Outre les considérations sur l’économie, ce qu’on lit dans l’entretien* avec Yanis Varoufakis, publié par la revue Ballast, c’est la mise à l’écart, par l’euro-groupe, de toutes ses propositions.
Dire de l’Europe qu’elle incarne la démocratie semble de plus en plus relever de l’abus de langage.
Euphémisme que de le rappeler, certes, tandis que l’ancien ministre grec de l’économie explique comment on donne pour mieux dominer:
Que dit-on en Europe ? Une dette grecque non remboursable ? Donnez-leur en plus ! Et augmentez tous les impôts pour donner à une dette non remboursable plus d’argent, plus de prêts.
Alors que la question des migrants démultiplie les débats et déchire l’Europe entre accueil à réserver ou frontières à fermer, au-delà de la misère de l’exode, c’est au cynisme qui l’accompagne qu’on assiste.
Entre utilitarisme à peine voilé et charisme martelé, aux populations de s’y retrouver.
Difficile, en cela, de donner tort à Yanis Varoufakis quand il dénonce un système féodal dont le but est de s’étendre et d’élargir son pouvoir de domination.
http://www.revue-ballast.fr/yanis-varoufakis/
Economie
Migrants, entre « il faut », « on doit » et le profit à en tirer
La RTS, hier 1er septembre, a consacré pour la deuxième fois son émission Infrarouge à la question des migrants.
Le titre, tout comme celui de l’émission du 23 juin dernier, y est formulé sous forme d’interrogation. Si, en juin, était discuté le fait de se barricader contre les migrants plutôt que de les accueillir, ce 1er septembre, on débat de la honte que serait pour l’Europe, le phénomène de la migration.
http://www.infrarouge.ch/ir/2199-migrants-honte-rsquo-europe
Plusieurs aspects sont abordés, de l’humanitarisme à l’économie et à la religion et quelques efforts de synthèses sont entrepris par les uns et les autres en fin d’émission.
Des comparaisons avec des précédents historiques sont aussi énoncées, discutées sinon nuancées, compte tenu des circonstances diverses sinon complètement autres que celles qui entourent les migrations d’aujourd’hui.
Sur le profit à tirer de cette arrivée de migrants, plusieurs intervenants s’expriment.
On cite le patron des patrons allemands qui y voit une manne tandis que d’autres estiment qu’avec le taux de chômage qui affecte nos sociétés, cette nouvelle main d’oeuvre serait diversement perçue.
Cerise sur le gâteau et comprenne qui pourra, Micheline Calmy-Rey rappelle Genève, où les Protestants sont arrivés en masse, ont apporté la Banque Privée et l’horlogerie et, de fait, ont rendu les Genevois sinon les Suisses et d’autres encore, bien contents de les avoir eus.
Cela dit, l’émission vaut la peine d’être vue.
Dans l’interview qu’accorde l’économiste Marc Chesney à « Swissinfo » et dont j’indique le lien ci-dessous, Yanis Varoufakis ne manquerait sans doute pas de se reconnaître.
J’ai indiqué, dans un précédent sujet*, le lien au discours que l’ancien ministre grec de l’économie a tenu à Frangy-en-Bresse, dimanche 23 août dernier.
Dans ce sens, il apparaît que le point de vue du franco-suisse et du grec se rejoignent sur au moins un point, le déficit de démocratie qui domine tant de décisions prises par la troïka.
A cela s’ajoutent les contradictions de Jean-Claude Juncker dont Marc Chesney se demande comment il peut intimer à la Grèce l’ordre de réduire son déficit, alors qu’il a dirigé pendant des années un pays – le Luxembourg -, qui a permis à des sociétés actives en Grèce de pratiquer l’évasion fiscale aux dépens de la République Hellénique?
Cela tourne à la farce, conclut-il.
Oui, sauf que ladite farce est de très mauvais goût. Pis, elle s’impose au menu de toutes les négociations si elle en sont.
Que la toxicité des produits mijotés par la troïka s’avère nuisible à la démocratie n’est plus à démontrer.
