Un cinéaste est, certes, un créateur, un être humain et mérite toute la considération à lui apporter. Mais quand il se mue en terroriste? Quand il fait fi de vies humaines?
Quand il est prêt à tuer, quelle estime a-t-il d’autrui?
Il en a été question ici-même, rappelez-vous! Une polémique fait suite, maintenant aux conditions de détention dans lesquelles le cinéaste ukrainien purge sa peine.
Alors d’accord, les arguties des uns et des autres alimentent le débat. Il n’en demeure pas moins que le point de départ est l’acte terroriste que préparait Oleg Sentsov, clairement admis par un de ses complices.
La culture adoucirait les moeurs, selon l’adage.
A l’évidence et au point que l’auteur même d’un livre, Jonathan Littell pour ne pas le nommer, montre comment le mal qui est la question centrale de son ouvrage, peut s’accomplir sans le moindre remords par un être qui est loin d’être analphabète ou inculte.
Aussi bien, le lauréat du Prix Goncourt 2006, vole-t-il au secours du cinéaste prêt à tuer autant de vies que possible.
A partir de là, tout est permis et surtout le jugement du pouvoir russe.
Comment ne pas solliciter autant de ses détracteurs? Du pain béni, pour nos médias qui, eux, se chargent très souvent de désigner les bons criminels pour, surtout, les blanchir et les rendre victimes des mauvais.
Cette répartition arbitraire du bien et du mal, celui-ci étant le plus souvent à chercher du côté russe, lasse. Car se prévaloir d’incarner le bien pour, de facto, juger qui ne l’accomplit pas ne relève d’aucune objectivité.
On est dans le pur parti pris. L’admettre une fois pour toutes donnerait au moins à l’information sa juste mesure.
Ukraine
Les rédactions de nos médias n’en peuvent plus de commenter le départ du gouvernement d’un de ses ministres phare et l’éventuelle arrivée de son successeur, Genève s’anime sinon s’enflamme autour des agissements supposés mensongers du Président de son Conseil d’Etat, pendant ce temps-là, l’Ukraine -voire l’Europe centrale elle-même- risque l’embrasement.
Car après l’attentat qui a coûté la vie au dirigeant de la République Populaire de Donetsk auto-proclamée, les accusations sans preuve fusent. Qui a voulu la mort d’Alexandre Zakhartchenko? Pour les uns, c’est Kiev, pour les autres, c’est Moscou. Pour d’autres encore, il s’agirait là d’un règlement de compte entre bandes « mafieuses » ou « terroristes » rivales.
Quoi qu’il en soit, ce qui s’est passé hier au centre-même de Donetsk est, je le répète une fois encore, grave.
Pour qui incline à penser que le Kremlin aurait voulu se débarrasser d’un homme encombrant, il va de soi que les déclarations du Président de la Fédération de Russie ne ressembleront qu’à de simples formules.
A chacune et à chacun sa conception de condoléances présentées.
Mais si elles sonnent faux aux oreilles de nombre d’Occidentaux, à celles d’autres, elles résonnent dans un sens qui ne laisse rien présager de bon. L’avenir, sans doute proche, dira ce qu’il en aura été.
Ne reste plus qu’à souhaiter qu’il ne soit pas noir.
La nouvelle est grave.
Elle a été donnée, ici, par Charles 05, un intervenant de longue date de ce blog. Alexandre Zakhartchenko, le dirigeant de la République auto-proclamée de Donetsk est mort.
Il a été tué dans un attentat à l’explosif.
La nouvelle est grave car quoi que l’on pense de la situation dans le Donbass, elle nous concerne toutes et tous. Pour rappel, cette partie du Sud-Est de l’Ukraine se situe au coeur de l’Europe.
Il en a beaucoup été question, sur ce blog.
Dans nos médias, il y a longtemps que la guerre qui y sévit toujours, en dépit des accords de Minsk I et II, ne mobilise plus les rédactions.
La mort des unes et des uns, pire, le sort réservé à des enfants, ne semblent concerner que certaines parties du monde. Au meilleur ou fallacieux prétexte, peut-être, que l’on ne peut traiter de tout, bien sûr…
En hommage à cet homme, Erwan Castel, dont j’ai porté à votre connaissance certaines de ses publications en a partagé une que je vous invite à découvrir ici et que j’ai choisi de reprendre en capture d’écran pour illustrer ce sujet.
Combien de fois n’avons-nous eu droit à telle ou telle image d’enfants victimes de guerres?
Dans cette vidéo de 2 minutes 14, c’est un volontaire du Donbass qui s’exprime. Il est évident que son propos n’est pas neutre, sans quoi il ne se serait pas engagé aux côtés de ceux qui ont souvent été appelés rebelles ou pro-russes.
Cela n’empêche pas de prêter attention à ce qu’il nous apprend.
