Fidèle lectrice des publications de Pascal Gavillet, il le sait, je souhaite réagir à cet encart qui annonce son article.
Car, je le précise, les termes qui encadrent la photo ci-dessus, ne sont pas repris dans les propos qu’il publie dans l’édition de La Tribune de Genève de ce 5 décembre.
Il y est question de Kirill Serebrennikov, aux prises avec la justice russe et de son film Leto (L’été), acclamé à Cannes cette année.
Nul n’ignore que le talent n’a rien à voir avec le comportement. Les exemples sont nombreux de personnalités d’exception dans leur domaine qui, par ailleurs, ne sont pas pour autant des modèles du genre.
Il ne s’agit donc pas, ici, d’entrer en matière sur les qualités cinématographiques reconnues à Kirill Serebrennikov et à son film.
Non, il m’importe d’attirer l’attention sur ce qui est relaté dans cet article. Karine Bechet-Golovko, qui le signe, est une juriste française qui vit à Moscou. C’est elle, aussi, que j’ai citée lorsqu’il a été question de cet autre cinéaste en faveur duquel se mobilise l’Occident.
Le point de vue émis par Karine lui appartient, certes. Il n’en demeure pas moins intéressant de le découvrir.
Car à le lire, il y a de quoi méditer sur l’usage fait de deniers publics par Kirill Serebrennikov et de matériel explosif par Oleg Sentsov.
Si cela ne gêne pas cet Occident pourtant si sourcilleux de questions d’ordre moral, soit!
France
La France rayonne encore au plan mondial. Certes, de manière diverse selon les activités auxquelles elle se livre. Le fait est qu’elle reste une grande puissance.
Raison pour laquelle ce qui s’y passe est observé. En l’occurrence, inutile de dire que le mouvement des gilets jaunes est commenté.
Dans ce sens et de Russie, m’est parvenue la question de savoir si la France ne vivait pas, à son tour, un Maïdan.
Il semble que cette interrogation résulte de ce que diffusent les médias russes.
A cet égard, outre Le Monde, BFMTV s’en fait le relai, non sans préciser que la position du Kremlin est plus nuancée que celle de certains commentateurs du pays.
Cette approche se conçoit en référence à celles qui estiment que l’Europe serait le continent à affaiblir pour d’autant le contrôler.
Allez savoir…
Car s’il en est qui ont toujours les explications ou qui prétendent détenir la vérité, force est de constater que lorsqu’elles se contredisent, il paraît bien difficile d’y voir clair.
Le refus de la précarisation, encore une fois, s’exprime à Paris. Après les manifestations des gilets jaunes, c’est un hasard bienvenu dit cet ambulancier
C’est la détresse d’hommes et de femmes qui voient se profiler la perte de leur travail, de fait, l’impossibilité d’entretenir leur famille qui se dévoile.
Combien, déjà, de disparu(e)s le monde de la paysannerie ne compte-t-il pas? Et combien d’employé(e)s d’entreprises condamnées, elles aussi, n’ont-elles et n’ont-ils mis fin à leurs jours?
C’est une France qui veut travailler qu’on découvre dans la rue après qu’elle a, semble-t-il en vain, exprimé ses doléances. Et on le sait, une plainte à laquelle aucune réponse n’est apportée, ne se vit pas de la même manière.
Si la résignation peut gagner telle ou tel, la révolte et la violence s’empareront d’autres.
Aussi et pour le salut de toutes et de tous, c’est à une véritable prise de conscience de ce qu’endurent tant de leurs concitoyen(ne)s que les instances gouvernementales seraient bien inspirées de se livrer.
La France le vaut!
Une rare violence s’est emparée de la France.
De sa capitale, en tous les cas.
Dire la tristesse ressentie reste, à l’évidence, bien peu.
Et cependant, ajouter des considérations à tant d’autres émises, est-ce bien raisonnable?
Quand tout s’énonce, rien n’est plus crédible.
Seul le mal demeure.
Et face à lui, la désolation.
En dépit de tout ce qu’on lit, voit et entend du mouvement qui s’est emparé de l’actualité sinon de la France, on reste dans l’incertitude sinon l’inconnu.
