me faire une idée de ce qui anime la France médiatico-cultuelle de nos jours.
J’avais évoqué, ici, comment elle entretient son goût de la sensation.
Parmi les invité(e)s, Yann Moix l’écrivain qui a fait beaucoup parler de lui récemment. L’homme contrit qu’on découvrait n’a, bien sûr pas touché tout le monde.
Il a, néanmoins, emporté l’adhésion de Bernard-Henri Lévy, autant dire, le graal.
A vrai dire, tout cela n’a à peu près rien de très surprenant. Le fait est que ce qui se passe autour de l’ancien chroniqueur de l’émission de Laurent Ruquier est révélateur.
Et dans ce sens, faire l’impasse d’une réalité, qu’on l’aime ou pas, serait se voiler la face. Car ce qui se passe n’est que la confirmation de ce qui n’a pas attendu Moix pour exister.
Autant en prendre acte.
S’en offusquer n’y changera rien. La part apportée à ce qu’est et a été Yann Moix ou à ce qu’il écrit déterminera le public.
Par « public » , s’entend celui qui fera le jeu de la polémique et celui qui, amateur de littérature, appréciera ou non l’oeuvre de l’écrivain.
Culture
A la lecture de récentes séquences médiatiques, force est de constater que, désormais, le sensationnel n’est plus l’apanage de qui avait vocation à le relayer.
L’actualité se niche au creux d’agissements personnels.
En littérature, par exemple, on apprend la parution du dernier roman de Yann Moix et c’est à des règlements de comptes familiaux auxquels on a droit.
Nombre de médias, en effet, ont fait la part belle au conflit qui oppose père et frère de l’ancien chroniqueur de l’émission On n’est pas couché.
Au point que quelques commentaires ont relevé que Franceinfo -pour ne citer que ce relai- reprenait le flambeau du défunt France Soir.
En politique, autre exemple, le Président brésilien, en réaction à la prise de position d’Emmanuel Macron sur les accords entre UE et Mercosur, commente le physique de l’épouse de son homologue français.
Qu’on pense ce qu’on veut de Brigitte Macron, est-ce le rôle d’un Chef d’Etat que de l’apprécier de manière publique?
Que le sensationnel prenne de plus en plus de place dans un peu tous les domaines paraît indéniable.
Moraliser n’est pas le propos, juste de constater.
Ce qui me frappe souvent lorsqu’on parle de la Russie de manière moins négative que celle qui a pignon médiatique sur rue, c’est une certaine complaisance affichée.
Comme si les Russes avaient besoin qu’on se penche sur leur sort, comme si nous étions, nous autres, meilleurs et manifesterions notre grandeur à bien vouloir ne pas leur tourner le dos.
C’est faire peu cas de leur fierté et, surtout de leur résistance qui n’a pas attendu les atermoiements occidentaux pour se démontrer.
Qu’à cela ne tienne, nombre de celles et de ceux qui commentent sont tellement convaincu(e)s de leur supériorité à détenir la pensée juste que tout ce qui s’en écarte peu ou prou est regardé avec condescendance dans le meilleur des cas, rejeté dans le pire.
Ce n’est ni être « russophile » et encore moins « poutinolâtre » que de rappeler que les Russes n’ont pas besoin de savoir ce qu’ils ont à faire et pas. C’est juste avoir en tête que leur manière d’être peut différer de la nôtre.
En être conscient serait tout bénéfice, surtout à l’heure où le multiculturalisme est prôné à tout va. Seulement voilà, tout se passe comme s’il ne devait concerner que certaines cultures à l’exclusion d’autres.
En l’occurrence, on peut échanger à l’infini sur les ondes de radios, les plateaux de chaînes de télévision ou dans les colonnes de journaux, la Russie agira selon ses intérêts et ses valeurs comme tout pays qui se respecte.
Quant à la France d’Emmanuel Macron, qu’elle tente de revenir sur les agissements de celle de François Hollande, eu égard notamment à la Russie, pourquoi pas et bien lui en prend!
Evoquer une politique de défense des droits humains à géométrie singulière tandis qu’un clitoris géant est convoqué pour célébrer la Fête nationale suisse à Genève qui, en même temps accueille autant de touristes de pays qui les bafouent, ces mêmes droits, voici que se lèvent des boucliers…
Deux commentateurs du précédent sujet de ce blog tiennent, en effet, à exposer l’étendue de leurs connaissances, l’un, en ne sachant pas lire et en prenant des touristes pour des migrants, l’autre, pour parler de Moscou et du Kremlin.
Serait-ce pour voler au secours de choix politique d’une Maire qui manifestait en son temps contre la « Russie homophobe »? On se réjouirait de la voir brandir une pancarte pour dénoncer avec autant d’ardeur les mutilations sexuelles.
Il semble bien que pour ce qui concerne certains pays, on préfère la réserve. Que celle-ci cache opportunisme ou intérêt ou les deux, aux concerné(e)s de s’interroger.
Genève à l’ombre de son château gonflable et de ses droits humains
Un article de la Tribune de Genève évoque la réaction d’un habitant, surpris par le clitoris géant érigé tel un « château gonflable » et invité d’honneur des célébrations de la Fête nationale suisse.
La Maire de la ville, apprend-on, soucieuse des questions de genre aurait tenu à mettre en valeur cette partie de l’anatomie féminine.
Soit.
Et que pense-t-elle de l’accueil réservé par cette même ville à autant de touristes issus de pays qui ont une autre conception de cette partie de l’anatomie féminine montée en « château gonflable »?
