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Hélène Richard-Favre

Culture, Economie, Histoire, Politique, société, Voix

Ce monde m’échappe

La Tribune de Genève informe qu’en juin prochain, « Le sommet pour la paix en Ukraine aura lieu au Bürgenstock ». L’article est réservé aux abonnés, les commentaires sont, je crois accessibles et valent qu’on s’y arrête.

Le journal gratuit 20 minutes, quant à lui, vous ouvre les portes du « mythique palace alémanique que les Romands ne connaissent pas ».

On nous montre un complexe de luxe dont on retrace l’histoire, on nous explique pourquoi « le sommet » y est organisé et pas, par exemple à Genève. Bref, on constate comment travaillent nos autorités.

Dépenser des millions pour parler de paix en Ukraine sans que la Russie n’ait son moindre mot à dire, c’est à se demander ce que signifie le mot « paix »!

Qui plus est, en parler dans le luxe d’un « resort » avec vue imprenable sur un cadre idyllique tandis que jour après jour depuis dix ans dans le Donbass,  la misère côtoie la mort, c’est à se demander comment s’opère le choix de lieux destinés à ces discussions.

Ce monde m’échappe.

Economie, Politique, société, Voix

Et hop, encore elle!

C’est amusant comme nos médias trouvent chaque jour – ou peu s’en faut –  de quoi pointer la Russie pour ses agissements ici ou là. En l’occurrence, voici un article selon lequel elle aurait corrompu des députés européens pour relayer sa « propagande ».

Il est évident que nos journalistes ne sont financés que par les groupes éditoriaux qui les emploient. Et que ces groupes n’ont rien à voir avec tel ou tel service de tel ou tel gouvernement.

D’ailleurs, en Allemagne, celui qui avait consacré un ouvrage à raconter comment les journalistes étaient achetés a mal terminé ses jours. Le malheureux est mort d’une crise cardiaque… c’est pas de chance. Jugez-en vous-mêmes!

Dans nos démocraties, l’argent ne se mêle pas d’acheter qui que ce soit. Ce genre de pratique si peu honorable est réservée à la Russie. À force de vous le répéter, vous allez quand même finir par y croire, non?

Culture, Economie, Histoire, Politique, société, Voix

On vous prive de vos revenus, on vous menace de mort, vive la démocratie!

Vous savez, bien entendu, que la Fédération de Russie serait une dictature, on vous le martèle chaque jour ou presque. Vous savez donc que toute parole qui ne va pas dans le sens établi y est prohibée, bannie, condamnée, on vous le répète à longueur d’articles ou d’interviews de « spécialistes ».

Vous savez combien le travail de journalistes hors système y est délicat voire impossible, on vous l’assène depuis des années. Vous savez tout cela sans éprouver le besoin de confronter vos informations à d’autres ou mieux encore, de vous rendre sur place si on ne vous a pas déjà dégoûté de ce pays que nombre d’entre nous ont l’audace d’aimer encore.

Et vous savez que nos démocraties, si ouvertes au multiculturalisme et attentives à son respect, ne cessent de clamer urbi et orbi leur attachement quasi viscéral à la liberté d’expression. Tout cela, vous le savez. Que vous le viviez, tant mieux pour vous mais que d’autres connaissent un sort adverse?

En voici un exemple éloquent.

Il s’agit de celui d’une jeune journaliste dont j’ai évoqué ici le travail. Anne-Laure Bonnel, reporter de guerre, a en effet perdu tous ses employeurs, a reçu des menaces de mort pour avoir osé un regard sur le Donbass qui a déplu et c’est un véritable euphémisme quand on apprend ce qu’elle a enduré pour avoir réalisé un film dans cette région du Sud-Est de l’Ukraine.

