En ce 25 décembre, tandis que certains célèbrent encore la naissance du Christ, fixée ce jour par le Pape Libère en 354, d’autres n’y songent pas ou plus.
Des religions et des pratiques qu’elles induisent, on débat quand on ne s’y attaque pas de manière frontale.
Il n’en demeure pas moins vrai qu’elles sont le fait de milliards d’individus.
Partagé ou non, le besoin de projeter une présence divine est une constante de l’humanité.
D’aucuns évoquent la force de la prière.
Aussi irrationnelle soit-elle, elle soutient nombre de fidèles.
La leur contester ou la respecter est un choix.
Intellectuel ou affectif, il engage.
Christianisme
Le 24 septembre dernier, Vladimir Poutine inaugurait la plus grande mosquée d’Europe.
A Moscou, le président russe était aux côtés de ses homologues turc et kazakh ainsi que de Mahmoud Abbas et du grand mufti de Russie.
Cet événement, largement médiatisé, a sans doute dû échapper à la vigilance de Svetlana Alexievitch, lauréate du prix Nobel de littérature 2015 qui décrète, dans La Vanguardia, que le président russe créerait, en Russie, un califat orthodoxe.
Un Nobel est une référence. Discutée, certes mais qui fait autorité.
Dans son interview à La Vanguardia, l’écrivain biélorusse évoque la dimension politique de son prix. Elle a raison car elle est bel et bien présente.
Quelles que soient les opinions que défend Madame Alexievitch, rien ne lui interdit de s’informer avant de s’exprimer.
En l’occurrence, Madame Alexievitch a manqué une nouvelle occasion de se taire. Et ce ne sont pas les commentaires déposés sous l’article ci-dessous qui le contrediront.
Il faut le lire pour y croire et pourtant, c’est bel et bien vrai.
Voici un Choeur invité à donner un concert à Strasbourg, qui s’est vu refuser l’obtention de visas pour la France alors que ses membres étaient venus de Damas pour déposer leur dossier à l’Ambassade de France de Beyrouth.
http://m.culturebox.francetvinfo.fr/musique/musique-classique/visas-refuses-une-chorale-chretienne-syrienne-privee-de-festival-a-strasbourg-227407#xtref=https://www.google.fr/
Le christianisme, religion de ces choristes, serait-il soudain devenu subversif?
Certes, ils sont orthodoxes et proviennent d’un pays gouverné par un homme dont l’Occident ne cesse de viser la chute du régime sinon davantage encore.
Alors les portes de cette Europe des droits humains s’ouvrent grandes -quoique- pour accueillir les centaines de milliers de victimes de ce Président pourtant légitimement élu.
Difficile, dans ce cas, de recevoir des choristes venus de Damas…
Premier à fustiger la liberté d’expression de certains pays et la méfiance que lesdits pays observeraient à l’égard d’organisations qu’ils qualifieraient de douteuses, l’Occident, ici, a de quoi être fier.
Pays d’autant de Charlie, la France des droits humaines signe là son manifeste le plus parfait.
L’émotion sélective et la culpabilisation font bon ménage, en ce moment.
Il suffit, pour cela, de découvrir comment sont traitées les personnes qui osent dénoncer l’usage sinon l’abus fait de la photo d’un enfant et de sa mort pour s’en convaincre.
Cela se passe à côté de chez nous, entend-on dire de responsables politiques.
Et la guerre qui a encore lieu en Ukraine et qui ajoute les enfants morts aux morts quand elle ne les jette pas sur les routes de l’exil, combien s’en émeuvent et brandissent de photos pour alerter l’opinion sinon pour viser encore et encore la Russie?
Cela se passe à côté de chez nous, entonnent à l’unisson toutes celles et ceux qui se font l’écho de nobles pensées.
Et à Paris, l’affichage censuré d’un concert en soutien aux Chrétiens d’Orient décapités, qui s’en est offusqué sinon la CHREDO qui a dû se saisir de la justice pour obtenir gain de cause?
