Au prétexte que l’être serait condamnable au plan d’une morale qui veut s’instituer, toute autre qualité qui l’honore est de facto exécutée.
Aussi bien et quels que soient les dons avérés d’une personne, a-t-elle à subir le verdict prononcé par un aréopage de censeurs.
Pire encore et toujours au nom d’une morale qui ne concerne que certains intérêts avancés comme valeurs, on jette des oeuvres d’art en disgrâce quand on ne les retouche pas selon le consensus en vigueur.
Exclure un talent, une oeuvre ou toute autre personnalité au nom d’une idéologie imposée, c’est se livrer à une pratique totalitaire.
C’est surtout confondre l’être et la sublimation.
Et abolir ce qui les différencie, c’est projeter le premier avec l’éthique qui le régit sur la seconde et l’esthétique qui l’organise.
Destins
Le Parti socialiste vaudois a donc choisi qui le représentera pour l’élection au Conseil des États.
Il s’agit d’une personnalité de la vie politique helvète qui s’était, entre autre, fait remarquer pour la conception qu’elle avait énoncée de son pays lorsqu’un certain 1er août, elle avait déclaré que « LA Suisse n’exist(ait) pas ».
Il en avait été question ici.
« LA » Suisse, s’était-elle ensuite expliquée, n’est pas « la » Suisse. Les majuscules mises à l’article défini faisant du pays, selon elle, un ensemble de citoyennes et de citoyens.
La formulation a néanmoins suscité de violentes réactions à l’encontre d’Ada Marra.
Si la Suisse a un sens pour nombre d’entre nous, il est évident qu’Ada Marra en a, elle aussi un pour celles et ceux qui l’ont choisie plutôt que son collègue de parti Roger Nordmann.
A lire certaines réactions sur un réseau social qui ne les a pas censurées, on peut toutefois constater la haine que suscite la socialiste vaudoise alors que contester sa formule aurait alimenté un débat plus constructif.
Mais non, le torrent de boue coule sans contrevenir aux « standards de la communauté ».
Je ne partage pas les idées d’Ada Marra. Mais encore moins la manière brutale de s’en prendre à sa personne. Car elle n’honore ni les Suisses, ni la ou LA Suisse.
Après le score obtenu par le vainqueur de l’élection présidentielle ukrainienne, pourtant important, nulle part dans nos médias, n’a-t-il été qualifié de « soviétique » ou mieux, de « stalinien ».
Pourtant, avec ses 73% de voix, Volodymyr Zelensky le frise, ce score.
Vu le nombre de « spécialistes » qui se sont déjà prononcés sur le résultat de cette élection, inutile d’en rajouter. Ce d’autant que ses suites restent largement imprévisibles.
Et c’est sans doute là ce qu’il y a de plus positif ou de plus inquiétant selon qu’on espère le meilleur des destins à l’Ukraine ou qu’on redoute le pire qui puisse lui arriver.
Ce que l’on peut constater, en tous les cas, ce sont les réserves et les nombreuses nuances de la couleur qui vous siéra, qui ont été émises dans nos médias occidentaux.
Et rien que cela est déjà à prendre en considération.
A titre d’exemple, voici cet article du journal « Le Monde » dont on sait le peu de sympathie affichée pour la Russie et, de fait, le parti d’emblée pris pour l’Ukraine que, pour ma part, je me suis toujours refusée à rendre « ennemie » de sa grande voisine, trop de liens, même tendus, existant entre ces deux pays.
Ainsi va la guerre, qui ne fait aucun cadeau, diront peut-être certains esprits malins sinon avisés. Bien sûr, sauf que ce qui nous est rapporté là ne risque sans doute pas de faire la une de nos médias.
Il faut dire, à leur décharge, que tant de fronts meurtriers sont ouverts sur la planète que tous ne peuvent être couverts. Certes, et des priorités existent aussi, qui le nierait?
Ce que nous apprenons, dans l’article d’Erwan Castel, est la manière avec laquelle non seulement les accords de Minsk mais la trêve de Pâques ont été respectés dans cette région devenue plus que sinistrée du sud-est de l’Ukraine.
