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Culture, Politique, Voix

Quand la couleur de la peau s’impose face au talent

Peut-être avez-vous appris que la romancière néerlandaise sollicitée pour traduire la poétesse américaine qui était intervenue le jour de l’investiture de Joe Biden avait suscité le tollé?

Pour la seule raison qu’elle était blanche et que traduire l’oeuvre d’une noire lui était  contesté.

Racisme à l’envers, si l’on considère qu’il en existerait un « à l’endroit »? Non, voyons, c’est que tout simplement, on ne veut pas d’une Blanche pour traduire une Noire.

Car selon une militante noire, la maison d’édition des Pays-Bas aurait manqué une «occasion» en n’employant pas une personne noire pour traduire l’œuvre d’Amanda Gorman. Marieke Lucas Rijneveld est «blanche, non-binaire et n’a aucune expérience dans ce domaine».

En d’autres termes,  le talent reconnu à la jeune Marieke Lucas Rijneveld que l’International Man Booker Prize a couronné en 2020 doit s’effacer au nom de la couleur de sa peau.

Au prétexte, aussi, que par ses origines, elle serait incapable de se mettre à la place de la poétesse dont elle se réjouissait pourtant de traduire l’œuvre.

Le partage d’une expérience commune permet à leurs protagonistes d’en parler d’une même voix peut-être mais rien ne garantit à chacune d’entre elles de rencontrer le même écho auprès d’un public.

Car au-delà des faits, il y a la langue et la manière d’en user.

Et la traduction d’un idiome à l’autre relève de cet art qui consiste à rendre le génie du premier dans celui du second. Le nier revient à considérer le travail d’un orfèvre identique à n’importe quelle autre activité professionnelle.

Dans l’idéal, une occupation équivaut à une autre. Pas dans la réalité.

En l’occurrence, faire fi du talent de la romancière blanche au nom de sa couleur de peau dénote une sensibilité qui ne garantit aucune meilleure réception de l’oeuvre de la poétesse noire aux Pays-Bas.

Mais bon, certaines priorités étrangères à l’art poétique seront ainsi satisfaites!

Et nous n’en sommes qu’au début de ce genre d’exigences. On modifie des titres d’oeuvres littéraires désormais, on en réécrit des passages entiers quand on ne choisit pas de les supprimer.

Au nom du respect, nous est-il précisé chaque fois…

Culture, Politique

Makine, le génie littéraire à l’oeuvre

Il avait déjà été question de lui dans un sujet de ce blog, je veux parler, ici, de l’écrivain et académicien français Andreï Makine.
Son tout dernier roman, Au-delà des frontières, vient de sortir, je ne saurais que vous en recommander la lecture.
Il y est question d’un jeune écrivain duquel la mère adresse le manuscrit au narrateur de l’histoire.
Ce texte apparaît impubliable, il faut, évidemment lire le roman pour savoir en quoi et pourquoi le narrateur l’estime tel.
Dans ce dernier livre, Andreï Makine réussit avec brio à nous parler du monde dans lequel nous vivons.
Les différents personnages qui évoluent au gré du récit incarnent, chacun à leur manière, des valeurs auxquelles ils croient, bien sûr.
En contrepoint, résonne la voix de l’un d’eux, d’une teneur telle qu’elle permet la mise en relief d’autant de discours véhiculés et de leur portée à court et à plus long terme.
Voici, pour vous faire une idée de ce tout dernier ouvrage d’Andreï Makine, l’interview qu’il a accordée à France Culture.

Politique, société

Emmanuel Macron, son ami Philippe Besson et un roman

Le jour J de la publication du dernier roman de Philippe Besson est arrivé. Les magazines et autres sites y vont de leurs extraits pas si choisis que cela car ils se ressemblent à peu près tous.
Cet article de Gala, signé Louise Beliaeff et paru le 30 juin dernier, parle du livre en question alors qu’on n’en sait encore rien.
On comprend qu’à ce moment-là, l’ouvrage de Philippe Besson est perçu d’une manière telle que ce qui y sera révélé ne continuera qu’à façonner davantage encore la stature présidentielle d’Emmanuel Macron.
Inutile, donc, de s’emballer ou de s’émouvoir de tel ou tel propos tenu par le couple ami de l’écrivain à l’égard de l’une ou l’autre des personnalités de la vie politique, médiatique et intellectuelle concernées.
Tout est sans doute assumé pour reprendre un verbe que le Président français affectionne, semble-t-il vu le nombre de fois déjà qu’il l’a employé pour revendiquer une décision ou un avis donné.
Dans ce cas et si le public s’y laisse prendre, Un personnage de roman de Philippe Besson a son avenir aussi assuré que son personnage, fût-il de roman ou non.

Culture, Histoire, Politique, Religions, société

Soumission, le roman et l’Histoire

Ce 6 janvier, dans le cadre du 20 heures de France 2, Michel Houellebecq a répondu aux questions que lui a posées David Pujadas.*
Soumission, tel est le titre du dernier roman de l’écrivain français le plus traduit et le plus lu dans le monde selon les termes mêmes du présentateur vedette du Journal Télévisé de la chaîne publique française.
Pour rappel, Soumission évoque la victoire d’un chef de parti musulman à l’élection présidentielle française de 2022.
Au sujet de l’impact ou non qu’aurait son livre à paraître ce 7 janvier et dont on dit qu’il crée déjà la polémique, Michel Houellebecq relativise.
Soit par modestie, soit par méconnaissance de l’influence réelle que peut avoir un roman, il prétend que jamais aucun d’eux n’a changé la cours de l’Histoire.
Or c’est depuis sa prison, la forteresse Pierre et Paul à Saint-Pétersbourg, en 1862, que Tchernychevski a créé Rakhmetov, personnage de son roman Que faire.
Et c’est ce personnage qui a été l’initiateur de l’action de Lénine qui a, d’ailleurs, repris le titre du roman de Tchernychevski pour l’un de ses traités politiques paru en 1902.
 
* http://www.francetvinfo.fr/culture/houellebecq/direct-regardez-linterview-de-michel-houellebecq-au-journal-de-20-heures-de-france-2_789453.html