Jusqu’où peut-on émettre des volontés à titre privé lorsque l’on est une personnalité publique alors qu’un gouvernement au pouvoir tient aussi à exercer les siennes?
Telle était la question que posait un de mes précédents sujets de manière générale, prenant exemple sur les funérailles controversées de Margaret Thatcher.
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2013/04/11/uk-la-presse-s-enflamme.html *
Seul un commentaire a tenté d’apporter une réponse à ce rapport toujours complexe entre privé et public tandis que dans la trentaine d’autres se développe une polémique relative à une thématique annexe.
Il serait pourtant intéressant de s’interroger sur la réelle marge de manoeuvre d’un pouvoir en place pour honorer des volontés émises à titre privé par une personnalité à l’image controversée.
Car s’il apparait raisonnable d’assurer la sécurité d’un convoi funèbre dont on suppose qu’il serait menacé, il semble tout aussi légitime de veiller au respect de volontés émises par un défunt.
En l’occurrence et comme indiqué par son porte-parole, Margaret Thatcher ne tenait en aucun cas à ce que l’argent public ne finance ses obsèques.
Cohérente avec elle-même et sans doute aussi lucide, tant elle ne devait pas ignorer que sa mort ne tirerait pas les larmes de tout un pays.
* Courrier paru dans l’édition papier de La Tribune de Genève du 16 avril 2013 et titré par la rédaction, Les dernières volontés de Mme Thatcher
funérailles
La polémique fait rage au Royaume-Uni.
En cause, le coût des funérailles de Margaret Thatcher.
Si ces funérailles ne seront pas nationales conformément à la demande de la famille, écrit Le Monde, l’hommage exceptionnel rendu à Margaret Thatcher impliquera pourtant bien les services de l’Etat pour un montant évalué entre 9 et 12 millions d’euros par la presse.
Le gouvernement conservateur a immédiatement réagi et a rejeté cette estimation.
Quoiqu’il en soit, la question se pose du respect possible ou non des dernières volontés émises par l’ancienne Première Ministre britannique.
Elle avait en effet bien stipulé qu’elle ne souhaitait en aucun cas être prise en charge par l’Etat, jugeant cela inapproprié, selon les propos de son porte-parole et ami, rapporté par le journal Le Monde.
Le gouvernement conservateur ne le voit pas de cet oeil car il tient à protéger les obsèques de Margaret Thatcher et investir dans la sécurité.
Soit.
Mais cela interroge tout de même sur le détournement ou non de la volonté de Margaret Thatcher de ne pas être enterrée aux frais du contribuable.
Et de manière plus générale, on peut se demander jusqu’où une personnalité publique peut émettre des volontés personnelles alors que le parti qu’elle a représenté est au pouvoir et tient à la défendre.
Telle est là et encore une fois posée, l’éternelle question de la gestion, par un gouvernement, du rapport entre privé et public.
http://www.lemonde.fr/europe/article/2013/04/11/margaret-thatcher-l-adieu-a-dix-millions-de-livres-qui-fait-hurler-la-presse_3157596_3214.html#xtor=EPR-32280229-[NL_Titresdujour]-20130411-[titres]