L’être contemple ce qu’il a cru aimer et partager, la vie. Avec ou sans émoi, c’est selon.
Destins
Svetlana Iossifovna Allilouïeva était connue aussi sous le nom de Lana Peters. Née à Moscou en 1926, elle vient de mourir dans le Wisconsin, état du Middle West des Etats-Unis. Seule fille de Joseph Staline, elle était issue d’un second mariage avec Nadejda Allilouïeva-Staline. Il a été écrit de celle-ci, qu’elle s’était suicidée, Svetlana était alors âgée de 6 ans quand elle a perdu sa mère. Sa vie a été mouvementée, déchirée autant sur le plan affectif que géographique. Svetlana a été mariée trois fois et a eu trois enfants de ses maris successifs. Un fils et deux filles. En 1967, elle fuit l’URSS et demande l’asile politique aux Etats-Unis dont elle obtient la nationalité. En 1984, elle revient en URSS mais regagne les Etats-Unis deux ans plus tard, en 1986. Svetlana est décédée des suites d’un cancer du côlon dans l’anonymat sinon l’indifférence. http://www.lefigaro.fr/international/2011/11/29/01003-20111129ARTFIG00459-la-fille-unique-de-staline-meurt-aux-etats-unis.php
Qu’il soit du côté des bons, des méchants, de tous ou de personne parce qu’il serait mort comme l’a écrit Nietzsche, ici c’est une expression, une injonction, à Dieu, à un être, inconnu, (sur)homme, héros…
ou le titre d’une chanson d’Edith Piaf:
http://www.youtube.com/watch?v=QQriT6eUDTk&feature=related
Qui n’a un jour entendu s’exprimer ainsi une personne au sujet d’une autre? La diable est-il pauvre, allez savoir… Le diable a en tout cas le plus souvent du fil à retordre avec qui se mêle de le confronter. Diable, entend-on aussi s’exclamer qui manifeste sa surprise, son étonnement. Dieu que c’est beau, bon et réconfortant de savoir que le diable est responsable de (tous) nos maux et de ceux de la Terre sinon encore de ceux du Ciel si l’on en croit ceux qui s’en plaignent parfois. Le diable sévit-il que Dieu est invoqué pour qui croit à l’opposition qui les caractérise. Mais qu’en est-il de laïcs ou d’athées, d’agnostiques ou de tout autre qui doute de ces entités? Certains se posent des questions, en posent et cherchent, des solutions, des moyens de régler un mal qui anéantit la vie et le courage de l’affronter encore. La destruction de l’être n’égale pas celle d’avoirs. Est-il nécessaire de les distinguer? La question reste ouverte. Que Dieu soit présent ou absent, que le diable ait une existence ou non, les moyens de savoir comment s’accommoder d’un mal qui saccage le désir de vivre, reste un problème réel constant. Nul n’est à l’abri de ce qui anéantit ou élève. Les exemples ne manquent pas, il serait bon de se les rappeler. Stigmatiser le coupable ou se poser en victime n’est pas résoudre le problème que pose le mal. C’est décider que les bons sont d’un côté et les mauvais de l’autre.
De quoi s’indignent les Indignés? Un jeune Indigné, très motivé, engagé et sincère dans ses idéaux, m’avait dit lors d’un long entretien que nous avions eu aux Bastions début novembre, que certains SDF perturbaient les assemblées. En quoi la réalité des Sans abri est-elle de trop au milieu des propos tenus et affichés par les Indignés? La misère ne se résout pas par des mots seulement. Lutter contre elle, c’est bien. Mais la rejeter hors de la scène qui en parle?
Danielle Mitterrand sera enterrée au cimetière de Cluny tandis que François Mitterrand, lui, repose à Jarnac. Ce choix marque l’enracinement de Danielle Mitterrand dans un lieu autant que dans l’histoire de sa famille qui a rejoint l’Histoire. Danielle Mitterrand, née Gouze en 1924 à Verdun, a certes rejoint la Résistance très jeune. Mais avant elle, son père. Directeur d’école, c’est à Cluny que celui-ci avait trouvé refuge en 1940. Pour avoir refusé de dénoncer les élèves juifs de son collège. Les hommages se succèdent pour dire combien Danielle Mitterrand était une femme déterminée. Une personnalité mue d’une énergie exceptionnelle, telle est l’image que je conserve d’elle. Sa présence, son regard emplissaient la maison de famille de Cluny, ce jour de novembre où je l’y avais rencontrée. C’était aux obsèques de son frère.