En tant que citoyenne d’un pays et d’une ville qui a vu naître cette si vénérable institution qui recueille autant d’éloges de par le monde, je veux parler ici du CICR, il m’est impossible de rester insensible à ce qui se déroule à nos portes.
Et si, en parler autrement que ne le font la plupart de nos journalistes, me vaut d’être perçue comme fréquentant des mercenaires, je vous invite à lire les précisions qu’a tenu à apporter Erwan Castel à ce terme.
A lire certains commentaires publiés après l’arrestation de Julian Assange, hacker pour les uns, journaliste pour les autres, violeur de secrets d’états aux Etats-Unis sinon de femmes en Suède, défenseur de la liberté d’expression, les suites de son arrestation demeurent plutôt imprévisibles.
Si l’on se fie aux déclarations faites par le Président de l’Equateur, le fondateur de Wikileaks ne devrait pas être extradé vers un « pays dans où il se retrouverait face à la torture ou à la peine de mort ».
Ce qui n’empêche pas la multiplication de craintes émises ici et là.
Au vu de tant d’inconnues qui entourent cette affaire, difficile de se prononcer. Nul doute néanmoins que de très nombreuses personnes doivent s’activer à faire valoir leurs priorités et leurs prérogatives.
Les luttes sont âpres entre les Etats et leurs services diplomatiques sont là pour les apaiser. Or dans le cas concret, il semble bien que tout se passe à un niveau autre.
Nombre de paramètres échappent pour être en mesure d’émettre le moindre avis ou pronostic possible.
Vous l’avez toutes et tous appris, Julian Assange a été arrêté à Londres par la police britannique.
Pour commenter l’événement, la Radio Télévision suisse (RTS) a invité l’ancien rapporteur sur les prisons secrètes de la CIA pour le Conseil de l’Europe.
A noter, par exemple, que TF1 a juste évoqué le cas et même pas en une de son 20 heures.
Peut-être parce que, comme l’énonce le conseiller juridique de Julian Assange dans une émission de la même RTS, il s’agirait là d’« un grand sentiment de honte pour l’Union européenne dans son ensemble et pour le Royaume-Uni en particulier ».
Le fait est qu’entendre Dick Marty, ce 11 avril au soir dans le cadre du téléjournal suisse a de quoi interpeller.
A cet égard, saluons l’invitation qui lui a été faite de s’exprimer!
Demeure malgré tout la question des chefs d’accusation portés à l’encontre de Julian Assange comme celui de viol, pour ne citer que celui-ci.
Il est dit « classé », souhaitons-le pour tous, victimes et prévenu!
Il semble qu’être cinéaste, ukrainien et accusé de terrorisme par les Russes soit plus porteur, en France et pour l’Union Européenne, que d’être PDG, franco-libano-brésilien et mis en examen par les Japonais.
Mieux encore, être arrêté pour soupçon d’acte terroriste contre la Russie vaut d’être distingué et récompensé.
Carlos Ghosn, incarcéré pour abus de confiance aggravé après avoir porté au premier rang mondial de l’industrie automobile, Renault-Nissan-Mitsubishi ne reçoit, en retour et avant tout, que flots d’injures et de haine.
En quoi diffèrent le sort de ces deux hommes sinon que tous deux clament leur innocence et que le premier est entendu, mieux, honoré alors que le second reste inaudible et pire, voué aux gémonies?
Aussi éloigné soit-on du milieu socio-économique de Carlos Ghosn, rien n’interdit de réagir au vide sidéral de ses soutiens et aux flots boueux de commentaires drainés par sa condamnation.
Mais c’est rêver, sans doute, que cesse le deux poids deux mesures quasi institutionnalisé…
Toutes et tous autant que nous sommes à nous exprimer qui, par un statut, une posture, qui par un écrit, un discours, une action ou une cause, quelles chances sont les nôtres d’influencer les pouvoirs qui nous gouvernent?
Souvent, la question, je me la pose et aujourd’hui, je vous la soumets.
