Un crash d’avion après l’autre livre son lot d’inhumanité.
Tantôt et sans preuves, on accuse d’emblée, tantôt avec soi-disantes preuves, on énonce hypothèse après hypothèse, aussitôt muées, pour certaines, en thèses.
A la douleur de proches et de familles de victimes, s’ajoute une quête de vérité dont l’issue restera le plus souvent condamnée.
Quand les raisons des uns ne rejoignent plus celles des autres, la raison s’y perd.
Dans ce cas, les voeux deviennent bien vite pieux de vouloir accéder à la « vérité ».
Et pourtant, qui ne la souhaite?
Si des raisons d’Etat doivent dominer, l’avouer serait-ce les trahir?
crash a320
Crash de l’A320,l’information suicidée
Si la thèse du suicide du copilote domine la plupart des médias, elle ne fait pas l’unanimité.
Tous les psychiatres ne partagent, en effet, pas cette approche qui rend Andreas Günther Lübitz responsable de la mort des passagers de l’A320 de la compagnie allemande Germanwings.
Dresser le portrait d’une personnalité au psychisme fragile et s’en emparer pour le rendre responsable d’un crash, même avec le recours au conditionnel d’usage,abuse et outrage autant les familles des victimes que celle du copilote.
Stigmatiser un homme comme s’y emploie bon nombre de ceux qui s’engouffrent dans la version qui se répète en boucle sans le moindre souci de ses incohérences, c’est bafouer l’humanité qui habite toute personne,même prête au suicide.
Sujet publié en page 13 de l’édition papier de « La Tribune de Genève »des 2-3 avril 2015