Sébastien Hairon vit à Donetsk et évoque le bombardement d’un parc d’attraction pour enfants. Pour se l’expliquer, il fait référence aux propos qu’avait tenus le Président ukrainien au sujet des enfants du Donbass.
Donc, vous l’aurez bien compris, le cinéaste Oleg Sentsov est accusé de terrorisme par Moscou.
On se mobilise, personnalités du monde du cinéma, médias évidemment et autres élus jusqu’au Président de la République française en personne.
Or que sait-on au juste de cet homme? Ce que nos journalistes, témoins interrogés à l’appui, veulent bien nous en dire.
Mais à lire ce sujet consacré au cinéaste, sujet écrit le 27 juin dernier, force est de constater que l’acte terroriste dont il est accusé, il le préparait bel et bien.
Alors? L’auteure de cet article serait-elle une affabulatrice? Mieux, un troll du Kremlin comme toute personne qui écrit sur la Russie de manière autre que celle qui doit être?
A vous de voir et de vérifier l’authenticité de la video indiquée par cette juriste et blogueuse. Mais le témoignage qu’on y découvre a sans doute dû échapper à nos compatriotes si soucieux du sort de ce cinéaste.
Après tout, on ne peut pas avoir connaissance de toutes les informations. Et puis, on sait que certaines sont aussi vite diffusées qu’elles sont reçues dans les agences de presse. Et rappeler le plus souvent possible combien la Russie de Poutine emprisonne, malmène jusqu’à ce que mort s’en suive devient presque la norme.
On l’a vu avec l’affaire Magnitsky et le film qui en rend compte mais qui n’a pas eu l’heur de plaire à Bruxelles qui en a tout simplement interdit son visionnement. Cela a été évoqué ici, dans le dernier paragraphe de ce sujet.
S’agissant d’Oleg Sentsov, le talent qu’on lui prête devrait-il l’épargner d’avoir reçu des explosifs comme en témoigne le militaire ukrainien dans le cadre d’une conférence organisée par l’OSCE?
Il déclare avoir lui-même fourni au cinéaste de quoi préparer un acte terroriste en Crimée et demande aux services spéciaux ukrainiens de trouver qui a trahi Sentsov.
Autant d’éléments qui laissent à penser que si Oleg Sentsov avait mis son projet à exécution et n’avait pas été livré par quelque traître que ce soit, des vies y auraient passé.
Périr dans un attentat fomenté par un cinéaste, l’une ou l’un des signataires de la tribune parue dans Le Monde, se le souhaiterait-il?
Vous le saviez sans doute déjà, pour celles et ceux qui diversifient leurs sources d’information. Pour les autres, eh bien voici qui leur donnera l’occasion de découvrir ce qui ne relève pas même de propagande russe.
Il s’agit de propos tenus par Robert Kennedy junior.
Qu’en conclure sinon que le procédé est tristement humain, connu et rôdé? Des intérêts en jeu, on mobilise toutes les forces à disposition pour les défendre. Et on attaque avec autant d’entrain ce qui émane du camp adverse.
C’est tellement simple et éprouvé qu’on retrouve la manière dans tous les conflits dominés par la plus mauvaise foi qui soit.
Alors?
Se faire une raison, non car la diplomatie existe et n’a de sens que de tout mettre en oeuvre pour calmer les ardeurs belliqueuses.
Cependant voilà, tous ne l’entendent pas ainsi et guettent du plus mauvais oeil leur perte d’influence à l’horizon. Pendant ce temps-là, les pertes civiles s’accumulent, qu’à cela ne tienne!
Et partout où la terreur s’exerce pour maintenir son emprise, les mots sont là, prêts à condamner avec la plus grande fermeté tel et tel acte qu’on se hâte de qualifier d’odieux.
Mourir sans comprendre pourquoi avait déjà été évoqué ici.
Ces victimes, dans le Donbass, interrogent et s’interrogent comme partout ailleurs dans le monde, lequel de ces cyniques va-t-en-guerre s’en préoccupe?
Une vie, c’est si peu…
Juste un peu nationaliste, pas comme d’autres qui font honte à l’Union Européenne!
On sait de longue date combien sont hypocrites nombre de prises de position énoncées par telle ou telle instance. On le sait si bien que de plus en plus de citoyennes et de citoyens ne se mobilisent plus tandis qu’on les y appelle.
On le constate, entre autre, aux minables scores réalisés après chaque scrutin proposé.
Voici un bel exemple de ce monde politique, hexagonal en l’occurrence, qui ne cesse de s’en prendre à telle mouvance ou parti nationaliste sinon fasciste.
Le 11 juin dernier, le co-fondateur du parti social-nationaliste d’Ukraine a été reçu à l’Assemblée Nationale et au Sénat. Certes, il l’a été en tant que Président du parlement (Rada) ukrainien.