Reste qu’à ce jour, aucun antidote n’a encore été trouvé pour neutraliser le poison.
http://www.swissinfo.ch/fre/marc-chesney–économiste-en-rupture_la-grèce–victime-parmi-d-autres-de-la–dictature-financière-/41624910 * http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/08/28/le-livre-des-psaumes-de-l-austerite-de-la-troika.html
La formule est de Yanis Varoufakis.*
Invité à participer à la Fête de la Rose de Frangy-en-Bresse par Arnaud Montebourg, l’ancien ministre grec de l’économie s’est adressé au public.
Notre continent a commencé à se réunir avec de nombreuses langues et des cultures différentes, mais il est en train de finir divisé par une monnaie commune.
La Grèce a capitulé, mais c’est l’Europe qui a été défaite.
Selon Yanis Varoufakis, si l’eurogroupe avait vraiment voulu réformer le système de son pays, il aurait discuté les propositions qu’il avait apportées à cet effet.
Or tel ne fut pas le cas, a-t-il indiqué avant de conclure que ce n’était pas une réforme qui était voulue pour la Grèce mais sa reddition.
Son propos est fort mais ne vise pas à apitoyer sur le sort de la Grèce. Au contraire, il alerte la conscience démocratique, non seulement française mais européenne aussi.
La stratégie de l’eurogroupe a consisté, selon l’ancien ministre grec, à faire traîner les négociations, à en imputer le blâme à la Grèce dont les propositions ont été jugées non crédibles, puis à lui poser un ultimatum sous la menace de la fermeture immédiate de la banque.
Ce ne fut rien d’autre qu’un coup d’Etat, a-t-il déclaré.
Et d’évoquer la maxime du Dr Schäuble d’après laquelle, les élections ne sont pas autorisées à changer quoi que ce soit en Europe.
CQFD
* http://blogs.mediapart.fr/blog/monica-m/250815/yanis-varoufakis-frangy
Bien des politiciens pourraient s’inspirer de cette leçon de politique. Mais on préfère, ici et là, y voir un nouveau coup de théâtre.
D’ailleurs, c’est déjà le cas en France où la décision d’Alexis Tsipras n’a pas manqué d’être commentée.
Si certaines personnalités y voient honnêteté et intégrité, d’autres l’inscrivent à la suite de ce qu’ils considèrent comme trahison du référendum tenu en Grèce le 5 juillet dernier.
Ainsi, Florian Philippot estime-t-il que le Premier Ministre grec doit être balayé en septembre. En fait de ménage à faire, le FN semble plutôt mal placé pour se prononcer.
Bien des Grecs ont exprimé leur déception quand d’autres avaient dores et déjà prévu le scénario.
La pression exercée sur Alexis Tsipras a été telle qu’elle ne visait qu’à réduire à peau de chagrin sa marge de manoeuvre.
A-t-il dit son dernier mot, rien n’est moins sûr. Ni Syriza non plus et encore moins la Grèce dont il sied à tant de monde de mépriser l’Histoire.
Et voici qu’on a à nouveau droit au relai des doléances relatives aux impossibles dépôts de « candidatures d’opposition anti-Kremlin ».
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/russie-moscou-barre-la-route-de-l-opposition-aux-elections-locales_1706131.html
Il serait grand temps de comprendre que le principal et premier parti d’opposition en Russie est le Parti Communiste.
Mais l’admettre empêcherait de répandre tous azimuts combien Vladimir Poutine regrette l’ex Union Soviétique.
Dans un précédent sujet de ce blog, j’ai cité la phrase qu’il a énoncée et dont on tronque à dessein la deuxième partie. La revoici tant il ne sera jamais vain de la rappeler dans son intégralité:
Celui qui ne regrette pas l’URSS n’as pas de coeur, celui qui souhaite sa restauration n’a pas de tête.
Quand est-ce que l’Union Européenne comprendra à quel point sa politique vis-à-vis de la Russie la prétérite elle-même?
Quand réalisera-t-elle que le volume des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et la Russie ont augmenté l’an dernier alors que les sanctions prises à l’encontre de la Russie -sans aucune base juridique reconnue par le droit international- divisent de plus en plus ses pays membres?