Au micro d’André Bercoff, de Sud Radio, elle revient sur ce qui lui est arrivé tandis qu’elle s’adresse à Rafaël Glucksmann qui ne vous est pas inconnu et dont il a été question ici aussi. Je vous invite très vivement à écouter ces quelques 17 minutes où l’on mesure ce qu’est une démocratie occidentale au regard de ce que celle-ci ne se prive pas de qualifier de « dictature ».

Ce que subit la journaliste Anne-Laure Bonnel est la criante démonstration, non seulement de l’hypocrisie que représentent nos soi-disantes valeurs mais surtout de l’intérêt morbide dont elles témoignent, en chargeant de tous les maux possibles et (in)imaginables un pays qui ne devait jamais devenir notre ennemi.

Et ce faisant, toute personne qui tente un autre éclairage sans même se déclarer « pro » ceci ou cela, chacune a droit à sa volée de bois vert dans le meilleur des cas, à ses oukases et ses menaces, dans le pire des cas. Comment appeler ce genre de régime qui vous prive de vos revenus, qui vous met à terre pour avoir osé montrer ce qui ne convenait pas?

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En ce 24 mars, jour de deuil national en Fédération de Russie, quelques précisions

À diverses reprises, j’ai publié ici des mises au point sur mes prises de position. Comme ce qui vise n’importe quel propos tenu, il est susceptible d’être saisi dans son véritable sens ou au contraire, détourné pour toutes sortes de raisons qui regardent la personne qui s’emploie à ce genre d’activité pour ne pas parler d’activisme.

La Russie, je l’ai découverte par sa musique et sa littérature. Et je l’ai d’emblée aimée. Cet amour m’a portée à en étudier la langue, l’histoire et la culture. Lorsque j’ai découvert Moscou et Léningrad du temps soviétique d’abord, rien n’a changé en moi, j’aimais résolument ce pays. Étais-je communiste pour autant? Non.

Cautionnais-je le régime en place? J’estimais ne pas avoir à me prononcer car il s’agissait d’affaires qui concernaient le peuple russe et soviétique. Devais-je pour autant me sentir complice de pratiques que d’autres dénonçaient? Non car j’avais choisi de ne pas me mêler de politique. Était-ce répréhensible et si oui, pourquoi?

Parce que je devenais complice? Parce que je ne me battais pas pour « la liberté »? Parlons-en! Or je n’avais pas envie, justement, de parler de cela. La Russie, je la vivais autrement. Devais-je m’en sentir coupable? Bref, tant de questions qui refont surface depuis le temps que je traite, ici, de ce pays qui m’est cher.

Elles reviennent, ces questions, car j’observe combien il est délicat de ne pas prendre parti comme tant d’autres le souhaiteraient ou s’y emploient. Elles reviennent, ces questions, car j’observe que ce qui a guidé mon choix de l’époque, à savoir étudier la langue et la littérature russe est perçu comme soutien désormais au « régime de Poutine ».

J’ai à de multiples reprises tenté d’expliquer comment je percevais la Fédération de Russie. Jamais je ne me suis posée en « experte » ou en « spécialiste ». Jamais. J’ai juste tenu à réagir à cette manière récurrente et particulièrement lassante sinon torve de traiter d’un pays et de son peuple au regard de partis pris affichés.

Mais c’était déjà trop. Déjà suffisant à me classer, à m’étiqueter. Comment voulez-vous que le monde vive en paix quand tant de ses fossoyeurs oeuvrent à l’oublier? Comment espérer le respect des peuples quand certains sont sans cesse décriés, méprisés, humiliés même? Et les contritions qui ont suivi le massacre de ce 22 mars à Krasnogorsk n’y changent rien.

Être sensible à tel peuple, à telle culture vous engage-t-il de facto au plan politique? Non! Et c’est ce que j’ai par tant de mes contributions ici tenté de partager comme message. Reçu parfois, soutenu d’autres fois, relayé de telle ou telle façon selon les intérêts en jeu, tel est le destin de tout propos émis, j’ai nourri l’illusion d’y échapper.

