C’était il y a des dizaines d’années, en 1978 pour être précise.
Dans un café, assise à côté d’une dame fort chaleureuse, je me rappelle ce bref échange que nous avions eu tandis qu’elle me voyait ouvrir la boîte d’un médicament que je venais de me procurer sur ordonnance dans la pharmacie d’en face.
J’avais alors 24 ans et j’étais atteinte d’un ulcère à l’estomac, mal plutôt rare pour une jeune fille, selon mon médecin de l’époque qui l’estimait davantage réservé aux hommes et plus âgés, avait-il ajouté.
« Je suis trop sensible », dis-je à cette sympathique voisine de table qui m’observait avaler un premier comprimé aux effets révolutionnaires – qui l’ont en effet été- pour le problème dont je souffrais.
-Non, me rétorque-t-elle, vous n’êtes pas « trop sensible ». La sensibilité est une richesse.
Sa réaction m’a autant surprise que plu, je l’ai retenue. Du moins ai-je sans cesse tenté de m’en rappeler lorsque l’entourage, toujours bienveillant, me conseillait de me « durcir ».
Et puis, le propos de cette femme rejoignait la merveilleuse citation de Charles Baudelaire, faite mienne de longue date, « Ne méprisez la sensibilité de personne. La sensibilité de chacun, c’est son génie ».
Pourquoi raconter ce souvenir aujourd’hui?
Parce qu’il s’inscrit dans le contexte des trois précédents sujets de ce blog où dominent l’étrange ou l’ordinaire selon le regard qu’on porte à ce genre d’événements que je pense, pour ma part, insolites.