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Quand un passé kagébiste n’est pas bon à rappeler

On ne rêve même pas quand on lit cet article, non. Il vaut la peine de découvrir le lyrisme de BHL, sa ferveur à défendre tant de personnalités!

Parmi elles, la journaliste biélorusse, lauréate du Prix Nobel de littérature en 2015, journaliste dont, curieusement, on rappelle bien moins souvent le passé que celui de tant d’autres.

Journaliste qui, en son temps, dressait les louanges du fondateur de la Tcheka, ancêtre du KGB et de l’actuel FSB dont on se plaît toujours à rappeler que Vladimir Poutine en était.

Et pourquoi ne pas procéder de même avec celle qui promettait de venir avec son fils honorer sur sa tombe, la mémoire de Félix DZERZHINSKI comme indiqué ici?

Cet homme qu’elle porte en telle estime, préoccupé de traquer les « ennemis du peuple » semble davantage mu par une volonté d’extermination que de salut pour toute personne qui n’entrerait pas dans les rangs dictés par les Soviets.

Certes, à cette époque, l’actuelle Nobel de littérature était peut-être obligée d’admirer les héros de la Révolution? Ou alors, ne souhaitait pas mettre en péril les avantages reçus par son appartenance à l’Union des Ecrivains?

Quoi qu’il en soit, ce passé soviétique lui a tout de même profité, ne serait-ce que pour ses activités de journaliste. Qu’elle soit devenue, désormais, une référence quasi incontournable de l’Occident la protège de tout regard trop indiscret…

Quant à la formule désormais consacrée d’« opposant no 1 » pour identifier Alexeï NAVALANY, c’est à force d’être inlassablement répétée qu’on espère -et qu’on risque bien de- la faire entrer une fois pour toutes dans les cerveaux.

Ainsi va notre monde et son philosophe en chemise blanche qui l’arpente et discourt sur sa partie « libre », celle d’un Occident tellement défenseur de droits que la répression lui serait inconnue ou peu s’en faut.

A la bonne heure!

Culture, Histoire, Politique, société

Arrangements avec le passé…

Sur un réseau social bien connu circule un jeu qui consiste à partager avec ses relations dix livres qui vous ont marqué. Pour chacun d’eux, une personne différente est choisie.
Et voici que j’ai été retenue par un ami pour un ouvrage de Svetlana Alexiévitch, « La fin de l’homme rouge ». Que ce livre l’ait marqué et qu’il m’ait associée à sa sélection est loin de me laisser indifférente. 
Pour qui me suit, vous me savez avoir adressé une lettre ouverte à son auteure, journaliste écrivain, lauréate du Nobel de littérature en 2015.
Ses qualités littéraires récompensées n’ont en rien constitué l’objet de ma lettre. Non, c’est ce qu’elle a prononcé de mensonger et d’outrageant envers les Russes qui m’a fait lui écrire.
Ma lettre, traduite en russe par le journaliste Arkadij Beinenson, a ensuite été diffusée en Russie et dans d’autres pays aussi, ce qui m’a valu interviews, gratitude et haine.
Deux ans plus tard, lorsque l’Université de Genève a décerné le titre de Docteure Honoris causa à cette même lauréate du prix Nobel, je me suis aussi exprimée, cette fois dans les colonnes de la Tribune de Genève.
Svetlana Alexievitch, pour sa manière de disposer à sa guise de témoignages recueillis, n’a pas échappé à la justice, certaines personnes qui lui avaient fait confiance s’étant senties trahies par elle.
Qu’à cela ne tienne, le fait de parler de l’ex-URSS et d’en dire ce qu’elle en pense est apprécié et honoré. Soit.
A 29 ans, toutefois, elle ne cachait pas son admiration pour celui qui n’apparaît pas vraiment comme un ange de la première heure. 
Cela, bien des Russes l’ont gardé en mémoire, ce qui ne semble pas être le cas de nombreux « acteurs » du monde médiatico-culturel, sauf à le considérer comme erreur de jeunesse, peut-être.
Merci à cet ami de m’avoir donné l’occasion de revenir sur un sujet sensible s’il en est.

Culture, Histoire, Politique

1977-2015

L’Union des Ecrivains, créée en 1932 en ex-URSS offrait de nombreux avantages à qui en était membre. Outre des conditions de vie facilitées avec possibles datchas accordées ou autres contributions financières substantielles, l’Union soutenait la publication d’oeuvres et de périodiques et organisait des rencontres et des séminaires.

En 1977, l’ancienne membre de l’Union des Ecrivains et désormais lauréate du Prix Nobel de littérature, Svetlana Alexievitch, signait un article consacré à Félix Dzerzhinski, fondateur et directeur de la Tcheka, police qui deviendra plus tard le KGB.

Le portrait que la lauréate biélorusse dresse de celui qui a été considéré comme un héros national dans le pays où elle vivait à l’époque et où elle vit à nouveau, n’est pas dénué d’émotion. Il se conclut ainsi:

Когда у меня вырастет сын, мы обязательно приедем на эту землю вместе, чтобы поклониться неумирающему духу того чье имя – Феликс Дзержинский- « меч и пламя » пролетарской революции.

Quand mon fils sera grand, nous viendrons sans faute sur cette terre pour saluer l’esprit immortel du nom de Félix Dzerzhinski, « épée et flamme » de la révolution prolétarienne.

A 29 ans, âge auquel Svetlana Alexievitch a écrit cet article, on est déjà en état de penser de manière critique.

Or tandis que cette désormais intarissable critique du régime soviétique vouait son talent et sa plume à honorer l’un de ses plus puissants représentants, elle se situait bien loin du sort réservé à ses confrères dissidents.

Près de quarante ans plus tard, conspuer un régime politique dont elle s’est davantage montrée suppôt et bénéficiaire que victime, vaut, en effet, son prix d’or suédois.