Dire du port du voile qu’il fait polémique est un euphémisme. En traiter de manière moins clivante que ce qu’on peut entendre ou lire à longueur d’ondes et de colonnes n’est pas dénué d’intérêt.
Dans ce sens, l’initiative prise par Le Monde de donner la parole à des femmes musulmanes françaises apporte quelques éclairages qui valent d’être pris en considération même si certains d’entre eux ne sont pas inconnus.
Par exemple, cette femme explique que, sa mère, originaire d’Algérie était analphabète, elle se voilait sans se poser de questions, parce qu’elle n’avait pas le choix. Moi, je suis née ici, je me bats pour le porter. Et elle le fait contre l’avis de ses parents. Ils se sont battus pour s’intégrer, ils me répétaient que j’étais en France et que j’étais libre, mais pour moi, c’était une façon de me réapproprier ma féminité et de m’affirmer.
Et puis, il y a ce genre de déclaration: Nos mères ou nos grands-mères n’étaient pas françaises, elles ne savaient pas forcément pourquoi elles portaient le voile. Moi, je suis née ici, c’est mon pays ici, j’ai le choix et le droit d’être qui je suis.
Quant à la conclusion de l’article, elle ne manque pas non plus de piquant.
Pour deux des femmes interviewées par Le Monde, en effet, il n’y a pas lieu de parler de ce qu’endurent des femmes d’autres pays car leur situation n’a rien à voir avec la leur. Ici, nous sommes en France, ici, nous avons le choix, arrêtons les amalgames et le soupçon et faites-nous confiance.
On sent là le besoin de s’affirmer non seulement par rapport à leurs mères qui ont vécu dans la peur, en France mais aussi par rapport aux femmes, ailleurs dans le monde, qui, elles aussi vivent dans la peur.
En d’autres termes, ces Françaises musulmanes mettent à profit les privilèges accordés par leur pays de naissance et y ajoutent leur liberté de porter le voile qui, selon elles, est un symbole de spiritualité et de pudeur.
Ca se discute.
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