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Destins

Culture, société

Silence éditorial et nausée

Quand j’estimais que l’époque portait, à tous les sens du terme… L’époque et le milieu tout autant!
Quand j’évoquais un règlement de compte, justement au sein de ce milieu littéraire et éditorial parisien sinon germano-pratin!
Quand je soulignais combien de victimes de pratiques pédo-criminelles n’avaient que le silence comme réponse à leur maux!
Avant Vanessa Springora dont le livre atteint des records de vente en France, un autre texte jamais édité mais qui portait sur le même mal avait été écrit.
Et ce texte jamais édité a été, lui aussi, soumis à Grasset.
Accepté par une des ses collaboratrices, il a été refusé par son patron et par ses cadres dirigeants de l’époque.
Or il se trouve que l’auteure de l’ouvrage jamais édité ne s’est jamais remise non plus. Qui va s’en soucier? La justice? Vanessa Springora? Grasset désormais ou une autre maison d’édition?
La vie comme elle va, avec ses unes médiatiques, ses unes littéraires et ses tristes silences.

Culture, Politique, société

Offense à la mère

On entend souvent prôner le développement de la « culture » par l’allocation de fonds destinés à la soutenir.
Définit-on le terme de « culture », rien n’est moins sûr.
Mais on sous-entend sans doute qu’il est inutile de rappeler ce que signifie « culture ». Pourtant, chacune et chacun en aura sa version qui ne sera pas celle de toutes et tous.
Quoi qu’il en soit, on pense, en général, que de s’adonner à la lecture, à la peinture, à la sculpture, la danse, la musique et j’en passe, sera toujours préférable que d’errer ou de sombrer nulle part.
Parce que développer un art à quelque niveau que ce soit, est le plus souvent considéré comme une pratique louable, voire noble.
De là vient le prestige, l’aura même qui entoure les personnes qui ont réussi à s’imposer dans un domaine quelconque de la « culture ».
On le sait, pourtant, et Jean-Paul Sartre l’a écrit, « la culture ne sauve rien ni personne ». Je l’avais rappelé ici-même, il y a un peu plus d’un an.
Et non seulement la culture ne « sauve rien ni personne » mais, poursuit le philosophe, «  elle ne justifie pas. Mais c’est un produit de l’homme: il s’y projette, s’y reconnaît; seul, ce miroir critique lui offre son image. ».
Cette citation extraite de son livre Les Mots, paru en 1964, résonne d’autant mieux quand on sait comment Jean-Paul Sartre et d’autres personnalités du monde des Lettres entre autre, ont soutenu Gabriel Matzneff.
L’écrivain ne s’est jamais caché de ses pratiques perverses dont il fait étalage avec un narcissisme accompli. 
Or dans le même temps,  il a été reconnu pour sa « culture » . Et c’est dans ce sens que la conception que Sartre en donne prend tout son sens.
En ceci qu’elle renvoie une image qui n’a gêné aucune et aucun de celles et ceux qui ont apprécié l’écrivain désormais mis au ban de la société.
Qu’en est-il, aujourd’hui, de ce « miroir » que serait la « culture »?
Serait-il celui qui avait renvoyé des images qui,  en leur temps pas si lointain, avait défrayé la chronique et desquelles on ne parle plus trop?
Images qui montraient comment la fête de la musique était célébrée à l’Elysée?
On entendait des mots peu flatteurs pour les femmes. Qu’en a-t-on dit? qu’ils relevaient de l’art?

