Quand j’évoquais l’exaspération plus que palpable au sein de nos sociétés dans un précédent sujet de ce blog, ce n’était pas au hasard.
De plus en plus de réactions se manifestent tandis que tant de déséquilibrés seraient interpellés après avoir fauché la vie de telle ou telle passante ou de tel client de restaurant.
Un phénomène de mimétisme a été évoqué pour justifier le même mode opératoire assassin. Cependant, pour d’aucuns, les auteurs de tels crimes en portent la pleine responsabilité.
De fait, considérer ces personnes comme malades mentales est remis en cause par ce psychologue et criminologue interviewé sur RTL.
Il livre son interprétation qui ne manque pas d’intérêt et qui est à écouter ici.
Il restera, cependant, toujours autant de personnes convaincues que mourir au hasard d’un trottoir, d’une terrasse, d’un marché ou d’un abri-bus ne les fera pas céder à la peur.
Et puis, ne l’oublions pas, ces morts ont encore de la chance car d’autres se perdent en pleine mer à jamais. Oui, n’oublions pas que la comparaison a été faite et plusieurs fois rappelée ici.
Autant dire qu’avec pareils raisonnements, nos déséquilibrés ont, eux non plus, pas de quoi avoir peur.
Avaries
A l’évidence, l’idéologie qui s’exprime à travers les considérations émises par l’élue suisse sur tels et tels morts, semblent partagée par nombre de personnes qui, comme elles, estiment qu’être frappé par un acte terroriste vaut une sépulture qu’autant de victimes parties à la conquête coûteuse et risquée de l’Europe n’auront jamais.
Etablir pareille comparaison morbide exige qu’on y revienne une fois encore tant la vision du monde à peine masquée que cachent ces déclarations d’Ada Marra, pour la nommer car d’aucuns s’interrogent sur l’identité de cette élue, dénote l’absence de tout humanisme.
Car enfin, depuis quand déciderait-on de se trouver en un lieu où, soudain, sévit la terreur?
Qui aurait sollicité un ou plusieurs terroristes pour se faire assassiner à tel ou tel endroit?
Lequel de tant de ces piétons ou hôtes de terrasses aurait-il rêvé d’avenir meilleur sous les coups de terroristes?
Publier, comme s’y est attachée la Conseillère Nationale Ada Marra, un rappel à peine orienté du sort de migrants tandis qu’autant de familles et de proches pleurent les leurs outrage et insulte.
A parcourir les réseaux sociaux en ce lendemain d’attentat à Barcelone, on trouve un peu de tout.
De la colère, de la fureur, parfois, des appels à la vengeance, bref, autant de réactions sont souvent vives et qui semblent plus déterminées que lors des précédents attentats.
Un seuil de tolérance -si elle a existé jusqu’alors- aurait-il été atteint, cela pourrait être le cas.
Et pourtant, quel poids ont autant de publications sur Facebook, Twitter ou autres Printerest, même accompagnées de milliers de j’aime et d’autant de partages?
Quand on sait comment les intérêts de puissants oeuvrent et utilisent tout ce qui est en leur pouvoir pour s’imposer, autant dire que les like par milliers n’y changent pas grand chose.
Sauf que, l’impatience de nombre d’internautes est palpable.
Et si les appels à prendre les armes qu’on découvre devaient se multiplier face à l’inertie de la classe politique de plus en plus mal perçue, nos sociétés ont de quoi s’inquiéter.
Voici, à titre comparatif, ce qui s’écrit ici ou là:
Il semble que la grande défenderesse des droits humains qu’est l’Arabie saoudite ne lésine pas sur les moyens pour rappeler à l’ordre ses dissidents.
Voici que quelques princes rebelles auraient été rapatriés sans autre procédé. Genève mais de manière plus générale, la justice suisse seraient épinglées par un documentaire qui a été diffusé sur la BBC.
C’est ce que révèle cet article paru dans La Tribune de Genève.
Amnesty International, jamais en reste pour signaler autant de mauvais traitements réservés à tel ou tel citoyen de pays dont il est rappelé comment ils sont gouvernés sinon tenus de main de fer, va-t-elle se mobiliser et dénoncer cette situation?
