Par un tour de passe-passe auquel s’est livré le rédacteur en chef adjoint du journal
« Le Temps », voici qu’il parvient à me placer aux côtés de Monsieur Hani Ramadan.
L’article que Michel Danthe a publié ce samedi 29 août met en cause le regard que j’ai porté sur les événements survenus dans le Thalys, le 21 août dernier.
Non seulement ma prise de position n’a rien à voir avec celle d’Hani Ramadan mais encore, le détournement de sens opéré par Michel Danthe révèle une pratique journalistique bien éloignée de l’éthique qui devrait l’accompagner.
La manière dont les médias se sont emparés de ce qui s’est passé à bord du Thalys le 21 août dernier a montré un défaut d’information caractérisé par la surabondance sinon la surenchère narrative. C’est ce que j’ai mis en cause dans mon sujet de blog incriminé par Monsieur Danthe.
Il va de soi qu’entre confrères, on se ménage. Dès lors, pointer, comme je m’y suis employée, l’embrouillamini de la couverture médiatique des événements survenus à bord du Thalys, ne pouvait que déplaire à Michel Danthe.
De là à me voir en complotiste qui se défend de l’être comme il l’a précisé après ma réaction à sa première version mise en ligne d’hier, il y a un pas qu’il a cru bon de franchir mais qui ne l’affranchit pas pour autant.
Dans sa manière d’amalgamer deux visions d’un même fait, celle d’Hani Ramadan et la mienne, Michel Danthe a montré sa pitoyable excellence.
http://www.letemps.ch/Page/Uuid/44b933b8-4e45-11e5-81d9-3af08ac280c8/Hani_Ramadan_à_propos_des_Légions_dhonneur_du_Thalys_De_qui_se_moque-t-on
thalys
« Le Temps » édition en ligne de ce 29 août, à Michel Danthe, journaliste
Monsieur Michel Danthe cite mon sujet de blog:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/08/23/legion-d-honneur-aux-sauveurs-du-thalys.html
dans un article mis en ligne sur le site du grand quotidien suisse « Le Temps » de ce 29 août 2015.
Sa lecture particulièrement orientée et tendancieuse de mes propos m’a obligée à y réagir. Ainsi lui ai-je écrit ce qui suit:
Monsieur,
Je vous remercie de me citer. La moindre des politesses eût été de m’en informer comme je m’y emploie moi-même lorsque je cite les propos d’une personnalité quelconque.
Quant à votre lecture de mon sujet, elle découle d’une grille qui vous arrange.
La nuance que j’apporte vous échappe à l’évidence mais lorsque l’on veut faire dire à autrui ce qu’il n’a pas dit, les moyens justifient la fin.
Bien à vous,
Hélène Richard-Favre
Monsieur Danthe m’a alors répondu qu’il ne voyait pas « ce que la politesse viendrait faire là-dedans ».
Outre une nouvelle incompréhension de sa part des démarches que je poursuis pour tout sujet qui évoque une personnalité que j’estime légitime d’informer des propos que je tiens sur elle, il ajoute ses propres déductions.
Le voici donc qui m’écrit que je prendrais peut-être « peur » de mes « propres idées » et de « l’écho qu’elles peuvent légitimement susciter dès lors elles sortent (sic! Je cite) du cercle sans doute plus confidentiel qui est le sien habituellement »
Et comme il ajoute que « c’est avec plaisir que je lirai sous votre plume l’explication de la nuance qui m’aurait échappé », je la lui ai indiquée. La voici:
Merci de votre réponse rapide, Monsieur.
Quand j’évoque la règle de politesse, je ne songe à rien d’autre qu’au fait que si je parle d’une personne, je l’en informe car j’estime juste de procéder ainsi.
Je ne vois donc en rien de quoi je devrais « prendre peur ». Je constate par contre fort bien que vous déformez le sens de mon propos. Car le fait d’avoir exposé une difficulté à « adhérer à ce qui a été raconté » n’a strictement rien à voir avec une perception complotiste de l’événement dont il est question.
Si vous n’établissez aucune nuance entre une difficulté à adhérer à un récit et son rejet pur et simple en tant qu’il serait « complotiste », j’en suis navrée pour vos compétences linguistiques.
Car si vous aviez lu mon sujet comme il se doit, vous auriez compris que cette difficulté que j’expose est conséquente à l’embrouillamini des versions livrées par les médias. Elle ne tombe dès lors pas d’un ciel duquel pleuvraient les complots comme vous voulez le laisser entendre au public qui vous lira.
Quant à votre manière de faire se rejoindre mon sujet et les commentaires qui le suivent, elle démontre bien dans quel esprit particulièrement orienté vous l’avez lu.
Détourner son sens vous décrédibilise vous et ne saurait, dès lors, vous honorer.
Bien à vous,
Hélène Richard-Favre
Ainsi donc les héros du Thalys seront-ils reçus, demain, à l’Elysée où le Président Hollande les décorera de la Légion d’honneur.
Ce serait sous la pression de nombreuses personnalités politiques et de citoyens que la décision aurait été prise.
Embrouillé dans sa narration, truffé d’heureuses coïncidences, le scénario du train reliant Amsterdam à Paris a été rejoué en diverses versions jusqu’à celle qui vaut décoration.
Avec tout le respect dû aux passagers du Thalys et à leurs sauveurs, il semble tout de même difficile d’adhérer à ce qui a été raconté.
Autant certains actes odieux ont-ils été relativisés que celui-ci aura été médiatisé, peut-être et pourquoi pas parce qu’il a été évité de justesse.
Cependant, à suivre les diverses réactions à cette affaire, elles oscillent entre scepticisme et admiration quant à son heureux dénouement.
Saura-t-on jamais ce que ce passager armé jusqu’aux dents, aura eu l’intention de faire dans le Thalys lorsqu’il y est monté à Bruxelles?
Le fait est que grâce à lui, la France décore, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne s’honorent et que le cinéma français n’a pas perdu Jean-Hugues Anglade.