Il a 25 ans, il est SDF.
Il avait un travail, il l’a perdu. Il avait une amie, elle l’a quitté, leur logement commun, il a dû l’abandonner. Désormais à la rue, il fait la manche pour s’offrir une chambre à l’Armée du Salut. Parce que dans un mois, il aura un emploi.
Il ne touche pas d’allocation de chômage parce qu’il est Français. Et en France, il n’a droit à rien parce qu’il a travaillé en Suisse. Ses parents? Ne semblent pas disposés à le soutenir. Telles sont les réponses qu’il a apportées à mes questions tout en voulant me rendre partie de ce que j’avais glissé dans sa main. Il était gêné de recevoir de quoi passer plus d’une nuit à l’Armée du Salut.
J’ai compris mais il faisait froid, ce soir-là, c’était dimanche, en ville et il y avait peu de monde dehors. De quoi y rester la nuit…
Avant de le quitter et après lui avoir suggéré différentes manières de subvenir à ses besoins peut-être de façon moins humiliante, je lui ai demandé s’il était allé aux Bastions, voir les « Indignés ».
Il m’a regardée, a réservé sa réponse et a souri.
L’expression de son visage était douce et son regard bienveillant. Il s’y était rendu, oui. Mais on lui avait répondu qu’on ne pouvait rien pour lui. Et puis, on a aussi ajouté qu’un ordinateur portable avait été volé. Dans le campement. Oui.
Alors il a compris.
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