Il aura suffi d’un documentaire consacré à Vladimir Poutine pour mettre autant de personnalités de tous horizons à cran au point de sortir l’artillerie lourde. On ne compte, en effet, plus le nombre d’articles qui dénoncent, ici, des soupçons d’assassinats, là, le système Poutine, à l’instar de la célèbre écrivain biélorusse nobélisée en 2015.
Quand, comme elle et en son temps, on a su porter au pinacle le fondateur de la Tcheka devenu KGB et désormais FSB, ne serait-on pas bien inspiré de s’interroger sur soi-même plutôt que de pourfendre un homme dont tant d’experts se plaisent à rappeler le passé kagébiste?
Que l’on tourne à ce point sa veste comme s’y emploie Svetlana Alexievtich la regarde. Mais dans ce cas, qu’elle nous explique le chemin qu’elle a parcouru pour arriver à une telle prise de conscience qu’elle lui permette, désormais, de s’afficher en défenderesse de droits humains dont Félix Dzerzhinski n’a pas vraiment fait grand cas…
Que ressent-elle à se relire lui adresser un tel éloge? Est-elle allée se recueillir comme elle l’annonçait, sur la tombe de cet homme dont le charisme ne doit sans doute pas avoir été vécu de la même manière par tous?
A poursuivre ainsi la diabolisation du président russe au nom de valeurs soi-disant humanistes, c’est l’humanité elle-même qui est mise en danger par autant de personnalités si bien inspirées qu’elle ne sont que de sinistres et fourbes va-t-en guerre.
Histoire
Une journée particulière est le titre français d’un film d’Ettore Scola. Il est aussi celui d’un ouvrage d’Anne-Dauphine Julliand.
Dans le premier, il est question de la rencontre de deux êtres le jour de la visite rendue par Adolph Hitler à Benito Mussolini à Rome, le 8 mai 1938.
Dans le second, il est fait référence au 29 février, jour de naissance d’une enfant atteinte de maladie génétique orpheline de laquelle elle succombera moins de quatre ans plus tard.
Un même titre pour deux histoires qui n’ont donc rien à voir l’une avec l’autre.
Dans le film d’Ettore Scola, c’est la condition des homosexuels et des femmes sous le fascisme que l’on découvre quand dans le livre d’Anne-Dauphine Julliand, c’est le cours irréversible de la maladie qui fauche la vie de sa fille.
Aussi, ces deux histoires, racontées dans une référence temporelle bien définie, la débordent-elles de toutes parts.
Un même titre pour dire la fatalité, un même titre pour masquer l’ampleur de sa perception.
Quand soudain surgit l’odeur du tilleul, c’est l’été qui s’annonce.
L’air embaume et saisit.
En dépit de tout, chaque année, se renouvelle le plaisir de telles senteurs.
S’en réjouir ne va pas changer l’ordre du monde.
Et pourtant…
A lire cet article, on découvre une symbolique et une histoire qui sont loin d’être sans intérêt.
Et comme il y est question, outre de Zeus-Jupiter, de Wolfram von Eschenbach, auteur du poème Parsifal, sans doute écrit sous un tilleul, voici le prologue de l’opéra qu’il a inspiré à Richard Wagner.
« La Fille du capitaine est autre chose qu’un simple récit sur un épisode historique lointain » , écrit Michel Aucouturier dans sa préface à l’édition FOLIO de ce roman d’Alexandre Pouchkine.
Et de poursuivre, qu’il s’agit là d’une oeuvre inspirée, dont le véritable sujet est la Russie des profondeurs et son mystère fascinant, ce Sphynx russe qu’évoquera, dans la tempête de neige de la Révolution, un autre poète, Alexandre Blok.
De ce Sphynx, il a été question ici-même.
Sans renier le moins du monde la culture qui me fonde et encore moins mes origines, dire combien la Russie, son Histoire, tourmentée, heurtée, sa culture, ne cessent de m’habiter, c’est ce que je partage ici, d’aucuns l’ont bien compris.
Parce que la Russie dont on écrit tant sur son Président, l’a précédé et lui survivra. Et c’est elle dont j’ai étudié la langue, l’Histoire et la culture.
Aussi, chaque année, célèbre-t-on la mémoire de celui qui est considéré comme l’un des, sinon le plus grand des poètes, Alexandre Pouchkine.
