Voici un article à lire, au-delà du parti pris émis et bien connu de l’Occident qui veut que l’Ukraine soit un pays victime depuis plus de quatre ans d’une agression de la part de la Russie.
L’article est, en effet, intéressant au regard de ce que son auteur disait de l’Ukraine il y a un peu plus de trois ans.
C’était le 5 février 2015.
A ce moment-là, le journaliste Marc Allgöwer travaillait pour la Radio Télévision Suisse et livrait une analyse qui vaut qu’on y revienne.
Il y cite, en effet, François Hollande, alors Président de la République française.
Dans les deux cas, l’Ukraine de Petro Poroshenko semble remise en place. En 2015 par la citation des paroles du Président français de l’époque, en 2018, par l’intitulé de l’article cité au début de ce sujet.
En d’autres termes, on se demande, en définitive, ce qui est attendu par l’Occident.
Qu’il manoeuvre en vue des prochaines élections qui se tiendront en mars 2019 rappellerait sans doute trop ce qui s’est passé en février 2014, lorsque le Président Viktor Ianouvkovitch a été, comme on a dit, destitué.
Certes, le Maïdan relayé par nos médias devait être perçu comme révolte pour une véritable démocratie… Le résultat? Une guerre, des centaines de milliers de morts, de blessé(e)s et autant d’exilé(e)s.
Mais lequel de nos médias communiquerait le nombre de celles et de ceux qui ont choisi la Russie pour fuir? Aller se réfugier dans un pays qui aurait agressé le leur, il fallait tout de même y penser…
Alors?
Les véritables enjeux nous passent par-dessus. Pendant ce temps-là, on informe ou croit informer et des vies innocentes sont rayées de la carte.
Russie
photo @H.R.-Favre
Dans l’une des Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, un peintre entre dans le tableau auquel il travaille et s’en va sur la barque qu’il a peinte.
A l’inverse, dans La rose pourpre du Caire, l‘un des personnages du film de Woody Allen sort de l’écran pour entrer dans la salle de projection et rejoindre le public.
Cette articulation entre imaginaire et réalité, le Consulat suisse de Saint-Pétersbourg m’avait invitée à en parler. C’était en 2013, au Collège universitaire français et à la Bibliothèque Majakovskaja, il en reste des traces sur google et youtube.
Confronter images et réalités m’habite en permanence et figure au coeur de ma démarche littéraire tout autant qu’elle motive en grande partie la tenue de ce blog.
Dans ce sens, j’aime à rendre compte, entre autres, des changements que j’observe toutes les fois que je séjourne en Russie tandis que ce pays alimente une narrative médiatique formatée selon des standards établis et récurrents.
A Moscou, pour ne citer que cette capitale, force est de constater que la vie y est de plus en plus semblable à celle menée dans nos grandes villes. Or on entend ou on lit souvent de couples homosexuels, par exemple, qu’ils y seraient traqués sinon persécutés.
Dans le métro, pourtant, j’ai vu deux jeunes gens très à l’aise dans leur proximité affichée qui n’a pas paru gêner qui que ce soit. Aucun regard lancé de travers, mieux, aucune milice pour les embarquer on ne sait où, bref, rien de plus ni de moins que ce que l’on voit chez nous.
Si Moscou ne représente, certes pas, le pays dans sa globalité, au même titre, Paris ni Berne ne résument la France ni la Suisse.
Evidences à rappeler qui n’empêchent pas de comparer entre elles ces capitales et de mesurer les ressemblances de comportements humains qu’on y constate.
Vue de Saint-Pétersbourg, l’actualité résonne de manière un peu autre.
Depuis le début de la semaine que je passe en Russie, je pense à toutes celles et à tous ceux qui en parlent.
Selon grand nombre d’experts invités à s’exprimer dans nos médias, la Russie de Poutine ne serait surtout pas à confondre avec la Russie tout court, tant la première serait tenue d’une main de fer.
Ainsi va l’information qui n’a, comme on nous le rappelle bien, rien à voir avec la propagande qui serait distillée en Russie.