Culture, Politique, société

Pédo-criminalité, ce mal international

De la pédo-criminalité qu’entoure un large silence, un autre « consentement » parce que largement pratiquée sans que les responsables de réseaux qui la favorisent ne paraissent inquiétés, s’en souciera-t-on enfin?
Parce que c’est facile de s’en prendre à un écrivain dont, je ne le répéterai jamais assez, je n’ai jamais lu aucun livre. Dont je ne cautionne en rien les pratiques sexuelles mais au sujet duquel je constate qu’il semble tenir lieu de proie idéale.
Car une hypocrisie manifeste entoure cette mise au pilori d’un homme autrefois encensé.
Condamné avant l’heure, si condamnation par la justice il doit y avoir, il se voit lâché par nombre de celles et de ceux qui ne cachaient pas leur soutien voire leur admiration du temps où il était convié à s’exprimer par tant de médias.
Je vous invite à découvrir cette séquence publiée par « Le Parisien ». 
On s’interroge, on se dit que, vraiment, cette jeune fille qu’était Vanessa Springora à l’époque des faits qu’elle relate dans son livre était bien seule.
Que la racine de ses problèmes est à trouver dans le contexte parental et social. Que c’est, à l’évidence, ce qui a permis à son prédateur d’agir. 
La jeune fille était en quête d’affection, en quête d’amour, en quête d’idéal. Elle a cru le trouver en G.M. 
Combien d’enfants, plus jeunes encore que l’auteure de ce livre restent victimes de criminels en liberté et, pour nombre d’entre eux, en col blanc?
A quand un ouvrage qui les livrera, eux aussi, à la justice? 
Rêvons un peu, après tout, si cet ouvrage de Vanessa Springora pouvait contribuer à une prise de conscience générale et pas qu’en seul lien avec le milieu littéraire germano-pratin, ce serait tout cela de bon!

Culture, société

Superbe ouvrage de Vanessa Schneider

Dans la déferlante actuelle qui vise l’écrivain Gabriel Matzneff suite à l’ouvrage signé Vanessa Springora, je songe, ici, à une autre Vanessa, Vanessa Schneider, auteure de « Tu t’appelais Maria Schneider ».
Vous vous rappelez sans doute cette actrice, rendue célèbre par son rôle dans « Le Dernier Tango à Paris ». C’est d’elle et de sa relation à elle que parle sa cousine Vanessa Schneider dans son ouvrage.
Si vous ne l’avez pas lu, je ne saurais que chaudement vous en recommander la lecture.
Il s’agit là d’une évocation aussi fine que sensible et très émouvante de la jeune actrice et de la famille de l’auteure aussi.
Par exemple, on apprend comment Marlon Brando, après le tournage du film et sa sortie en salle, n’a cessé de rester en relation avec sa partenaire.
On y découvre, aussi et surtout, la triste descente vers la drogue de Maria Schneider et comment l’entourage familial a été présent à sa manière.
Mais ce livre de Vanessa Schneider ne semble pas avoir amené à interdire l’exploitation du film de Bernardo Bertolucci tout comme il a été décidé, après la parution de l’ouvrage de Vanesa Springora de retirer de la vente des livres de Gabriel Matzneff.
Apparemment, Vanessa Springora a réussi à surmonter cette relation à laquelle elle reconnaît avoir consenti et c’est tant mieux pour elle!
Apparemment, Maria Schenider ne s’est jamais remise de la scène que lui a imposée le réalisateur du film « Le dernier tango à Paris ». Cette scène, c’est elle qui a rendu le film aussi célèbre. 
Cette scène, c’est elle qui a détruit la vie de Maria Schneider.
Cinéma, bien sûr et scène simulée! Cependant, si l’on en arrive à interdire la vente de livres, autant poursuivre cette voie et interdire toute oeuvre incitant à la violence.
Et là, alors, on sera dans ce monde refaçonné par autant de vertueux personnages qui décident de ce qui doit et ne doit pas être rendu accessible au public tandis que d’autres poursuivent en toute impunité leurs pratiques pédo-criminelles.

Culture, société

Gabriel Matzneff, 83 ans, condamné opportun. Quid des autres?