Et ce sont ces mêmes censeurs qui distribuent leurs bons et mauvais points à qui se joint ou non au cortège de suppliques et de soutiens aux victimes de guerres?
Tandis que le monde s’émeut et pleure l’enfant échoué sur une rive turque, lui resterait-il quelques larmes pour ces enfants?
Vivants, certes et par la grâce d’avoir été kidnappés.
Leur avenir ne sera donc pas l’exode meurtrier tel qu’il le fut pour l’enfant retrouvé sur une plage turque.
Ces enfants sont formés à la décapitation.
Cette mort, la France l’a connue sur son sol, le 26 juin dernier.
Cette fin de vie, nombre de Chrétiens d’Orient l’ont déjà subie.
Combien de têtes devront-elles encore tomber avant que Mesdames Merkel, Sommaruga, Calmy-Rey et tant d’autres de leurs collègues si charismatiques ne réagissent?
http://www.i24news.tv/fr/actu/international/moyen-orient/79047-150720-en-syrie-l-etat-islamique-forme-de-jeunes-enfants-kidnappes-a-la-decapitation
Migrants, entre « il faut », « on doit » et le profit à en tirer
La RTS, hier 1er septembre, a consacré pour la deuxième fois son émission Infrarouge à la question des migrants.
Le titre, tout comme celui de l’émission du 23 juin dernier, y est formulé sous forme d’interrogation. Si, en juin, était discuté le fait de se barricader contre les migrants plutôt que de les accueillir, ce 1er septembre, on débat de la honte que serait pour l’Europe, le phénomène de la migration.
http://www.infrarouge.ch/ir/2199-migrants-honte-rsquo-europe
Plusieurs aspects sont abordés, de l’humanitarisme à l’économie et à la religion et quelques efforts de synthèses sont entrepris par les uns et les autres en fin d’émission.
Des comparaisons avec des précédents historiques sont aussi énoncées, discutées sinon nuancées, compte tenu des circonstances diverses sinon complètement autres que celles qui entourent les migrations d’aujourd’hui.
Sur le profit à tirer de cette arrivée de migrants, plusieurs intervenants s’expriment.
On cite le patron des patrons allemands qui y voit une manne tandis que d’autres estiment qu’avec le taux de chômage qui affecte nos sociétés, cette nouvelle main d’oeuvre serait diversement perçue.
Cerise sur le gâteau et comprenne qui pourra, Micheline Calmy-Rey rappelle Genève, où les Protestants sont arrivés en masse, ont apporté la Banque Privée et l’horlogerie et, de fait, ont rendu les Genevois sinon les Suisses et d’autres encore, bien contents de les avoir eus.
Cela dit, l’émission vaut la peine d’être vue.
Entre les relations qu’entretient l’Occident avec certaines parties de monde et celles qu’il ne partage bientôt plus avec la Russie, force est de constater que d’autres enjeux dominent.
Qu’a de commun l’Europe avec, par exemple, les monarchies ou autres émirats du Golf?
Le mariage gay? La libération de la femme? La laïcité?
Alors que l’on ne cesse de dénoncer une Russie homophobe, une Russie où toute atteinte à la liberté d’expression serait étouffée tandis que la propagande y battrait son plein, ce ne sont pas moins de 145 millions d’habitants que l’on réduit à des ahuris incapables de discernement.
Respecter des univers culturels étrangers aux nôtres et blâmer celui d’un pays qui dispose d’un héritage commun avec l’Occident, est-ce cela, le multiculturalisme?
Défendre les droits de minorités et fermer les yeux sur le sort de celles qui sont persécutées dans ces pays amis, est-ce cela, la défense des droits humains?
De qui se moque-t-on?
Ils étaient entassés, pouvant à peine bouger dans la saleté, la puanteur et la vermine, et beaucoup mouraient avant d’atteindre le port.
Il ne s’agit là d’aucun migrant fuyant le régime ou la misère de son pays. Il s’agit de Chrétiens – de Juifs parfois aussi- que leurs maîtres musulmans avaient capturés et ramenaient avec eux: http://library.flawlesslogic.com/slavery_fr.htm
Si l’esclavagisme des Blancs fut maintes fois évoqué, il n’en va pas de même de celui dont ils furent, eux aussi, les victimes.