Qu’on se rassure, les personnes avec lesquelles j’ai eu l’occasion de parler, ici, ne sont pas dupes.
Et nombre d’entre elles ne se posent même plus de questions sur ce qui alimente tant de ressentiment et de déconsidération de leur pays à soi-disant distinguer de celui de son Président.
Hier, à la Bibliothèque Majakovskaja de Saint-Pétersbourg où a eu lieu la présentation de mon livre, c’est un public vif, cultivé, curieux, critique et sans complaisance qui m’a accueillie.
Merci, de tout coeur à Irina Tochilkina qui a permis la réalisation de cette rencontre et à Alla Beliak qui m’accompagnait et traduit mes livres depuis de nombreuses années.
Le partage que nous avons vécu hier était d’une rare intensité, merci au public de sa belle réceptivité et de sa bienfaisante présence.
Comme énoncé dans le précédent sujet de ce blog, je me trouve en Russie pour y présenter mon dernier livre, Sans nouvelles d’Igor, Bagdad 2003 / Багдад 2003: Истории без продолжения.
Cette histoire, je l’ai imaginée se dérouler au début de la guerre en Irak, autrement dit, il y a plus de 15 ans.
Sa publication, cette année seulement, s’explique par le fait que sa traduction en russe a constitué un très stimulant projet didactique qui a été reconduit d’année en année plus de dix ans durant avec des étudiants.
C’est alors que la version russe définitive a été confiée à la traductrice de mes deux précédents recueils de nouvelles, Nouvelles de nulle part / Истории ниоткуда et Nouvelles sans fin / Истории без окончания.
Le regard littéraire sur la guerre qui s’est livrée en Irak en 2003, je l’ai voulu en contrepoint à ce qui s’énonçait dans nos médias.
Ce que dévoile, peu à peu, le dialogue entre les deux protagonistes de l’histoire, révèle des quêtes aux issues hasardeuses sinon fatales pour certaines.
Sur fond de guerre et le temps d’une soirée, c’est une humanité qui apparaît avec ses désirs, ses fureurs, ses failles et ses attentes.
Vous avez sans doute toutes et tous entendu parler de ce qu’on appelle la malbouffe. Je vous invite à cliquer sur ce lien en bleu pour découvrir la malinfo.
J’ai eu l’honneur s’il en est, d’échanger avec Manon Schick lors d’une émission de la RTS consacrée à Vladimir Poutine. C’était en février 2014, peu avant l’ouverture des Jeux Olympiques de Sotchi.
On m’avait expliqué que la discussion porterait sur sa personnalité. Mais quand j’ai découvert le titre donné à l’émission, tout était clair: Vladimir Poutine est-il un dictateur?
J’avais rendu compte de tout cela sur mon blog, les échanges ont été particulièrement animés.
Vous vous rappelez certainement combien l’information a été d’une objectivité à toute épreuve! Pas une occasion n’était de trop pour dire tout le bien que l’on pensait de celui au sujet duquel on m’avait invitée à parler.
Il va de soi que j’ai tenu à remettre quelques points sur les i. Au risque, une fois encore, d’être considérée comme suppôt du Kremlin sinon soudoyée pour en répandre la propagande.
Tout cela pourrait faire rire et tel est le plus souvent le cas.
Sauf qu’à ne pas réagir à tant d’approches orientées de la Russie et de son Président équivaut à favoriser l’emprise de la désinformation.
A coups de semi-vérités et de demi-mensonges ou de demi-vérités et de semi-mensonges, à choix, on façonne un pays, on refait l’Histoire, on salit un peuple ou une personnalité.
Le procédé est connu.
Et mis au service, en l’occurrence ici, des droits humains il se drape de toute la bonne conscience du monde.
capture d’écran: Le Temps
Sur son profil Facebook, les témoignages se multiplient.
Géraldine Savary a annoncé, ce jour, qu’elle ne se représenterait pas aux prochaines élections fédérales pour le Conseil des Etats.
Mais que lui est-il reproché alors qu’elle a été sous les feux des projecteurs médiatiques et que rien n’a été reconnu illégal aux dons qu’elle a reçus?
