A suivre cet interview de l’auteur d’un ouvrage sur la désinformation, la question se pose de savoir jusqu’où on peut évoquer un sujet sans prendre parti.
A plusieurs reprises, François-Bernard Huyghe accompagne son propos de petites remarques ou autres gestes et expressions du visage qui témoignent de prises de position:
https://youtu.be/mFj0FXpDoq
Sauf à idéaliser la démarche intellectuelle, rien n’oblige ni n’interdit qu’elle s’ancre dans un terreau éthique, idéologique, économique ou politique quelconque.
Dans ce cas, elle est dite située ou orientée et appelle à être contredite ou contestée.
Cependant, tout se passe comme si nombre d’intellectuels ou autres savants et spécialistes, forts de leur excellence, s’estimaient en droit de porter tel ou tel jugement sur des faits.
A défaut d’avouer d’où il parle, il est attendu d’un expert qu’il respecte une distance pour s’exprimer plutôt que de ponctuer son analyse de considérations d’ordre personnel.
Sans quoi, même à parler de désinformation, il s’expose à faire partie du sujet.
désinformation
Et voici que L’Obs, pas vraiment connu ni reconnu pour la considération qu’il porte au président russe -sinon à la Russie elle-même- voici donc que ce media joue les révélateurs sinon les lanceurs d’alerte.
Alors que nombre de voix s’étaient élevées dès 2013 contre la désinformation caractérisée qui visait la situation en Ukraine, une valeureuse journaliste vient nous apprendre que le gouvernement ukrainien serait composé de néo-nazis.
Sacrée découverte que relaie là cet Obs soudain miraculé de la cécité médiatique occidentale qui a permis l’embrasement de l’Ukraine.
Quelle que soit la raison de pareil revirement, elle est évidemment à saluer. Sauf que plus de 9.000 morts plus tard et un pays exsangue, on aurait pu espérer mieux.
Mais L’Obs intitule sans problème Ne ratez pas: « Ukraine, les masques de la révolution »:
http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20160126.OBS3369/ne-ratez-pas-ukraine-les-masques-de-la-revolution.html