Trois siècles durant, des centaines de milliers d’Européens furent réduits à l’esclavage.
Pour en savoir d’avantage sur le sujet, la lecture de l’ouvrage du Professeur Robert C. Davis, Christians Slaves, Muslim Masters: White Slavery in te Mediterranean, the Barbary Coast and Italy, 1500-1800, est instructive.
On y apprend, par exemple, comment le prix d’un Chrétien avait chuté alors qu’après une expédition menée par les Algériens dans le Sud de l’Italie, on pouvait troquer un Chrétien pour un oignon.
De ces années sombres de l’Histoire, on a peu témoigné.
Les conditions dans lesquelles étaient détenus les Chrétiens sont bien décrites dans cette video qui évoque aussi les cinq ans de bagne de Miguel de Cervantes:
Le 12 avril 1204, la quatrième croisade, en manque de fonds pour rejoindre l’Egypte et la Palestine pour libérer Jerusalem des Musulmans, se dirige vers Constantinople.
Autant les marchands vénitiens -au service desquels se sont mis les Croisés- que ceux-ci, voient l’occasion de briser la puissance commerciale et religieuse de Byzance.
La rivalité entre Latins et Grecs, entre la Rome catholique et la Byzance orthodoxe -qui fut à l’origine du schisme d’Orient- se concrétise là de la manière la plus sinistre qui soit.
http://www.guillaume-villeneuve-traducteur.fr/spip.php?article49
A chacune et à chacun d’en tirer les conclusions souhaitées. Le fait est que dans la mémoire grecque, ce passage occidental en leurs terres n’a pas été oublié.
Car il a tant affaibli l’empire romain d’Orient qu’il a permis sa chute, en 1453.
La suite, on la connaît, quatre cents ans de domination ottomane et une guerre pour l’indépendance soutenue par les Puissances dont les intérêts ont été évoqués ici:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/07/20/pas-de-testicules-pas-de-cerveau.html
Dire que l’Histoire se répète est, pour certains, un euphémisme. Le fait est que le besoin de puissance ne lésine jamais sur les moyens.
Invitée à parler de Dostoïevski dans le cadre de Journées qui lui sont consacrées chaque année à Saint-Pétersbourg, outre son bref séjour à Genève, j’ai évoqué comment ce qui a été appelé « haut mal » ou « mal sacré » – je veux parler de l’épilepsie- travaille et tisse son oeuvre.
Certains critiques ont mis en relation le déclenchement de l’épilepsie de l’écrivain avec l’assassinat de son père par ses serfs mais d’autres le font remonter à son enfance. Ce serait, en effet, à l’âge de 7 ans que Dostoïevski aurait été frappé par sa première crise.
Il n’est pas difficile d’imaginer la souffrance que ce mal a pu engendrer chez lui, sachant combien la violence de certaines crises peut terrasser et surtout, comment celles-ci peuvent aussi être perçues par l’entourage.
Plusieurs personnages de l’oeuvre de Dostoïevski sont épileptiques, dont le Prince Mychkine et Smerdjakov, fils bâtard de Fiodor Karamazov.
Cela dit, tout distingue ou presque ces deux personnages et c’est là une des raisons qui a motivé mon choix d’en parler.
Si Dostoïevski est mort à Saint-Pétersbourg peu de temps après avoir écrit « Les Frères Karamazov » sous la forme que nous lui connaissons alors qu’il la considérait inachevée, c’est à Genève que Dostoïevski a écrit en grande partie, « L’Idiot ».
Or, de passage à Bâle, l’écrivain s’est rendu au Musée des Beaux Arts où il s’est très longuement attardé devant le Le Christ au tombeau, de Hans Holbein le Jeune et dont la reproduction figure en illustration de ce sujet.
Il n’est pas impossible que la très forte émotion que Dostoïevski a ressentie à la vue de ce tableau ait pu constituer un des éléments déterminants de l’écriture de « L’Idiot ».