L’homme n’en demeure pas moins connu pour son nationalisme, pour son antisémitisme et pour ses relations avec les milieux néo-nazis et fascistes ukrainiens.
Olivier Berruyer, qui tient le site Les Crises duquel a été prise la capture d’écran qui illustre ce sujet, avait prévenu de cette visite.
Je vous invite à lire l’ensemble de son article pour y découvrir ce qu’il en a été des honneurs rendus par la France à cette personnalité politique qui préside la Rada (parlement) ukrainienne.
Il est vrai, néanmoins, qu’il est bien plus aisé de conspuer une Russie qui compterait, dans les tribunes de ses stades, tant d’adeptes du nazisme alors que c’est par millions que ce régime a fait tomber les siennes et les siens.
Quant à la Crimée dont il est énoncé par ce grand humaniste qui préside le parlement ukrainien, qu’elle sera récupérée par son pays, il risque de se heurter à quelques résistance.
Pour rappel, voici ce que répondent la plus grande partie des Criméens quand on leur parle de cet avenir qui leur serait réservé.
A lire ce sujet de Franceinfo qui revient sur le faux assassinat du journaliste Arkadi Babtchenko, la question se pose vraiment de savoir ce qu’est le journalisme sinon la politique.
On sait, bien sûr, combien j’aime la Russie. Cela n’implique ni cécité ni haine envers quiconque ne partage pas le sentiment que je porte à ce pays.
Or, force est de constater que lorsque les pires procédés se mettent en place pour envenimer la relation si complexe entre l’Ukraine et la Russie, l’amertume envahit.
Car à parcourir ce qui s’énonce pour commenter la mise en scène macabre réalisée par Kiev, on comprend que tout est bon pour rappeler, par exemple, les méthodes pratiquées du temps de l’ex-URSS et créer, par là, un lien négatif entre les deux pays alors que tant d’autres dimensions les lient l’un à l’autre.
Il en ressort qu’aucune tentative quelconque d’entente n’est recherchée. Seul le rejet radical est encouragé avec tous les moyens à disposition pour l’ancrer de manière irréversible.
A cet égard, les différents échanges que j’ai pu avoir avec le journaliste de référence cité dans l’article ont révélé que les poursuivre relevait de l’espoir le plus fou sinon de l’impossible.
Je fais appel à vous, lectrices et lecteurs de ce sujet de blog.
En effet, vous avez sans doute toutes et tous appris comment ce journaliste russe d’opposition comme on dit, en clair, peu favorable sinon hostile à la politique du Kremlin, aurait été assassiné pour, soudain, réapparaître vivant.
Cela s’est passé en Ukraine. Et ce sont les autorités de ce pays qui ont communiqué à cet égard. Elles ont indiqué qu’il s’était agi-là d’une mise en scène.
Dont acte.
Mais si je fais appel à vous, c’est tout simplement pour vous demander ce que vous pensez de la manière dont il en est rendu compte par certains médias parmi lesquels, par exemple, France-Culture.
Je vous prie de bien suivre la manière avec laquelle un fait commis en Ukraine et reconnu comme il l’a été par les autorités du pays, en arrive à -presque- être imputé à la Russie.
Pourquoi je sollicite votre avis?
Pour être certaine d’avoir bien entendu et compris comment on parvient à ne pas parler du pays organisateur de cette macabre mascarade pour, bien plutôt, charger la Russie.
C’est bien, les rencontres au sommet. C’est bien de discuter de tel et tel front de guerre. Il le faut, on le sait et seule la diplomatie et la politique peuvent mettre fin à l’agression armée où qu’elle sévisse.
Avec quel succès, cela reste toujours variable et nombre d’accords dont ceux de Minsk en témoignent qui ne sont pas respectés.
Nous sommes, ici, dans des régions de l’Europe où sévissent toutes sortes de conflits sociaux, civils et autres. Mais là, à quelques heures de vol de nos capitales, c’est un tout autre scénario qui se joue.
Un pays, l’Ukraine en l’occurrence, est aux prises avec une violence qui ne semble plus vraiment intéresser nos médias. On ne peut évidemment pas couvrir tout ce qui se passe dans le monde, nul ne l’ignore, c’est pourquoi en parler ici peut au moins contribuer à ne pas laisser dans l’oubli cette humanité en souffrance.
Voici encore un témoignage que je vous invite à découvrir ici, celui de la Maire de Zaïtsevo.
Le village se trouve sur la ligne de front qui sépare les Républiques de Louhansk et de Donetsk du reste du pays. Coupé en deux, il est, comme l’indique cet article, le symbole de la guerre du Donbass.
Qui d’entre nous souhaiterait voir l’immeuble où il vit, les enfants qu’il a chéris, les proches qu’il a aimés, disparaître dans les ruines d’une guerre initiée pour le seul profit de puissants qui rivalisent de méthodes criminelles pour accroître encore et encore leur pouvoir?