On le lui souhaite, ne serait-ce que pour honorer la dignité humaine dont elle semble souvent vouloir se réclamer du respect!
Sinon, peut-être qu’autant de collectifs et autres associations toujours sur la brèche pour dénoncer tel ou tel abus commis dans autant de pays présidés par des dictateurs se mobiliseront-ils pour appeler la justice à faire son travail?
Il n’est pas interdit de rêver…
Il n’en manque pas une, L’OBS!
Et hop, encore un article pour cibler telle ou telle personnalité du monde de la culture qui ose ne pas rejoindre la cohorte des esprits avisés.
Jusque là, on pouvait en sourire sinon en rire, compatir, aussi, pour autant de parti pris affiché jusqu’à l’aveuglement voire à la désinformation qualifiée.
Mais là?
Ce même journaliste qui se fendait déjà d’une charge contre France3 qui avait osé diffuser le documentaire consacré à Vladimir Poutine, récidive.
Le voici qui se lance dans une nouvelle diatribe, cette fois dirigée contre un éminent chef d’orchestre russe qui a eu le malheur ou l’honneur, on s’y perd, de diriger le concert qui a été donné le 14 juillet au soir à Paris.
Ca commence à virer au tragi-comique, cette question russe.
Entre celles et ceux qui s’emmêlent dans leurs projections et leur perception du Président français et les autres, décidément, la France et son opinion a de quoi se divertir ou s’inquiéter, à choix.
Le chef se rebiffe.
Emmanuel Macron, chef des Armées et de l’Etat ou l’inverse aurait, selon HuffPost, procédé à un recadrage des militaires.
Soit.
Mais le ton et la manière ont de quoi faire réagir aussi.
Entre un précédent Président qualifié de capitaine de pédalo et celui qui, dès le début de son mandat, a tenu à affirmer sa suprématie sur les Armées et le reste, la France a voté.
L’avenir dira la résistance d’Emmanuel Macron face aux critiques. Car le livre d’images ne suffit pas.
Recevoir les Présidents russe et américain, c’est bien, les sourires et les accolades tout autant, c’est faire montre d’ouverture au monde tel qu’il est. On a assez évoqué le pragmatisme des uns et des autres pour avoir saisi le message.
Mais l’autoritarisme affiché par le Chef de l’Etat français et de ses Armées ne semble pas vraiment être du goût de tous.
Certains journalistes du PAF ont déjà eu l’occasion de découvrir la méthode en marche, on attend les prochains secteurs de la vie publique à être remis au pas.
Comment se situer dans un contexte mondial qui n’a pas vraiment de quoi rassurer, la question ne se pose pas pour toutes et tous.
Tout cela peut paraître normal, au regard de la diversité de la nature humaine. Certes mais au-delà de tels constats, matière à réflexion il y a.
Car sans verser dans le catastrophisme, certains signes ne trompent pas qui sont relevés par tel ou tel observateur. Voici, en l’occurrence, le regard que porte le Général Jean-Bernard Pinatel sur l’hypothèse d’une troisième guerre mondiale.
Comme évoquée sur le précédent sujet de ce blog, la désinformation à la faveur de laquelle, on ne s’en rappelle que trop bien, la guerre en Irak a pu être menée, est relevée par le Général de brigade français.
Etre conscient de ce fait est une chose mais quand on sait comment celles et ceux qui tentent de dénoncer des abus sont aimablement priés de se taire, au mieux, discrédités, on a de quoi rester perplexe et c’est peu dire.
A Versailles, ce 3 juillet, le Président français a tenu un discours de plus d’une heure et s’est à plusieurs reprises référé à l’amour partagé de la France.
Puisse ce sentiment invoqué unir non pas contre un ennemi façonné selon certains arrangements ou autres intérêts mais bel et bien au nom du respect des peuples et de leur souveraineté!
Tandis que le Président de la République française vient de s’exprimer à Versailles et annoncer, entre autre, qu’il y reviendrait tous les ans devant le Congrès, ne pas perdre de vue ce qui se passe en Syrie importe.