Pourtant, déclarer son amour de la France équivaut-il au soutien de la politique de l’Elysée? Aimer la Suisse se confond-il avec son Conseil fédéral, ou l’Iran avec ses mollahs? Quant aux Etats-Unis, qui les résumerait à sa seule Maison-Blanche? Les raccourcis ne mènent pas à la meilleure approche d’un peuple, de sa culture et de son histoire. Les raccourcis contribuent à soulager l’effort. En l’occurrence ici, intellectuel sinon mental.

En ce jour de deuil national, toutes mes pensées émues au peuple russe.

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L’Ukraine, refuge des uns, cible d’un autre

Les spécialistes de toutes disciplines invités dans les médias de l’Hexagone nous expliquent comment Vladimir Poutine récupérerait l’attaque du 22 mars pour en rendre l’Ukraine responsable.

Alors que cela « n’a rien à voir » est le message à comprendre.

Mais quand le magazine français Le Point, cité dans le précédent sujet de ce blog, publie en novembre 2019 que l’Ukraine est devenue un « refuge inattendu des leaders de Daesch », que lire?

L’article, pardi! Et le confronter aux analyses expertes qui mobilisent les esprits de tant de nos médias! Et s’interroger sur la question de savoir qui dit vrai ou ment.

Le journaliste du Point? Le Président russe qui dit avoir arrêté des terroristes s’apprêtant à rejoindre l’Ukraine? Mais tant de conjectures sont faites qu’on a toutes les chances de s’égarer.

Et d’oublier ce sang versé depuis dix ans que se déchirent deux pays que rien ne devait rendre à ce point ennemis.

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La mort ajoutée à la mort

Étrange, cet article du magazine français Le Point qui refait surface sur le réseau X, ex-Twitter.

Paru il y a plus de cinq ans, le 21 novembre 2019, son intitulé ne peut laisser indifférent à l’heure où, selon un communiqué diffusé hier soir, le groupe Etat islamique revendiquerait l’attentat commis à Krasnogorsk.

L’article du Point est en libre accès, je vous en recommande la lecture.

Et pour les paresseux, le titre suffira peut-être « L’Ukraine, refuge inattendu des leaders de Daesch en exil ».

Qu’un lien existe entre Daesch et l’Ukraine, nos « spécialistes » en discuteront. Ou pas. Le fait est qu’ajoutée à la mort qui saigne Russie et Ukraine, la mort d’innocents venus assister à un concert n’aide en rien.

Profonde sympathie à tant de familles et de proches encore une fois brisés par la violence.

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Parodie de débat sur la chaîne dite publique d’information, RTS

Caricaturale et fidèle à la ligne de la Radio Télévision Suisse (RTS ), son émission Infrarouge de ce 20 mars annonce un « débat » autour de la récente élection présidentielle russe. Aisé, le « débat » quand ses participant(e)s sont à peu près d’accord à quelques nuances de points de vue près.

Affligeante, pareille conception du « débat » au regard de la sacro-sainte liberté d’expression sans cesse rappelée avec fierté par nos démocrates convaincu(e)s de son respect dans nos pays à l’inverse d’autres comme et pour ne pas la citer, la Fédération de Russie.

On pourrait cesser de revenir sur le sujet tant il lasse et tant le combat paraît vain. Et pourtant, passer sous silence déni, ignorance et mauvaise foi serait honorer cette chaîne dite encore et toujours « publique d’information ».

Ce n’est pas le Président Poutine que je défends ici. Il n’est pas mon référent, je suis Suissesse et Française d’origine. Ce sont aux Russes que je connais et que je ne connais pas et dont je doute que l’idole née des cendres de son ex-époux soit leur tasse de thé.

Invité à ce « débat », Antoine Silacci, chef de la rubrique internationale de la RTS évoque une séquence médiatique russe qui moque la France. Les Russes devraient-ils se priver de leur forme d’humour qui s’inscrit pourtant dans une longue tradition?