Des analyses, des points de vue, des avis n’y changent, en définitive pas grand chose, les gilets jaunes font parler d’eux et cela semble s’arrêter là.
Or, il va de soi que tel n’est pas ce qui est attendu de celles et ceux qui se sont lancés dans ce mouvement.
Parmi les nombreux regards portés sur les gilets jaunes, en voici un dont l’extrait ci-après laisse tout particulièrement songeur.
« … les gilets jaunes évoquent la souffrance, en l’occurrence la souffrance sociale, les cheminots parlaient du service public, les zadistes de la nature, en somme ni les cheminots ni les zadistes n’évoquaient leur douleur, leur difficultés, au contraire de ces gilets jaunes qui racontent leur fin de mois difficile. Or aujourd’hui, la douleur ne se questionne pas, ne se questionne plus, celui qui souffre a conquis le droit d’être écouté, écouté par tout le monde, même par le gouvernement, même s’il n’est pas entendu. La maxime de notre époque est devenu : « Sois sauvage, ô ma douleur ! et tiens toi moins tranquille »… »
En d’autres termes, on serait en face d’un mal reconnu mais qui laisse impuissant.
Parce qu’il ne serait pas politisé, parce qu’il irait dans tous les sens, parce qu’il est ce qu’il est, en définitive.
Autant dire qu’un pays où s’expose la souffrance sans qu’il ne lui soit trouvé de quoi l’apaiser est un pays malade.
photo @H.R.-Favre
Dans l’une des Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, un peintre entre dans le tableau auquel il travaille et s’en va sur la barque qu’il a peinte.
A l’inverse, dans La rose pourpre du Caire, l‘un des personnages du film de Woody Allen sort de l’écran pour entrer dans la salle de projection et rejoindre le public.
Cette articulation entre imaginaire et réalité, le Consulat suisse de Saint-Pétersbourg m’avait invitée à en parler. C’était en 2013, au Collège universitaire français et à la Bibliothèque Majakovskaja, il en reste des traces sur google et youtube.
Confronter images et réalités m’habite en permanence et figure au coeur de ma démarche littéraire tout autant qu’elle motive en grande partie la tenue de ce blog.
Dans ce sens, j’aime à rendre compte, entre autres, des changements que j’observe toutes les fois que je séjourne en Russie tandis que ce pays alimente une narrative médiatique formatée selon des standards établis et récurrents.
A Moscou, pour ne citer que cette capitale, force est de constater que la vie y est de plus en plus semblable à celle menée dans nos grandes villes. Or on entend ou on lit souvent de couples homosexuels, par exemple, qu’ils y seraient traqués sinon persécutés.
Dans le métro, pourtant, j’ai vu deux jeunes gens très à l’aise dans leur proximité affichée qui n’a pas paru gêner qui que ce soit. Aucun regard lancé de travers, mieux, aucune milice pour les embarquer on ne sait où, bref, rien de plus ni de moins que ce que l’on voit chez nous.
Si Moscou ne représente, certes pas, le pays dans sa globalité, au même titre, Paris ni Berne ne résument la France ni la Suisse.
Evidences à rappeler qui n’empêchent pas de comparer entre elles ces capitales et de mesurer les ressemblances de comportements humains qu’on y constate.
Vue de Saint-Pétersbourg, l’actualité résonne de manière un peu autre.
Depuis le début de la semaine que je passe en Russie, je pense à toutes celles et à tous ceux qui en parlent.
Selon grand nombre d’experts invités à s’exprimer dans nos médias, la Russie de Poutine ne serait surtout pas à confondre avec la Russie tout court, tant la première serait tenue d’une main de fer.
Ainsi va l’information qui n’a, comme on nous le rappelle bien, rien à voir avec la propagande qui serait distillée en Russie.
Qu’on se rassure, les personnes avec lesquelles j’ai eu l’occasion de parler, ici, ne sont pas dupes.
Et nombre d’entre elles ne se posent même plus de questions sur ce qui alimente tant de ressentiment et de déconsidération de leur pays à soi-disant distinguer de celui de son Président.
Hier, à la Bibliothèque Majakovskaja de Saint-Pétersbourg où a eu lieu la présentation de mon livre, c’est un public vif, cultivé, curieux, critique et sans complaisance qui m’a accueillie.