Car c’était une évidence à prévoir alors que le même Président recevait, dans ce même Versailles, son homologue russe et que tous deux avaient discuté de l’avenir de ce pays mutilé par tant d’années de guerre.
Sous l’apparente ouverture quant au maintien au pouvoir du Président Bachar el-Assad, demeurait, en veille, l’avertissement selon lequel, en cas de recours à l’arme chimique, la France riposterait.
Or voici qu’on apprend ce qui se trame peu avant la tenue de prochaines négociations sur la Syrie qui auront lieu les 4 et 5 juillet à Astana.
Tenir des discours où les jugements n’épargnent pas les gouvernements et les présidences qui ont précédé l’avènement de la France mise en marche sinon au pas et rappeler à la souveraineté des peuples ne doit pas en concerner que quelques uns bien choisis.
Quant à la dignité, souvent rappelée aussi par Emmanuel Macron devant le Congrès, il serait bon qu’il ne la bafoue pas lui-même par trop de postures.
Aussi, sur la Syrie, pour ne parler que d’elle, puisse-t-il ne pas se laisser abuser par autant d’actes susceptibles de se commettre sous de faux drapeaux.
C’est là tout ce que nous souhaitons pour la France qu’il préside mais aussi sinon surtout pour la Syrie déjà bien trop meurtrie.
Alors que les tensions entre la Russie et l’Occident ne semblent, à l’évidence, pas s’atténuer, il paraît de plus en plus complexe de défendre une position qui évite les écueils de l’excès.
A voir comment, -pour ne parler que des Occidentaux- nombre d’entre eux prennent parti sans forcément maîtriser toutes les données d’une situation extrêmement complexe, force est de constater que les quelques personnalités de pointe qui osent un discours mesuré ne sont que rarement mises en avant.
Je songe, par exemple, à Hubert Védrine et à sa remarquable intervention dans le cadre du débat qui a suivi la diffusion, par France3, des deux premières parties du documentaire consacré par Oliver Stone à Vladimir Poutine.
La pondération de l’Ancien Ministre français des Affaires Etrangères, déjà manifeste dans le cadre de débats consacrés à la guerre en Ukraine, la pondération donc de cette éminente personnalité politique serait plus que bienvenue à retrouver le plus souvent possible.
Au lieu de quoi, à continuer de devoir subir les envolées de russophobes patentés, en général (auto)qualifiés d’experts et spécialistes de la Russie, on risque bien d’exciter davantage encore une animosité regrettable envers ce pays.
Si, comme cela semble se dire, la France d’Emmanuel Macron veut se positionner en arbitre des relations entre l’Occident et la Russie, souhaitons-lui de s’ouvrir à d’autres points de vue qu’à ceux qui n’ont de cesse de la diaboliser.
Car à continuer à la traiter comme s’y emploient tant d’irresponsables, c’est le Scythe qui risque bien de se réveiller, comme le rappelle le poète déjà souvent cité ici.
Bien conscient qu’il avait pris en otage celles et ceux qui l’avaient élu sur son célèbre discours du Bourget dans lequel il avait désigné qui était son adversaire, le monde de la finance pour qui l’aurait oublié, conscient donc qu’il n’avait, en définitive, qu’usurpé la confiance de son électorat pour briguer l’Elysée, une fois sa trahison découverte, le président qu’il était devenu ignorait peut-être la descente aux enfers qui l’attendait.
Car avec l’entrée d’Emmanuel Macron au gouvernement, le piège se tendait peu à peu, qui risquait de se refermer sur François Hollande.
Alors, se prêter à l’exercice de la confidence auprès de journalistes qui en ont rendu compte dans un ouvrage qui a tant fait parler de lui, comment le comprendre sinon comme le fait d’une personne qui n’aurait plus rien à perdre?
Avec un peu de recul, on peut se demander si cet homme n’a tout simplement pas oeuvré à sa seule victoire pour parvenir à l’Elysée et à la destruction de son propre parti sinon bien davantage encore.
Les conséquences de cette attitude, la France n’a pas encore fini de les subir…