S’il s’agit de l’origine de ces dons alloués à la politicienne vaudoise reconnue et louée pour ses compétences, alors, on a de quoi rester perplexe.
Car cet homme qui a apporté son soutien financier à Géraldine Savary, présenté le plus souvent comme « milliardaire » ou « patron milliardaire de Ferring », occupe aussi la fonction de Consul honoraire de la Fédération de Russie.
On sait le regard que portent sur ce pays nombre de ses grands connaisseurs capables d’en parler comme s’ils y vivaient ou y avaient passé tant d’années que leurs témoignages avaient valeur de preuve.
Rappelons, entre autre, cette émission de la RTS à laquelle avait été invité Roger Nordmann, en photo ci-dessus avec Géraldine Savary. La Russie, selon ce parlementaire suisse donc, serait sous la dictature autoritaire de Poutine. Comme si dictature ne suffisait pas et qu’il fallait encore y ajouter « autoritaire »…
Or c’est à ses côtés que l’élue vaudoise a tenu la conférence de presse au cours de laquelle elle a fait part de sa décision de mettre un terme à sa carrière politique.
Voici une femme admirable qui, par trop de pressions, en a été amenée à devoir renoncer à des fonctions qu’elle exerçait avec talent et brio.
Géraldine Savary, je l’ai toujours beaucoup appréciée, avant même, faut-il le préciser vu l’ambiance, de découvrir qu’elle figurait parmi les personnalités qui ne diabolisaient pas la Russie.
Profondément en pensée avec elle, je lui réitère toute mon estime.
A l’attention de la Conférence des Présidents du Parlement européen
Par son vote final, la Conférence des Présidents du Parlement européen a annoncé, ce 25 octobre, avoir décerné le prestigieux Prix Sakharov au cinéaste ukrainien Oleg Senstsov.
Cette distinction honore un engagement pris au regard de la « liberté d’esprit » et du combat mené en faveur des « droits humains » .
Selon le cinéaste Laurent Cantet, le principal témoin en défaveur d’Oleg Sentsov -accusé d’avoir préparé un attentat- aurait reconnu s’être exprimé sous la torture.
Si ce « principal témoin » est le militaire ukrainien qui a parlé dans le cadre d’une conférence organisée par l’OSCE, dans ce cas, l’accès à autant de sources estimées fiables aura été réservé.
Nul doute, alors, que c’est en toute connaissance de cause qu’il aura été choisi d’élever Oleg Sentsov au rang de lauréat du Prix Sakharov. A l’opinion publique d’en prendre acte.
Pourtant, si l’on se rappelle ce qu’a vécu Andreï Sakharov, la question se pose de savoir quelle « liberté d’esprit » vient d’être reconnue au cinéaste distingué.
Car la Conférence des Présidents du Parlement européen a agi, forte de certitudes que rien ne confirme, sauf à ce que preuve ait été fournie des tortures qu’aurait subies le militaire ukrainien qui déclare son compatriote cinéaste responsable d’avoir projeté un acte terroriste.
Les critères d’attribution de ce Prix, créé en 1988 avec l’accord du savant duquel il porte le nom et qui est décédé un an plus tard, ont été élargis en 2003. A ce titre, toutes sortes de personnalités figurent parmi ses bénéficiaires.
Qu’à elles s’ajoute désormais celle d’un homme emprisonné pour avoir projeté de détruire autant de vies humaines que l’aurait permis la charge explosive qu’il est accusé avoir détenue, relève d’un choix qui regarde la seule Conférence des Présidents du Parlement européen.
Aussi bien est-ce sa propre « liberté d’esprit » qu’elle récompense, celle d’avoir consacré une rumeur plutôt qu’une autre. Puisse la mémoire d’Andreï Sakharov ne pas avoir à en souffrir, on le lui souhaite.
Hélène Richard-Favre
Genève, ce 26 octobre 2018
Kertch, « carnage » ont indiqué nombre de rédactions occidentales en commentaire à la tragédie qui a visé un collège technique de la ville.
Kertch, il a bien sûr aussi été rappelé par ces mêmes rédactions occidentales, se situe en Crimée, elle-même et selon la rhétorique en usage, « annexée » par la Russie.