Que l’argent n’ait pas d’odeur, le proverbe nous l’a enseigné. Que cela se démontre dans cette Genève des droits humains n’est plus à prouver.
Pour rappel, ce sujet publié ici même et pas plus tard qu’hier évoque comment un grand pays occidental a réagi face à l’excision du clitoris et au crime d’honneur.
A méditer sous la voûte du « château gonflable »…
Une personne qui suit ce blog m’a transmis cet article que je vous soumets. Publié sur le site du Journal de Montréal, son intitulé à lui seul interpelle, L’excision du clitoris n’est pas barbare.
Signé Richard Martineau, chroniqueur controversé, le propos vise le regard porté sur des pratiques qui, de criminelles qu’elles étaient conçues ne le sont plus.
Car l’article pointe un passage relatif à l’excision du clitoris qui aurait été supprimé du Guide destiné aux nouveaux arrivants.
Que l’excision du clitoris soit qualifiée de criminelle relève d’appréciations d’ordre juridique. Le fait est qu’elle reste une mutilation aux conséquences aussi graves que douloureuses.
De là à ce qu’un jour cet acte soit interdit, bien des combats devront être menés et aboutiront-ils, rien ne paraît moins sûr tant les raisons avancées au nom du respect multiculturel prévalent.
Au point d’en arriver, parfois, à d’étranges contradictions entre luttes pour les droits des femmes et respect de qui les piétinent.
Après la mise en une de la querelle entre LGBTIQ+, c’est non seulement à un éditorial que nous avons droit mais encore à une pleine page du journal paru ce 2 août, comme le montre la photo qui illustre le sujet.
Voici donc la journaliste de la Tribune de Genève nous expliquer ce qu’est une radicalisation au regard de ce qu’est le sens du débat, des fois que nous confondrions la première avec le second.
Et de nous avertir ainsi, en début de son éditorial intitulé « Transgenres: la guerre des méthodes »:
pour conclure ainsi son propos:
Merci de pareils éclairages destinés à nous sensibiliser à quoi, au juste?
« Que c’est triste Venise » , chantait Charles Aznavour, « quand on ne s’aime plus ». Et que c’est triste Venise, quand on ne l’aime plus … ou trop. Ou tant qu’à vouloir la sauver du vieillissement de sa population on lui injecte des flots de touristes déversés par autant de monstres navigants.
En dépit de toutes les protestations, en dépit de toutes les recommandations de l’UNESCO auprès de laquelle Venise est classée patrimoine de l’humanité, au mépris de l’Histoire de la ville, ces embarcations appelées bateaux de croisière ne cessent de la rendre accessible à des dizaines de milliers de visiteurs.
Cet article de la Radio Télévision Suisse (RTS) explique la situation en parlant de « casse-tête ».
A quand une intervention dans le cadre du Forum économique de Davos ou dans un parlement quelconque de pays étrangers à l’Italie pour sensibiliser les ressortissant(e)s de partout dans le monde qui se réjouissent d’aller saccager la lagune pour avoir vu Venise?
Et quelle polémique à plus soif aurait suscité pareil état de fait? Quelle mobilisation? Merci, si vous avez connaissance de références à cet égard, de les signaler et alors, la tristesse du poète, la tristesse de qui aime nature, culture et patrimoine en tous genres trouverait à s’apaiser.
En attendant, écoutons le grand Charles…
En une de la Tribune de Genève de ce 23 juillet, cet article qui évoque un « malaise » en suscite un voire plusieurs autres.
D’abord, le fait d’afficher l’article en manchette des cassettes qui vendent le grand quotidien genevois interpelle. Ensuite, le choix du terme « malaise » indiqué dans le titre de l’article.
Car si le but de la mise en évidence d’un sujet d’actualité est d’attirer l’attention du public, cela semble bien avoir marché vu les différentes réactions que j’ai pu recueillir à cet égard.
Or après avoir pris connaissance de ce « malaise », plusieurs personnes se sont interrogées sur la raison de pareille importance accordée à un événement récurrent.
En effet, qu’on le déplore ou non, le Mur des Réformateurs de Genève compte plusieurs actes de vandalisme, celui qui semble créer un « malaise » s’ajoutant à la liste.
A lire l’article en question, il semble ressortir que l’importance à y accorder concerne les divergences entre groupes LGBTQ etc..
Les voici qui se disputent et revendiquent chacun leur part de reconnaissance? Et le public devrait être pris à parti de ce « malaise »?
Au cours de l’une de mes récentes lectures, j’ai repensé à des échanges qui avaient eu lieu ici en lien avec les concepts de « vérité » et de « réalité ».
Dans un ouvrage de l’écrivain chinois Gao Xingjian, Prix Nobel de littérature en l’an 2000, il est écrit ceci que je vous soumets:
La vérité n’existe que dans l’expérience et encore seulement dans l’expérience de chacun et même dans ce cas, dès qu’elle est rapportée, elle devient histoire. Il est impossible de démontrer la vérité des faits et il ne faut pas le faire.
Il s’agit là d’un extrait de « La montagne de l’âme », paru en traduction française aux éditions de l’Aube en novembre 2000.
Que le récit d’une expérience devienne une histoire invérifiable se conçoit. De là à en faire une généralité selon laquelle des faits seraient indémontrables, c’est privilégier le doute à la confiance.
Rien n’indique du premier qu’il soit constructif ou créatif. La seconde, quant à elle, ne gage pas non plus de quoi que ce soit de meilleur. La « vérité » se nicherait-elle entre doute et confiance ou nulle part?