Il a très souvent été question, sur ce blog, de la manière avec laquelle l’information était traitée par les médias dits mainstream.
De nombreux cas ont été cités où la rhétorique venait au secours de journalistes si soucieux d’informer. Une table ronde avait été organisée, d’ailleurs, autour de ce thème de la désinformation.
Admettre partis pris et arrangements avec la vérité des uns contre celle de autres serait sans doute plus juste que de faire croire au bon peuple que la morale serait le souci premier d’autant de journalistes ou de politicien(ne)s.
A cet égard, l’exemple de cet élu pris dans le collimateur médiatico-politique genevois est assez éloquent en la matière.
Si la démocratie consiste en luttes permanentes à mener pour faire valoir ses intérêts, dans ce cas, d’accord et à chacun(e) de mener son combat.
Mais venir nous parler de morale, de vérité ou autre conscience à éveiller, non, tout de même, n’abusons pas le public qui, d’ailleurs, ne se mobilise plus tant que cela pour élire qui le gouvernerait ou suivre qui l’informerait…
Or justement, laisser une société se détourner de la vie politique et médiatique au prétexte qu’elles seraient toutes pourries, tel est bien là le premier dommage à déplorer.
maudet
Et voici que nombre de médias se mobilisent autour d’un magistrat genevois au prétexte qu’il donnerait différentes versions d’un même séjour aux Emirats arabes unis. Il en a été question ici déjà, voici que le sujet nous est servi à peu près chaque jour.
Le zèle avec lequel autant de journalistes en traitent est tel qu’il laisse songeur. Comment, en effet, ces enquêteurs qui se disent si soucieux de vouloir rétablir une « vérité » ont-il tant attendu pour en parler?
Tout de même, si ce voyage effectué par le magistrat genevois en novembre 2015 leur cause tant de problème, il aurait été opportun de s’en ouvrir lorsque le concerné a brigué un poste de Conseiller fédéral et, ensuite a renouvelé sa candidature au plan cantonal.
S’il a échoué au premier, il a brillamment réussi au second tandis que rien n’avait filtré de cette affaire soudain si importante. De qui se moque-t-on, dans ce cas, pour que la médiatisation de ce voyage de Pierre Maudet payé par on ne sait qui ne fasse surface que maintenant?
Nul besoin d’éprouver quelque sympathie que ce soit pour celui qui est désormais pris dans les filets d’autant de justiciers pour s’interroger encore et encore sur l’opportunité d’une médiatisation.
capture d’écran youtube
La Genève politico-médiatique s’anime sinon s’agite.
Voici qu’un de ses magistrats, le mieux élu qui plus est, serait peut-être en train d’avoir mélangé intérêts privés et publics.
En France, on a eu droit à l’affaire Fillon qui lui a valu son élection.
Que se passera-t-il dans la Cité de Calvin tandis que Pierre Maudet fait figure de magistrat à la carrière toute tracée vers les plus hautes sphères de gouvernance?
Que le Landerneau politique et médiatique genevois se mobilise soudain pour un voyage aux Emirats arabes unis qui date de novembre 2015 ne manque pas d’être commenté et c’est normal.
Cela dit, en politique ou ailleurs, on sait comment la rumeur travaille. Dans ce cas, au concerné de la faire cesser. C’est pas plus compliqué que cela.
Sauf que, vu les contradictions que semblent révéler différentes versions données dudit séjour par l’intéressé, la pression exercée sur lui ne risque sans doute pas de tomber.
Mais pas davantage non plus ne devrait être écartée la question du moment choisi pour mettre cette affaire sur la place publique.
Alors que la brillante élection de Pierre MAUDET au Conseil d’Etat n’a échappé à personne, la lecture d’un article paru en page 23 de La Tribune de Genève de ce jour ne manque pas d’intérêt
On y apprend, en effet, l’histoire de cet homme dont les intérêts sont défendus par Me Robert ASSAEL. L’homme, condamné en juillet dernier, devait purger sa peine dans un pénitencier dès février 2014. Ainsi l’avait ordonné le SAPEM, le Service d’application des peines et mesures, le 27 septembre dernier.
Mais voici que quelques jours plus tard, le client de l’avocat genevois est arrêté chez lui, le soir, sous les yeux de son épouse et de son enfant.
Les faits reprochés à l’homme désormais incarcéré à Champ-Dollon, datent d’il y a seize ou dix-sept ans et sont toujours contestés. Cela peut se concevoir quand on apprend que la femme qu’il aurait violée est devenue la marraine de son fils et lui, son témoin de mariage…
Mais Pierre MAUDET a choisi la manière forte et Me Robert ASSAEL recourt contre l’arrestation ordonnée par le magistrat genevois.
