Voici un jeune promu à intégrer un système qui propulse l’ingénieur qu’il est devenu vers des sphères qu’il hésite sinon se refuse à rejoindre.
Lors de la remise des diplômes de son Ecole, il a tenu un discours et cité Albert Camus:
Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas.
Quel avenir est susceptible d’avoir cette prise de position sinon de créer ce qui s’appelle un buzz? Car au-delà de la diffusion de ses propos, ce jeune tout fraîchement diplômé envisage sans doute mieux.
ll a cité Camus, il a compris le message, comme on dit. Mais il affiche, néanmoins, une certaine volonté de le contourner et c’est à saluer tant sombrer dans le défaitisme n’apporte rien à quiconque.
Certes, la force de surmonter tous les chausse-trappes qui risquent de se mettre en travers d’un parcours non conforme ne se commande pas. On en est doté ou pas.
Qu’elle accompagne ce jeune ingénieur et toutes celles et ceux qui se joindront à lui, tel est le voeu qu’on a envie de formuler à l’heure où l’année en cours cède peu à peu le pas à la suivante.
camus
Souvent, je me suis demandé comment, face à une souffrance, agissait l’empathie.
Il y a de très fortes chances qu’une fois ou l’autre, chacune et chacun d’entre nous ait été confronté à un mal vécu de l’intérieur ou partagé de l’extérieur s’il a touché un tiers.
De fait, chacune et chacun de nous aura sans doute connu l’empathie pour en avoir été gratifié ou l’avoir prodiguée.
Pourquoi évoquer, ici, cette problématique?
Parce que, nombre de sujets sensibles ont été traités sur ce blog et que, sauf à mener d’action dite engagée, celle qui se limite à commenter relève de l’opinion qualifiée de publique.
Savoir quelle influence celle-ci est en mesure d’exercer face à un pouvoir qui dispose de moyens pour l’ignorer, laisse à penser qu’elle n’a de droit que d’exister.
Doit-on, pour autant, plonger dans le pessimisme et se détourner de situations face auxquelles se mobilisent nos sensibilités?
Telle apparaît la question à se poser au vu du crédit limité -quand il ne rejoint pas le mépris- apporté à celle ou à celui qui use de son droit d’expression face à une situation qui lui paraît devoir mobiliser l’attention.
Que ledit droit d’expression soit d’ordre légal, son destin semble, parfois, tracé d’avance.
Dans ce cas, lutter en faveur de causes qui exigent qu’on y revienne sans cesse alors que tout se met en place pour les rendre d’autant plus indéfendables, peut s’apparenter à la tâche qui fut imposée à Sisyphe.
Albert Camus a proposé de l’imaginer heureux.
C’est là une attitude philosophique. Qu’on y souscrive ou pas, elle est une manière de résister et confirme, par là-même, sa force qui transcende l’arbitraire.
Et voici qu’après Dominique de Villepin, François Hollande lui aussi, évoque Sisyphe.
Au Salon du livre, c’est sa persévérance qu’il met en avant pour se comparer au héros.
S’approprier un mythe pour justifier de difficultés d’une candidature à la présidentielle, c’est convoquer la littérature et en détourner la portée.
C’est aussi se démarquer – sinon rejeter- tant d’êtres privés d’accès à la culture par le labeur de vies quotidiennes bien plus proches de celle d’un Sisyphe sur sa montagne que de celles de candidats soi-disant à la peine.
La misère d’une campagne c’est quand Narcisse, éperdu et perdu, se prend pour Sisyphe.
http://www.lemonde.fr/election-presidentielle-2012/article/2012/03/18/au-salon-du-livre-hollande-se-compare-a-sisyphe_1671643_1471069.html
L’absurde selon Le Point.fr
Je m’interrogeais ici-même le 7 août dernier,
http://billets.blog.tdg.ch/archive/2011/08/07/surf.html, voici de quoi y réfléchir de manière plus développée: http://www.lepoint.fr/culture/qui-veut-la-peau-d-albert-camus-09-08-2011-1361184_3.php?xtor=EPR-6-[Newsletter-Quotidienne]-20110810
Au fil de l’actualité, vous découvrez Brigitte Bardot dévastée par la mort d’Henri Tissot,
http://www.stars-actu.fr/2011/08/07/brigitte-bardot-devas… puis en un clic de lien relatif à cet homme, vous apprenez qu’Albert Camus aurait été assassiné par le KGB.
http://www.actualitte.com/actualite/27447-albert-camus-as…
Etonnante connexion, sinon proche de l’absurde, du moins de l’aléatoire qui l’interroge.