Merci, de tout coeur à Irina Tochilkina qui a permis la réalisation de cette rencontre et à Alla Beliak qui m’accompagnait et traduit mes livres depuis de nombreuses années.
Le partage que nous avons vécu hier était d’une rare intensité, merci au public de sa belle réceptivité et de sa bienfaisante présence.
La France, par la voix de son Président, honore Maurice Genevoix.
Emmanuel Macron vient d’annoncer, en effet, l’entrée de l’écrivain au Panthéon l’an prochain mais, avec lui, l’entrée collective de « Ceux de 14 ».
Je vous invite à lire cet article et à découvrir en quels termes s’exprime le Président de la République.
Tout autant y trouverez-vous une interview de Maurice Genevoix réalisée en 1978, soit deux ans avant sa mort.
Avec cette reconnaissance accordée et à l’écrivain et à l’ensemble de celles et de ceux qui se sont battus pour la France, Emmanuel Macron honore une mémoire vive et sensible.
La cultiver n’est pas entretenir la haine de l’ennemi. C’est l’oublier qui heurterait.
Nombreux sont les ouvrages qui traitent et ont traité de morale, voire de démoralisation. Mais on a beau discourir ou écrire sur le sujet, la démoralisation citoyenne est bel et bien une réalité.
Elle s’observe partout où l’engagement est déçu.
Que cela soit au niveau personnel, intime, social ou collectif, lorsque l’amertume se cristallise sans plus aucun recours possible à l’espoir, l’irréversibilité de l’acte scelle un destin.
Lire cette information fait mal: un gendarme de la Garde républicaine s’est suicidé lundi 5 novembre dans les jardins de Matignon, avec son arme de service,
Alors, bien sûr, on va enquêter, fouiller sa vie, chercher ce qui a pu entraîner la mort de cet homme. Et après? Qu’il ait été sujet ou non à quelque problème d’ordre psychique ne l’a pas empêché de servir!
L’Etat, certes, n’est pas responsable de tous les troubles des citoyennes et des citoyens.
Mais lorsque l’on s’engage au non de valeurs auxquelles on croit et que lesdites valeurs sont bafouées, à qui la faute? Au citoyen qui a osé accorder sa confiance? A l’Etat qui a trahi?
Chaque suicide remet en cause. Paix à cet homme et pensées à ses proches et à sa famille.
Retour sur une élection qui avait vu une femme, pour la première fois de l’Histoire de la France, accéder à la possible Présidence du pays.
Quelles qu’aient été les circonstances qui l’avaient propulsée jusqu’au second tour de la présidentielle de 2007, Ségolène Royale avait affronté Nicolas Sarkozy dans un débat d’une autre tenue que celui qui a mis l’un en face de l’autre Marine Le Pen et Emmanuel Macron en mai 2017.
La colère de la candidate socialiste face à son rival a été abondamment commentée.
Or celle-ci n’a pas été feinte. Elle résultait d’un mensonge. Résultat, le candidat de l’ex-UMP a tout de même réussi à retourner la situation en sa faveur et obtenir le soutien des handicapés alors que sa rivale en bénéficiait jusque là pour s’être beaucoup mobilisée en leur faveur.
Cependant voilà, ce monde, qu’il soit politique ou autre, est tissé de trahisons et de pièges tout autant que de surprises un peu plus heureuses, car oui, ne désespérons pas, elles existent.
Cela dit, à en croire cet extrait du livre tout récemment paru de Ségolène Royal, on mesure le degré d’amabilité de l’homme qui l’a emporté sur sa candidature à elle.
Pour le reste, on sait aussi comment ce même Nicolas Sarkozy avait soutenu Bruno Julliard, devenu adjoint et désormais ex-1er adjoint à la Mairie de Paris, pour manifester contre le CPE et nuire à son rival de l’époque, Dominique de Villepin.
Mais si la démocratie offre de pratiquer ce genre d’élégances que l’on ne manque pourtant pas une occasion de pointer lorsqu’elles concernent d’autres régimes politiques, dans ce cas, oublions la morale, on s’en portera d’autant mieux!