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Culture, Histoire, Voix

Dostoïevski, un monde…

En ce 11 novembre, Dostoïevski célèbrerait son 200e anniversaire.

A cet immense écrivain, me lie l’intensité d’un sentiment qui n’a jamais faibli depuis l’adolescence et la lecture de son roman « Les Frères Karamazov ». C’est à cette époque que j’ai décidé, sitôt mes études secondaires achevées, de m’inscrire à la Faculté des Lettres de Genève pour étudier le russe.

Dans ce sens, retrouver la Russie comme écrivain dans les années 2000 alors que je ne m’y étais plus rendue depuis l’époque soviétique où j’y avais séjourné comme étudiante, et recevoir pareil honneur de la part de l’Institut français de Saint-Pétersbourg, ne peut qu’exalter le lien si intime que j’entretiens avec Dostoïevski.

Toutes les fois que j’arpente les rues de Saint-Pétersbourg, je sens l’écrivain les hanter.

Mais à Genève aussi, il est présent. Ne serait-ce que par les lieux où il a vécu,  parmi lesquels le 16, rue du Mont-Blanc dont la photo illustre ce sujet ou, plus triste, par la petite tombe du Cimetière des Rois où repose sa fille Sophie, née en février 1868 et si vite disparue en mai 1868, à pas même trois mois.

De nombreux ouvrages et autant de colloques ont été consacrés à Dostoïevski. J’ai, pour ma part, eu le privilège d’être invitée à participer à l’une des journées qui lui est chaque année dédiée à Saint-Pétersbourg, le 1er dimanche du mois de juillet.

J’avais évoqué en quoi l’épilepsie dont souffrait Dostoïevski m’apparaissait comme  « le mal à l’oeuvre ». J’y avais aussi parlé de son roman « L’Idiot », sans doute inspiré par l’effet qu’avait produit sur lui le tableau du « Christ au tombeau » de Hans Holbein le Jeune, exposé au Musée des Beaux-Arts de Bâle

Si Dostoïevski est mort à Saint-Pétersbourg peu de temps après avoir écrit « Les Frères Karamazov » sous la forme que nous lui connaissons alors qu’il la considérait inachevée, c’est à Genève que Dostoïevski a écrit l’essentiel de  « L’Idiot ».

Genève, qu’il n’a vraiment pas aimée, on le sait…

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A propos … de beauté et de Dostoïevski

Dans l’émission « La Grande librairie » d’hier, 30 juin, il était question de poésie, de langue et de beauté.

On y découvrait un Sylvain Tesson plus inspiré que jamais, des jeunes lire de la poésie, oui, cela existe encore… Et ces jeunes ne sont pas des exceptions qui confirmeraient la règle selon laquelle ils ne liraient plus.

Quoi qu’il en soit, en cours d’émission,  lorsqu’il a été question de beauté, c’est à nouveau à ce sempiternel « la beauté sauvera le monde » qu’on a eu droit.

Or ce qu’a écrit Dostoïevski est bien plus subtile! Je l’avais rappelé ici, déjà.

Dans  son roman L’Idiot, il fait s’adresser Hippolyte Terentieff au prince Mychkine  et montre comment le premier fait de son interrogation une affirmation:

«  Est-ce vrai, prince, que vous avez dit, une fois: « c’est la beauté qui sauvera le monde? »  Et Hippolyte Terentieff de poursuivre: Messieurs, (…) le prince prétend que la beauté sauvera le monde! »

Ce qui apparaît donc bien, dans cet échange entre les deux personnages du roman, est l’absence de réponse du prince à la question qui lui est posée sur ce qu’il aurait dit de la beauté.

Mais Terentieff fait de sa question une affirmation.

Et c’est exactement ce qui se produit lorsqu’on prétend que Dostoïevski aurait écrit que « la beauté sauvera le monde ». C’est aussi faux que réducteur car ce qu’a montré l’écrivain est infiniment plus fin.

En l’occurrence, dans L’Idiot, ce qui est mis en avant par Dostoïevski est l’énigme que représente la beauté.

Culture

Dostoïevski et la beauté

Il a souvent été énoncé, à tort, que Dostoïevski aurait écrit de la beauté qu’elle sauverait le monde.

Non, le grand écrivain russe a fait s’adresser un de ses personnages à un autre de manière interrogative. Hippolyte Terentieff, en effet, pose la question au prince Mychkine, dans le roman L’Idiot.

«  Est-ce vrai, prince, que vous avez dit, une fois: « c’est la beauté qui sauvera le monde? »  Et Hippolyte Terentieff de poursuivre: Messieurs, (…) le prince prétend que la beauté sauvera le monde! »

On le voit, dans le roman lui-même, la question posée passe à l’affirmation sans preuve énoncée par celui qui, d’abord, interroge.