Les temps changent, dit-on parfois. Oui et non. Oui en ceci que ce qui a pu être considéré comme inacceptable autrefois le devient par la suite.
Ou l’inverse, l’acceptable d’autrefois ne l’est soudain plus. C’est que la théorie des genres bouscule bien des milieux.
A vrai dire, tous sont concernés. Enfin, pour autant que les moeurs qui y ont prévalu, désormais portées au grand jour, le soient pour tous.
Cependant, certains résistent encore, bien gardés du regard qui se porterait sur eux.
Autant de chasses à l’homme menées souvent bien des années  après que ces derniers ont commis ce qu’ils n’auraient pas dû mais qu’ils se sont permis.
Or, au prétexte que les verdicts rendus par la justice ne seraient le plus souvent pas conformes aux attentes, au prétexte aussi évoqué que les délais d’attente seraient trop longs, on règle ses comptes à sa manière.
Il aura suffi d’un livre et de son « pouvoir » pour qu’alors le Parquet enquête? Non. Il aura suffi d’être du « milieu » et d’être médiatisée.
Car les autres victimes de pédocriminels toujours en activité, qui sait où elles se terrent, loin des milieux de l’édition parisienne et des médias qui s’en font l’écho?
Combien sont-ils, ces enfants en très bas âge qui n’ont pas eu les moyens d’écrire, invalidés à vie par le plus lourd des silence, le leur et celui du milieu qui les entoure?
Loin de moi de défendre les pratiques de Gabriel Matzneff.
Mais de réagir à cette mise à mort d’un homme âgé, condamné opportun qui n’est que l’arbre qui cache bien mal la forêt.

Culture, société

Un écrivain, un livre, des maux et des mots

Dans un récent sujet consacré à ce qui semble devenir une « affaire Matzneff », un commentateur qui se reconnaîtra évoquait à très juste titre, « le poids des mots ».
En voici un ou deux exemples tirés d’une interview qui s’est tenue sur le plateau du « 19:30 » de la RTS.
Le présentateur du téléjournal s’adresse à son invitée et s’exclame « Au pilon, ses bouquins… » et elle lui rétorque « oui alors je vous rassure, les livres de Gabriel Matzneff ne manqueront à personne!… ».
Et d’enchaîner sur la mesure prise par l’éditeur qu’elle estime « inutile ». Car, argue-t-elle, « aucun livre n’a jamais détourné de mineur(e)s, aucun livre n’a jamais violé personne…(…).
Ensuite, la voici déclarer croire « au pouvoir des livres », « un livre peut avoir un pouvoir de destruction mais aussi de riposte » … ». 
« Aujourd’hui avec cette mesure, Vanessa Sprinogra a tué Gabriel Matzneff, il n’y a pas de mesure symbolique plus forte… »
De quelle « mesure » s’agit-il? De celle de l’éditeur qui serait, selon elle, « inutile » ? Alors en quoi aurait-elle « tué » l’écrivain au plan symbolique?
« C’est bien que cet homme soit accusé, soit condamné pour ses actes », ajoute-t-elle encore. Cet homme n’est ni accusé, ni condamné. 
Donc pour l’information, en voici une qui montre que l’écrivain Matzneff n’est pas encore « tué ». Et qu’il salue même la mesure prise par son éditeur Gallimard.

Politique, société

Cracher dans l’océan

On se rappelle les attentats du 13 novembre à Paris. Difficile autrement, c’était il y a plus de 4 ans déjà.

On se souvient aussi comment les un(e)s et les autres y avaient réagi, entre autre par la revendication de continuer de sortir en terrasse.

Une autre manière d’y avoir répondu est celle du journaliste Antoine Leiris dont la femme a péri au Bataclan. Ecrire « Vous n’aurez pas ma haine » a été son choix.

Le mal qui a frappé la France a été d’ordre politique.

Et se situer ailleurs que dans le pardon ou la haine à ressentir envers des terroristes, c’est interroger le pouvoir, celui qui opère à l’intérieur et à l’extérieur des frontières du pays où il s’exerce.

Que des actes assassins se soient commis à répétition et continuent de se commettre à répétition ne demande pas qu’on y réponde par du pardon ou de la haine!

Ils exigent la prise de mesures adéquates.

Peut-être et sans doute existent-elles puisque l’on informe souvent d’actions terroristes qui auraient été évitées. Et que, tout le monde le sait, le risque zéro est un mirage.

Il n’en demeure pas moins que s’adresser à des terroristes pour leur dire ce que l’on éprouve à leur égard, indifférence, haine ou pardon équivaut à peu près à cracher dans l’océan.