A cet égard, de nombreux événements sont organisés. Et c’est dans ce sens qu’il m’a été demandé de lire un extrait d’une de ses oeuvres.
C’est de La Fille du capitaine que j’ai sélectionné un passage du chapitre IV, intitulé « Le Duel ».
Voici qui devrait mobiliser autant d’humanistes que de défenseurs de droits humains et autres féministes mais il semble bien que l’information n’intéresse que peu le monde francophone, du moins.
C’est le Mail Online qui évoque le cas de cette jeune femme de 19 ans.
Cela se passe au Pakistan.
Pour avoir dénoncé le viol dont elle a été victime sous la menace, elle a été condamnée à mort par lapidation.
Aucune action, aucune mobilisation, rien donc, ne peut être envisagé en faveur d’un tel sort?
Combien d’autres femmes comme elle devront-elles encore subir des jugements aussi iniques?
Combien d’autres, comme elles, seront les proies de tribus qui règlent à leur manière le sens de la vie et de la mort?
Nos démocraties si promptes à s’élever pour la défense de droits bafoués ici ou là, nos médias, si pressés de relayer les maltraitances infligées à telle ou telle minorité, ont-ils donc perdu la parole?
Sont-ils en panne d’inspiration?
Un silence aussi assourdissant face à la cruauté de tels comportements, comment l’interpréter?
capture d’écran Youtube
La rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, ce 29 mai dernier à Versailles, a suscité nombre de réactions et de commentaires.*
Au-delà du sujet monté en épingle, relatif aux journalistes de Russia Today et de Sputnik disqualifiés par le président français, d’autres problématiques ont été passées au crible d’autant d’esprits critiques.
Mais à les lire ou les écouter livrer leur point de vue, il en ressort un immense flou, tant ce qui s’est passé entre les deux présidents russe et français ne peut encore présager d’aucune suite.
Car s’il est vrai que la venue de Vladimir Poutine en France a constitué un temps fort de la politique et de la diplomatie, elle n’en demeure pas moins non plus envisagée comme possible opération de communication d’Emmanuel Macron.
Si tel devait être le cas, cela se vérifiera dans les mois à venir. Sinon, l’événement restera comme moment fort et réussi du quinquennat qui s’ouvre.
Pour l’heure, toutefois et à défaut d’actions concrètes conséquentes aux échanges qui se sont tenus entre les présidents français et russe, c’est à leurs seuls discours que nous en sommes réduits.
* Public Senat C dans l’air Russie politics TV Libertés
La France, apprend-on, aurait choisi d’accueillir un réfugié homosexuel tchétchène le jour où le Président russe était convié par son homologue français à Versailles.
Coïncidence voulue ou non, le fait n’a pas manqué d’être signalé dans les médias, pas moins non plus, d’être discuté par les deux chefs d’Etat.
Par ce geste, la France, exprime des valeurs qui lui sont chères et qui touchent aux droits humains dont elle se veut digne représentante.
Dans ce cas et forte de son Histoire qu’Emmanuel Macron n’a pas manqué d’évoquer lors de la conférence de presse qu’il a tenue avec Vladimir Poutine, se montrer réceptif à d’autres martyres endurés depuis des années et des années par les chrétiens d’Orient aurait-il aussi suscité un tel empressement?
Quand on sait qu’en juin 2015, la RATP et son agence de publicité METROBUS avaient fait supprimer de l’affiche d’un concert, la mention qu’il était donné en faveur des chrétiens d’Orient et qu’il a fallu aller en justice pour contester cet acte de censure, on a de quo rester perplexe sur ce qui vaut d’être soutenu sinon accueilli et pas au pays des droits humains.
Dans le précédent sujet de ce blog, le sort terrifiant de chrétiennes d’Orient a été évoqué. Un ouvrage a aussi été cité en référence, celui de Frédéric Pons.
Dans un entretien, le journaliste s’exprime sur un calvaire qui ne semble guère émouvoir cette France, fille aînée de l’Eglise selon la formule consacrée et autrefois protectrice des chrétiens d’Orient.
Colombey-les-deux-Eglises, la tombe du Général de Gaulle outragée, sa croix brisée
Toute tombe vandalisée est une offense.
Et quand il s’agit de celle d’une personnalité dont tant de Françaises et de Français revendiquent l’héritage, le message qui leur est adressé est d’autant plus ciblé.