Les Russes en ont vu d’autres que les gesticulations et les « débats » en leur nom. Et c’est leur Histoire qui les honore, la tragédie de cette Histoire et ses terreurs. Et qu’ils veuillent défendre leur sol, leur patrie les regarde.

Car lorsque vous entendez ce que « nos amis » états-uniens projettent de faire de leur pays, pensez-vous et leur reprocheriez-vous de se défendre, Monsieur Silacci? La Russie dépecée, son Président n’en veut pas. Ça devrait donc vous surprendre.

 

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Cette RTS qui interroge

La Radio Télévision Suisse (RTS) semble affectionner le questionnement pour ses émissions.

Il y a dix ans, en effet, j’avais été conviée -et pour la dernière fois- par la RTS  à « parler de la personnalité de Vladimir Poutine ». C’était en ces termes que le journaliste m’avait demandé si je serais d’accord de participer à l’émission.

C’était peu avant les JO de Sotchi.

Lorsque la veille de l’émission, j’ai découvert son intitulé sur le site de la RTS, je me suis sentie dupée. Car il n’était plus question de débattre de « la personnalité de Vladimir Poutine » mais de répondre à la question « Vladimir Poutine est-il un dictateur? ».

Le cadre était posé, le point d’interrogation n’y changeait rien.

Pas davantage ne change-t-il quoi que ce soit au prochain « débat » annoncé par la chaîne dite publique d’information. Jugez-en ici: « Poutine, saison 5: le pire est-il à venir? » Ce genre de question à peine rhétorique, je l’avais relevé lors de ce dernier passage sur les ondes, évoqué plus haut.

Le journaliste s’était défendu, écoutez comment ici.

Mais bon, comme il est devenu impossible de s’exprimer sur la Russie sans être immédiatement étiquetée « pro-Russe » dans le moins pire des cas sinon, « pro-Poutine » ou « membre des réseaux du Kremlin », autant dire le combat phénoménal.

Renoncer à le mener serait cautionner l’abus et le mensonge.

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Nazisme, le déni des nôtres, Slobodan dans la tourmente bien-pensante

Je connais Slobodan Despot à titre personnel. Nous ne sommes pas amis proches, je ne partage pas toutes ses prises de position. Ceci étant dit, il m’importe de partager avec vous cette émission de radio diffusée chaque dimanche sur les ondes de la Radio Télévision Suisse (RTS) et dans laquelle il intervient en tant que chroniqueur.

Ce 17 mars, tout commence dans la bonne humeur, les participants échangent et rient jusqu’à cet instant où la tension entre eux montent d’un cran. A priori, rien de grave, ce sont des choses qui arrivent et l’animateur intervient pour calmer le jeu. Sauf que si vous suivez bien le déroulement des débats, vous mesurerez comment Slobodan Despot est décrédibilisé.

Ses propos sont pourtant accompagnés de preuves, il cite entre autres Times of Israël mais on s’arrange pour faire en sorte que ce qu’il a dit soit dénié ou ramené à cette désormais si célèbre et encore plus depuis ce week-end, « Russie de Poutine ». Mieux encore, deux grands quotidiens helvètes, Blick et 24 heures, en font leurs choux gras.

Il est beaucoup question de « lignes rouges », ces temps. Là, elles sont allègrement franchies en défaveur d’un homme qui énonce des faits que ses interlocuteurs sont littéralement incapables d’intégrer. Cela me rappelle la scène vécue avec un ami au cours de laquelle je lui avais relaté le cynisme avec lequel Georges Friedmann exposait ses visées sur la Russie.

Incapable d’admettre que la Russie était la cible des Etats-Unis et que tout cela était très clairement expliqué dans cette séquence, il a préféré me tourner le dos et rompre un lien d’amitié noué du temps de nos études de russe. J’étais résolument du mauvais côté, lui du bon.