Quant à prétendre que la Russie serait une menace, il serait temps de s’intéresser à ce sondage lancé par les Etats-Unis eux-mêmes dans 65 pays du monde et auprès de 64.000 personnes.
Le résultat est sans appel.
Et vu ses commanditaires, il sera bien difficile de dire qu’il aurait été falsifié par le Kremlin…
http://www.lepoint.fr/insolite/le-pays-qui-menace-le-plus-la-paix-est-les-etats-unis-24-03-2015-1915284_48.php
On a tout lu, tout entendu, tout vu ou sans doute pas.
L’essentiel est qu’on nous l’ait fait croire.
Car ce qui devait arriver semble bel et bien arrivé, la Grèce restera dans l’Union Européenne.
Avoir rendu le monde témoin, des semaines durant, de prises de têtes médiactico-lobbyistes, est-ce cela, la transparence de l’information?
Les avoir complétées d’interviews au sein de la population grecque, est-ce cela, la démocratie?
Le fait est que ce qui a été communiqué ce 13 juillet comme issue à la crise grecque ne libérera, au mieux, qu’un espace médiatique.
Et encore, rien ne l’assure.
A Delphes, la Pythie livrerait-elle déjà quelques bribes de réponses?
A suivre…
On apprend par le magazine Forbes relayé par nombre de médias dont Le Monde que les milliardaires les plus riches de notre planète sont tous Occidentaux.
On comprend le besoin de tant de médias de sans cesse stigmatiser les oligarques russes dont le premier apparaît au 60e rang des plus grandes fortunes.
A Genève, au nom de la laïcité, décision a été prise par le Département de l’Instruction Publique de Genève d’interdire la participation active d’élèves à L’arche de Noé, de Benjamin Britten.
J’avais cité ici-même,
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2013/12/10/temp-8e351f3b052d51a2ccb910c274c71e3e-250748.html
les propos de la Conseillère d’Etat en charge dudit département alors que se posait la question de la laïcité tandis qu’elle prêtait serment dans un lieu de culte protestant.
Selon elle, il y avait d’autres choses plus importantes pour lesquelles se battre.
Tel est l’avis d’Henri Proglio.
Tel ne paraît toutefois pas être celui du Ministre français de l’Economie et des Finances, ci-dessus en photo.
A lire les explications données par l’ ancien patron d’EDF, il semble bien que ses relations avec la Russie lui aient coûté un poste qu’il n’avait pourtant pas même sollicité mais pour lequel on était venu le chercher.
Tandis qu’il devait être nommé président du conseil d’administration du groupe d’électronique et de défense THALES, il vient d’annoncer qu’il renonce à cette nomination.
Aux questions d’un journaliste du grand quotidien français Le Monde, ses réponses sont sans ambages.
A les lire, on découvre comment le pouvoir des uns et l’influence des autres est mise à contribution.
Toujours si prompts à stigmatiser les régimes de pays considérés comme plus proches de dictatures que de véritables démocraties, certains y trouveront ici de quoi méditer:
http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/12/henri-proglio-bercy-fonctionne-comme-un-hedge-fund_4631688_3234.html?xtmc=thales&xtcr=2
Le président français vient de conclure un accord officiel avec le Qatar sur la vente de vingt-quatre avions Rafale.*
Il est vrai que le Qatar, contrairement à la Russie pour laquelle la France a suspendu la vente de Mistral, est un pays bien plus fréquentable.
Aucune guerre n’entache la réputation qatari, on le sait.
Aucun soutien non plus à de quelconques mouvances terroristes ne discrédite le réputation de l’Emirat, qui en douterait?
Quant au sort des homosexuels, n’en parlons pas, tant il est nettement plus enviable que celui que lui réserve la Russie.
Au Qatar, les homosexuels risquent juste la peine de mort.
Mais il est bien plus acceptable de de signer avec le Qatar qu’avec la Russie.
La France, grande défenderesse des droits humains, c’est maintenant.
* http://www.francetvinfo.fr/economie/aeronautique/rafale/comment-la-france-a-reussi-a-vendre-ses-rafale-au-qatar_894051.html