Ce samedi 27 mai, la tombe du Général de Gaulle a été profanée. La croix qui surplombait la pierre tombale a été brisée.
A l’évidence, le symbole est choisi, le geste tout autant.
Au-delà des déclarations qui condamneront cet acte qu’on qualifiera de toutes sortes de manières, que se passera-t-il?
Durant la campagne présidentielle qui a porté au pouvoir Emmanuel Macron, le nom du Général de Gaulle a été évoqué un nombre incalculable de fois.
Tout aussi nombreuses ont été les visites au cimetière où il ne repose plus en paix.
La moralisation de la vie politique à laquelle aspire le nouveau Président de la République aurait eu de quoi s’étendre à la vie civile!
Mais cela n’a sans doute pas dû sembler prioritaire aux yeux du nouvel élu. Dans ce cas, la France a encore de sombres jours devant elle.
En cette veille de la passation de pouvoir entre François Hollande et Emmanuel Macron, un tour d’horizon de ce qui se publie sur les sites des médias officiels et sur les réseaux sociaux indique la tendance.
Nombre de polémiques plus ou moins vite éteintes -selon les arrangements qui auront été possibles ou le seront- se le disputent avec montées au créneau en faveur de celle qui, dès demain, deviendra l’officielle Première Dame de France tandis que son statut est passé au crible.
Articles, documents, interviews lui sont consacrés, plus ou moins complaisants selon les sources citées sans omettre les fakes non plus tandis que la France devrait être gouvernée, a priori, par le Président élu.
Après avoir bénéficié du soutien d’autant de médias, après avoir bénéficié d’une rivale au second tour de la présidentielle facile à abattre dès lors que le plus redoutable concurrent avait été fauché en plein vol par des tirs en rafale, Emmanuel Macron devra continuer d’assumer, pour reprendre un terme fréquent dans ses interviews.
Alors de son couple, de sa femme, de sa grande famille ou pas, la France qui vit sous le seuil de pauvreté, la France qui chôme, la France qui souffre, en a-t-elle vraiment le souci?
Nombre de reportages ont été tournés qui ont montré ce qu’endurent tant de citoyennes et de citoyens de l’Hexagone. On ose espérer que le Président s’en rappellera et ne représentera pas que ses seuls puissants soutiens.
Parce que cette France à la peine a une histoire et que cette histoire plonge ses racines dans celle du pays que ce jeune Président ne peut négliger.
Puisse-t-il l’honorer, puissent les médias qui ont si bien su accompagner sa marche vers le pouvoir s’en rappeler tout autant.
Alors la France sera une vraie démocratie et non son simulacre.
Une affaire avait fait grand bruit en son temps, elle avait inspiré un film.
Sorti en 1971, il avait été signé par André Cayatte et affichait, dans le rôle principal, Annie Girardot.
Mourir d’aimer s’était inspiré d’une histoire vraie, celle d’une professeur et de son élève. Entre eux deux s’était nouée une relation d’amour, elle, était âgée de 32 ans, lui, de 17.
La suite, on s’en rappelle, avait été tragique. Condamnée à douze mois de prison et cinq cents francs d’amende pour détournement de mineur, Gabrielle Russier aurait pu être amnistiée mais le Parquet avait fait appel.
Lors de la parution d’un ouvrage de souvenirs consacrés à cette affaire, le journal Le Monde y revenait dans un article, le 17 juillet 2006.
La France, qui vient d’élire son Président, sait aussi où et comment il a connu son épouse. L’histoire a été amplement racontée et, contrairement à celle qui a valu à Gabrielle Russier prison et suicide, celle d’Emmanuel et de Brigitte Macron a été perçue comme romantique et plus encore.
Dans une interview, un psychiatre italien estime que si l’idylle entre Brigitte encore Auzière à l’époque et Emmanuel Macron avait eu lieu en milieu ouvrier, elle aurait eu d’autres conséquences, plus proches de celles qui ont frappé la prof et son élève à Marseille, il y aura bientôt quarante ans.
On ne peut que se réjouir pour le nouveau couple présidentiel qu’il ait échappé à pareille justice. On ne peut, néanmoins pas oublier comment Georges Pompidou avait commenté la fin tragique de ce qui s’est appelé l’affaire Russier.