La démarche est inédite de l’aveu même de l’avocat: C’est la première fois de ma carrière que je me trouve face à une décision orale d’incarcération, précise-t-il.
Quelle qu’ait été la motivation de Pierre MAUDET, elle n’a sans doute pu échapper au contexte du moment.
On se rappelle combien, en septembre dernier, le meurtre d’Adeline a ébranlé la République et Canton de Genève et bien au-delà.
Que l’action menée par Pierre MAUDET ait été liée à l’émotion, à la réflexion ou aux deux, est une des probabilités pour expliquer ce procédé.
Cependant, il interpelle.
Car comme le mentionne Me Robert ASSAEL, d’après lui, Pierre MAUDET n’aurait pas respecté le Code de procédure de la Constitution fédérale. La campagne électorale ne justifie pas tout, ajoute-t-il.
A la justice de trancher, certes mais à chacune et à chacun aussi de s’interroger sur le sens de telles décisions orales d’incarcération.
Sans dresser l’apologie du régime iranien ni de la peine de mort, il n’est pas interdit de s’interroger sur cette pénalité qui touche les trafiquants de drogue.
Ce d’autant qu’une interview parue dans les colonnes de la TdG du 11 octobre dernier titre,
Drogue, Maudet veut pourrir la vie des consommateurs.
En Iran, selon Amnesty International, 344 trafiquants de drogue ont déjà été condamnés à mort au 9 octobre 2012.
Ces peines sont appliquées en vertu d’une sévère loi anti-narcotique.
Les mesures envisagées par Monsieur Pierre Maudet en vue de pourrir la vie des consommateurs font pâle figure à côté de cela.
La cocaïne se consomme dans tous les milieux sociaux, se vend à tous les coins de rue et pourrit la vie de tous les citoyens.
Pour rappel, la Suisse bat le record de consommation de cocaïne.
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2012/08/07/cocaine-la-suisse-en-tete.html
Dans ce cas, pourrir la vie des trafiquants, est-ce inconcevable?
Ainsi donc Pierre Maudet voudrait-il accroître la répression des consommateurs de drogue.
Dans son édition des 17-18 octobre, le GHI consacre une pleine page à la toxicomanie.
Il y est entre autre question du Quai 9, bâtiment vert pomme situé juste derrière la gare Cornavin et qui accueille les toxicomanes.
Dans des locaux réservés à leur usage, ils ont des conditions d’hygiène optimales pour s’injecter leurs doses de cocaïne ou d’héroïne.
Ce lieu, m’a-il été dit par une personne qui y travaille et aussi par un jeune homme qui s’y rend, n’accorde pas d’interview aux journalistes.
Les mesures annoncées par le nouveau chef de la police genevoise auraient-elle permis à Sarah Zeines du GHI, d’y avoir accès pour parler de ce qui s’y vit et s’y pratique?
Il va de soi que le problème de la drogue à Genève est grave.
Ce même jeune homme qui m’a parlé du Quai 9 m’a raconté la facilité avec laquelle il trouve à se fournir en toutes sortes de substances. Dans les 5 minutes, j’ai quelqu’un à qui je peux acheter ce que je veux, m’a-t-il avoué.
Ce jeune homme, en quelques mois, est devenu l’ombre de lui-même. Il n’a plus de logement et fait la manche. J’ignore si le montant qu’il accumule en une journée équivaut à ceux qu’articule une des personnes interrogées par Sarah Zeines et qui varierait entre 200 et 400 CHF par jour.
Quoiqu’il en soit, vouloir augmenter la répression contre les toxicomanes alors que les vendeurs de substances aussi diverses que dangereuses pullulent à Genève et semblent ne pas vraiment craindre d’être appréhendés, reste un mystère.
Toutes les tactiques sont bonnes pour vendre leur poudre et pis. Lire qu’une des mesures envisagées par Monsieur Maudet serait, par exemple, de retirer le permis de conduire des consommateurs qui viennent s’approvisionner en voiture laisse songeur.
Le travail qui s’effectue au Quai 9 revendique l’anonymat pour les consommateurs qui s’y rendent, par respect envers eux. Ainsi chacun se sent-il ou se croit-il préservé à ce niveau-là.
Certes, la méthode appliquée en ce lieu a été expérimentée ailleurs mais comment être certain que se projeter vers la mort en tout anonymat soit la meilleure manière de lutter contre un mal?
Crépusculaires.