Dans la légende du « Grand Inquisiteur » -célèbre chapitre du non moins célèbre roman de Dostoievski, « Les frères Karamazov » – Ivan Karamazov lit à son frère Aliocha un poème qu’il a imaginé.
Celui-ci met en scène le retour du Christ sur Terre au plus fort du temps de l’Inquisition en Espagne.
A l’instar d’Ivan Karamazov, aucun personnage d’aucun roman ne semble avoir imaginé le Tsar Alexandre Ier revenir deux siècles après avoir signé, à Vienne, le traité par lequel il s’est porté garant de la souveraineté de la Suisse.
Dans la légende du « Grand Inquisiteur », l’apparition du Christ est décrite par Ivan Karamazov comme douce et discrète mais précise-t-il « chose étrange, tous le reconnaissent ».
Certes et de manière diverse car ce retour n’est pas du goût de chacun et encore moins de celui de l’Inquisiteur, cela se conçoit.
Aussi bien la réapparition en Suisse du Tsar Alexandre Ier susciterait-elle la controverse quant à l’accueil à lui réserver.
Entre respect,indifférence ou mépris du statut qu’il a accordé à la Suisse, celle-ci lui renverrait-elle l’image d’un pays dont les intérêts ont su -sinon dû- s’accommoder de ceux d’un entourage pressant.
La Suisse résiste à sa manière au courant russophobe qui traverse l’Occident mais non sans mal, il faut le dire.
Pour preuve, les dernières marques d’estime que la Suisse a portées envers la Russie par l’annulation de rencontres prévues dans le cadre du bicentenaire de leurs relations diplomatiques.
Ivan Karamazov n’a, pour l’heure, inspiré aucun personnage romanesque susceptible de rappeler sur Terre Alexandre Ier.
Bien lui en prenne et qu’hommage soit rendu, ici, à ce Tsar qui a pris en considération la Suisse et a su lui donner sa place en Europe.