Culture, société

Le milieu et l’enfance abusée

Finalement, on est bien davantage dans le règlement de compte au sein d’un milieu que dans tout autre souci envers l’enfance abusée.
Il suffit d’écouter s’exprimer au micro d’Europe 1 ce spécialiste des maltraitantes faites aux enfants qu’est Pierre Lassus pour le comprendre.
Surtout lorsqu’il raconte comment l’une des conquêtes de Gabriel Matzneff lui a parlé et cela, bien avant que l’auteure d’un ouvrage ne fasse les unes médiatiques.
Directrice éditoriale, elle est du milieu. Les autres? Se sont arrangé(e)s comme ils et elles l’ont pu s’ils et elles l’ont pu.
Quant aux enfants d’ailleurs, de ces pays si lointains qu’on ne risque sans doute pas de s’en soucier, à eux aussi de se débrouiller avec leur sort.
Alors bon, très bien, le Parquet de Paris enquête…
Mais pour tant de ces amateurs d’enfants, qu’adviendra-t-il? Des plaintes vont-elles être déposées à leur encontre? Des ouvrages rédigés? Des films tournés? 
Gabriel Matzneff, c’est la partie visible de l’iceberg. 
Car soit on lutte de manière active contre la pédophilie, soit on choisit une cible. En l’occurrence, celle mise en place par une femme du « milieu » a trouvé ses (francs) tireurs.

Culture, société

Un livre et soudain le Parquet de Paris enquête…

Je n’ai jamais lu et, de fait, encore moins encensé Gabriel Matzneff.
Mais apprendre que le Parquet de Paris a ouvert une enquête suite aux révélations faites par Vanessa Springora dans son ouvrage « Le Consentement » pose bien des questions.
Comment, après tant d’années de pratiques pédophiles connues et jamais condamnées, la justice peut-elle opérer pareil volte-face?
En aucun cas, il ne s’agit de défendre un parti pris jusque là envers l’écrivain par un certain milieu littéraire, culturel et politique. Non.
Mais de réagir à pareil revirement au plan judiciaire, oui.
Car on est en présence d’une même personne désormais âgée de 83 ans, Gabriel Matzneff. Et soudain, on enquête, suite à un livre qui relate, bien des années plus tard, comment celle qui en est l’auteure a vécu la relation qu’elle a entretenue avec l’écrivain.
La justice est-elle donc à ce point tributaire d’« époques » pour n’avoir jamais été saisie du temps où tout le monde savait comment l’écrivain Matzneff prenait son plaisir et pour ne s’en inquiéter que maintenant, vague #metoo obligeant?
Là, on n’est plus à discuter de l’écrivain qui aimait les petites filles et les petits garçons.
On est à s’interroger sur le sens réel de l’institution judiciaire qui se mobilise après avoir pris connaissance du livre de Vanessa Springora tandis que l’ensemble de l’oeuvre de Gabriel Matzneff qui a précédé l’ouvrage de la jeune femme l’a laissée de marbre.

Culture, société

Littérature et polémiques

Que Gabriel Matzneff ait été vénéré par un certain milieu est une chose, que désormais Vanesse Springora soit en passe de le devenir, elle aussi, vénérée par un certain milieu, une autre.
Aussi, que l’on ne résume surtout pas la littérature aux « milieux » qui la font et la défont car non, elle ne s’y réduit pas.
Il suffit, pour s’en convaincre, de lire les romans primés en France en automne 2019, tant par le Goncourt que par le Médicis pour ne parler que de ces deux récompenses.
Chacune et chacun entretient un rapport particulier au livre. Souvent d’ordre intime, celui-ci se vit donc au plus profond de soi.
D’aucuns goûtent les longues sagas, d’autres, le style d’un écrivain quand d’autres encore privilégient la véracité de faits plutôt que la fiction.
Véracité, oui car vérité est bien trop absolu comme terme, chacune et chacun, on le sait, ayant sa version de la « vérité ».
Et tel est bien là l’une des dimensions de la littérature, y faire part de « sa » vérité.
Or quand elle se heurte à tel contexte politique ou éthique, elle a toutes les chances d’être reçue de manière controversée.
Nombre d’ouvrages reconnus ici et pas là le prouvent. Tout autant les écrivains conspués par tel ou tel pouvoir en place.
Parce que la littérature n’a pas vocation à aller dans le sens voulu par telle ou telle instance. Pas davantage non plus à entretenir une pensée dominante.