En l’occurrence, dans L’Idiot, c’est avant tout l’énigme que représente la beauté qui est mise en avant. Le salut qu’elle serait susceptible d’offrir ou non est une des manières de l’envisager.

En cette veille de Noël, célébré au gré de traditions, de coutumes et de circonstances toutes relatives, rappeler cette beauté dont Dostoïevski a tenu à signifier la force du mystère, c’est rejeter ce qui la dénie.

Culture, Histoire

La vie, la langue, la culture

Le 3 juin dernier, j’étais l’invitée de la librairie PAYOT Rive-Gauche à Genève pour présenter et débattre de mon ouvrage Eclipse d’un poète solidaire.
https://www.payot.ch/Detail/eclipse_dun_poete_solidaire-helene_richard_favre-9782917329863
A cette occasion, un bouquet de fleurs m’a été remis de la part d’un ingénieur français. Celui-ci, dans le cadre de sa profession, s’était rendu à Donetsk dans le Donbass, en 2015.
Sachant qu’il avait été invité à la présentation de mon livre, un député de la République de Donetsk avec lequel il est resté en relation, l’a chargé de me remercier de la mobilisation dont j’ai fait preuve en faveur d’une information autre que celle qui était majoritairement diffusée sur le Donbass.
Les fleurs qui m’ont été offertes, l’ont donc été de la part de cet élu.
Mon engagement dans le cadre de la guerre en Ukraine a toujours été accompagné du voeu de voir la diplomatie l’emporter sur les armes. Je m’en suis souvent ouverte dans mes diverses interventions dont la dernière encore, au Club suisse de la presse, le 2 mars 2016.
Ce soir, je suis invitée à m’exprimer sur Dostoïevski dans le cadre d’une soirée consacrée à l’épilepsie et l’expression artistique:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/06/04/ce-%C2%A0haut-mal%C2%A0.html
Entre l’approche que j’ai livrée de Dominique de Villepin, mon engagement dans le cadre de la guerre en Ukraine et mes interventions sur Dostoïevski, le lien passe par la relation qu’entretiennent entre elles la vie, la culture et la langue.

Culture

Ce «haut mal »

En juillet 2015, j’avais été invitée à parler de Dostoïevski dans le cadre de Journées qui sont organisées chaque année en son honneur à Saint-Pétersourg.

Il en avait été rendu compte sur ce blog.

Dans le même temps, l’association Epi-Suisse en avait, elle aussi, été informée et avait pris langue à cet égard avec la Doctoresse Fabienne Picard.

Neurologue et spécialiste en ce domaine, la Doctoresse Picard avait mis sur pied, il y a quelques années, une conférence et un spectacle consacrés à l’épilepsie -ou plutôt aux épilepsies- comme elle l’explique ici.

Mardi 7 juin prochain à Genève, ce sont ces approches conjointes d’un mal à l’oeuvre -chez Dostoïevski entre autres créateurs- qui seront abordées dans le cadre de la soirée qu’organise l’association Epi-Suisse:

Culture, Histoire, Voix

Dostoïevski

Invitée à parler de Dostoïevski dans le cadre de Journées qui lui sont consacrées chaque année à Saint-Pétersbourg, outre son bref séjour à Genève, j’ai évoqué comment ce qui a été appelé « haut mal »  ou « mal sacré » – je veux parler de l’épilepsie-  travaille et tisse son oeuvre.

Certains critiques ont mis en relation le déclenchement de l’épilepsie de l’écrivain avec l’assassinat de son père par ses serfs mais d’autres le font remonter à son enfance. Ce serait, en effet, à l’âge de 7 ans que Dostoïevski aurait été frappé par sa première crise.

Il n’est pas difficile d’imaginer la souffrance que ce mal a pu engendrer chez lui, sachant combien la violence de certaines crises peut terrasser et surtout, comment celles-ci peuvent aussi être perçues par l’entourage.

Plusieurs personnages de l’oeuvre de Dostoïevski sont épileptiques, dont le Prince Mychkine et Smerdjakov, fils bâtard de Fiodor Karamazov.

Cela dit, tout distingue ou presque ces deux personnages et c’est là une des raisons qui a motivé mon choix d’en parler.

Si Dostoïevski est mort à Saint-Pétersbourg peu de temps après avoir écrit « Les Frères Karamazov » sous la forme que nous lui connaissons alors qu’il la considérait inachevée, c’est à Genève que Dostoïevski a écrit en grande partie, « L’Idiot ».

Or, de passage à Bâle, l’écrivain s’est rendu au Musée des Beaux Arts où il s’est très longuement attardé devant le Le Christ au tombeau, de Hans Holbein le Jeune et dont la reproduction figure en illustration de ce sujet.

Il n’est pas impossible que la très forte émotion que Dostoïevski a ressentie à la vue de ce tableau ait pu constituer un des éléments déterminants de l’écriture de « L’Idiot ».