Vaste, elle l’est sans l’ombre d’un doute et y répondre exigerait presque qu’on y consacre une étude. Cependant la quête solitaire a ses limites. Même ensuite soumise à des pairs, elle reste le fruit d’une réflexion menée à l’écart d’un monde qui se transforme presque sous nos yeux.
En cause, entre autre, la vitesse par laquelle nous parviennent les informations d’un bout à l’autre du globe. Même triées par des agences, elles se confrontent à celles que rien n’élabore sinon l’instant qui les capte. Et de plus en plus, celles-ci sont diffusées.
En effet, souvent au gré d’émissions de télévision, des vidéos ou des images prises par des anonymes sont partagées du seul fait qu’elle rendent compte de ce qui s’est passé sur des lieux où n’ont pu être présents des journalistes professionnels.
Tel est le contexte que nous vivons, qui fait de n’importe qui un témoin, un « acteur » comme on dit.
Sauf que… sauf que les anonymes ne se valent pas tous, tant le filtre de ce qui doit ou peut être énoncé et montré ne paraît pas près d’être oublié. Autrement dit, si n’importe quel quidam, de nos jours, s’improvise reporter, la considération qui lui est apportée diverge.
Et cela seul indique combien, sous des apparences de liberté et d’égalité entre citoyen(ne)s demeurent des préférences.
Car au nom de l’ouverture à toutes et à tous, nos sociétés si démocratiques savent en réalité fort bien sélectionner. Tous les jours, on l’observe. Tous les jours, on s’élève contre ce fait. Pour quel résultat, telle est la question que je ne cesse de me poser et que je vous soumets.
Différentes initiatives ou décisions prises par des proches m’interpellent, que je souhaite partager ici avec vous.
Par exemple, cet ami, Maire d’une commune de France qui lutte pour préserver les artisans boulangers du lieu, que menace l’implantation d’une boulangerie industrielle. Son combat, courageux, est soutenu par des groupes commerciaux et économiques de la région.
Par exemple, cet autre ami qui participe au lancement d’un collectif qui vise à redonner confiance en l’action politique. Recréer des vocations en dehors des grands partis politiques, tel est l’enjeu poursuivi.
Voici là de quoi se réjouir alors que dans le même temps, à lire ce communiqué d’un autre ami encore, on aurait de quoi s’inquiéter de l’avenir de nos démocraties.
Ces trois personnes citées, je les ai connues par le biais de différentes activités.
De toutes, je salue l’engagement, tant il est vrai qu’il doit faire face à un système de pensée qui dispose de puissants moyens pour s’imposer tandis qu’il n’a de cesse de prôner la liberté d’expression.
Bravo à vous, les amis et puisse votre combat rendre leurs lettres de noblesse à nos démocraties avant qu’elles ne soient plus que l’ombre d’elles-mêmes.
capture d’écran La Croix
En ce jour dédié à la femme, aux femmes, à choix, toutes sortes de manières s’affichent de dire l’estime, l’amour ou autre considération qu’on leur porte.
Alors que les différences de traitements réservés aux femmes et aux hommes occupent les milieux culturels, médiatiques et politiques, il n’est pas interdit de s’arrêter sur semblable mobilisation.
Il apparaît en effet préjudiciable, autant pour les femmes que pour les hommes, de monter les unes et les uns ou l’inverse, les uns et les unes contre les autres.
Définir des rôles telles que ceux d’agresseur et de victime, le premier aux hommes, le second aux femmes, équivaut à catégoriser et, de fait, à reproduire un schéma qui classe.
Nombre de femmes ont été et sont estimées et reconnues.
L’Histoire et l’actualité en témoignent. Et aussi bien révèlent-elles, cette Histoire et l’actualité, combien d’hommes ont été et sont déchus ou brisés.
Violer est un crime. Et on sait qu’il concerne 685 femmes par jour! Mais réduire l’homme à sa dimension la plus primaire, est-ce vraiment raisonnable?
Cette question, il me tient à coeur de la poser en ce 8 mars, merci à toutes et à tous de vos réactions.