Pour celles et ceux qui douteraient encore, cet article du JDD devrait peut-être leur remettre les idées en place: http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/DSK-et-Anne-Sinclair-a-Tel-Aviv-425989/ Mais on le sait, les idées fixes ont la dent dure. Pourquoi persister à parler ici de ce couple, je m’en suis expliquée dans de précédents sujets de mes deux blogs. Il s’agit de situations humaines avant d’être politiques au premier degré et people au dernier degré. N’importe quel couple peut être sujet à ce genre de problématique, exception faite de sa violente mise sous projecteurs du fait des personnalités concernées. Evoquer ou non « la maladie » de DSK ne semble plus rien changer au mal qui a frappé, décuplé par la stigmatisation qui en a été faite et qui a fini par inspirer le contraire de ce qu’elle visait.
Corps dévastés
Le cinéma s’est emparé de l’histoire de Philippe Pozzo di Borgo, il le devrait aussi de celle de Dominique Strauss-Kahn. Mis à part tout ce qui se lit et se dit sur les deux hommes, tous deux partagent le mal qui dévaste le corps. Par le besoin de fuite de l’un et l’accident qui a suivi, par la maladie inavouée de l’autre et la sanction qui l’a frappée. Leur vie à chacun, même sublimée pour l’un et encore en mêlée pour l’autre, reste à porter et supporter.
L’avant-dernier sujet posté par Anne Sinclair sur son blog, Deux ou trois choses vues d’Amérique, date du 11 mai 2011. Son titre, « Et maintenant… » évoque la mort d’Oussama Ben Laden Dix jours après les soupirs de soulagement des Américains, l’heure est désormais à l’analyse. Au premier abord, tous semblent converger vers la même conclusion : certes, la mort d’Oussama Ben Laden est une étape historique, qui permet aux Américains de tourner la page des attentats du 11 Septembre, mais elle est loin de mettre fin à la lutte contre le terrorisme. Et quand on s’éloigne de la facilité du constat pour poser la question des conséquences sur le futur de la politique étrangère américaine et de la redéfinition des objectifs et priorités, peu de choses semblent avoir changé. » Et Anne Sinclair de conclure: « Loin de vouloir définir ce que tous appellent désormais l’ »après-Ben Laden », la Maison Blanche cherche, elle aussi, à engranger des points et profiter de cet apaisement dans les sondages pour revenir à un dossier des plus sensibles, celui de l’immigration. (…) Autrement dit, il a vite compris que seule la situation intérieure économique et sociale, voire sociétale, fera l’élection et qu’il s’agit de profiter de l’embellie – relative – pour avancer. Mais Dieu que les victoires sont fragiles! http://annesinclair.typepad.fr/journal/2011/05/et-maintenant.html Trois jours plus tard, le 14 mai à l’aéroport JFK de New York, son mari est arrêté, placé en garde à vue, inculpé, menotté et emprisonné. Tisser des liens entre Ben Laden et DSK n’est pas la raison de ce sujet. Il est question, ici, d’évoquer une femme. Anne Sinclair n’est de loin pas la seule qui ait donné d’elle-même à un homme. De nombreuses inconnues, illustres ou non, ont agi dans ce sens. Soumises, dépendantes, ambitieuses, passionnées, est-ce si important de les définir? Et pourquoi le faudrait-il plutôt que de noter leur présence aux côtés d’un homme pour l’accompagner dans une épreuve? Certes, DSK est coupable, certes il a fait du mal et beaucoup de mal mais à qui aussi, sinon à Anne Sinclair elle-même? Qu’on aime ou non ce couple, la question n’est pas là. L’important à retenir de cette affaire est le cas de figure qu’il représente. Unique, non, sans doute pas. Mais exemplaire à bien des égards. Car il ne s’agit pas de réduire deux personnalités à leur comportement. Il s’agit de comprendre comment s’articulent intelligence, réussite, fortune et sentiments. Anne Sinclair est une femme brillante, qu’on l’apprécie ou non. Anne Sinclair est riche, on l’a lu et entendu partout dans les medias. Anne Sinclair est une mère, Anne Sinclair est une épouse, Anne Sinclair est sous les feux de tous les projecteurs. Anne Sinclair est une femme qu’on peut admirer pour le courage et la force de caractère dont elle fait montre chaque jour qui passe depuis que son blog s’est arrêté juste après cet avant-dernier sujet, « Et maintenant… » qu’elle termine ainsi: Mais Dieu que les victoires sont fragiles!
Un mal, un destin
Il est des destins qu’un mal-être détruit ou exalte. Banal. Et pourtant à vivre. Quand tout s’offre, gloire, réussite et éclat et que le mal sévit à l’intérieur de soi, rien ne s’y oppose. Pauvre, riche, digne ou indigne, il frappe à l’aveugle. Alors, se battre pour des conditions existentielles meilleures, bien sûr qu’il le faut. Mais oublier que la lutte contre soi est la plus risquée à mener, cela jamais. Car le mal de l’être n’intéresse personne. Pis, ne résiste le plus souvent à personne.