Sans revenir sur le referendum qui a fait passer la péninsule de l’Ukraine à la Russie, rappelons malgré tout ce sujet et celui-ci pour dire que, quel que soit le regard que porte l’Occident sur cet événement, il a suscité l’enthousiasme de la plus grande majorité des Russes et des Criméens et qu’il a été salué par nombre d’opposants avérés de Vladimir Poutine.
Cependant voilà, lorsqu’on s’obstine à ne pas chercher à comprendre et à répéter la leçon enseignée par le maître qui ne veut en aucun cas être contesté, dans ce cas, autant parler aux murs avec ou sans les oreilles qu’on leur prête…
Voici un point de vue sur la situation, celui de Karine Bechet-Golovko, souvent citée ici. Je la connais personnellement, nous avons eu des échanges ensemble, Karine est juriste, d’origine française et établie à Moscou où elle enseigne le droit à l’Université.
En pensée profonde avec les familles et les proches des victimes.
capture d’écran: chrétiensaujourdhui.com
Dans le précédent sujet de ce blog, il a été question de l’Eglise orthodoxe et du schisme qui la menace. Un commentaire déposé par « Charles 05 » résume un point de vue qui vaut d’être débattu.
Il va de soi que nombre d’athées ou autres personnes qui n’ont de regard que critique sur l’Eglise peuvent demeurer totalement indifférents sinon se montrer moqueurs face à la situation décrite dans le sujet.
Or si j’ai tenu à le partager ici, c’est pour prévenir d’un danger bien réel.
Alors, bien sûr, que l’on peut prendre cela de haut en affichant des postures et revendiquer son athéisme ou dénoncer les collusions entre politique et religion.
Si cela conforte, soit.
Mais cela démontre qu’après tout, ce qui se passe chez les autres et, qui plus est, au sein d’une Eglise, favorise l’indifférence ou la raillerie. Or c’est en ceci que, justement, réside le risque.
Car non, ce qui se passe au sein de l’Eglise orthodoxe ne peut être écarté de seul revers de la main.
Pour la simple et bonne raison qu’il s’agit là de faits aux conséquences encore imprévisibles. Aussi bien, peut-on toujours gloser, risque il y a.
Et le seul fait de se décréter athée ou critique pour s’en détourner ne sera d’aucun poids. Tout simplement parce que, qu’on le veuille ou non, on touche là à une sphère extrêmement sensible, aussi absurde peut-elle paraître aux cartésiens.
capture d’écran: stratpol
Ce sujet s’adresse surtout à mes compatriotes qui tentent, peut-être, de s’y retrouver dans ce que plusieurs de leurs médias ont rapporté de la crise qui sévit au sein de l’Eglise orthodoxe russe.
De nombreux articles ont traité le sujet, sans minimiser les risques d’embrasement qu’allait susciter la décision qui serait prise par le Patriarcat de Constantinople de rendre l’Eglise orthodoxe d’Ukraine indépendante du Patriarcat de Moscou.
Voici qui est désormais chose faite.
Le Saint-Synode de Constantinople a déclenché le processus qui permettra d’octroyer l’autocéphalie à l’Eglise d’Ukraine et levé l’anathème dont étaient frappées les deux Eglises autonomes – le Patriarcat de Kiev, autoproclamé par le patriarche Philarète en 1992, et l’Eglise orthodoxe autocéphale ukrainienne, née d’un schisme en 1920.
Tout autant, le décret de 1686 qui plaçait les églises ukrainiennes sous la tutelle de la Russie a-t-il été révoqué.
A lire plusieurs articles de la presse occidentale, on sent que le danger qui couve n’est pas écarté par les rédactions, même si la rhétorique habituelle pour évoquer la Russie et le Kremlin ne disparaissent pas.
Quoi qu’il en soit, je vous propose cet article du journal Le Temps et cette vidéo réalisée par Xavier Moreau que d’aucuns connaissent pour ses diverses interventions, ici à Genève, entre autre lors de la soirée caritative qui avait été organisée en faveur des enfants du Donbass.
