La guerre de l’information est ouverte. Ou disons, non, elle se poursuit sur territoire français avec des spécialistes de la Russie.
Ouf, on risquait de les oublier!
Voici qu’une tribune parue dans Le Monde, signée d’autant d’experts et grands connaisseurs de ce pays dont on sait combien il est source de tous les maux et plus encore, appelle a interdire d’antenne la chaîne RT France.
Pas de chance pour ces fins stratèges et surtout défenseurs patentés de la liberté d’expression, la Fédération Internationale des Journalistes a fait savoir qu’elle soutenait les journalistes de la chaîne incriminée.
Cette obsession de la main du Kremlin qui serait omniprésente pour agir, déstabiliser, endoctriner, égarer et on en passe, ressemble de plus en plus à une mauvaise farce.
Un professeur de civilisation russe réagit, lui aussi.
Autant de prises de position qui ne vont sans doute pas intimider ces fervents pourfendeurs d’une Russie si malmenée par son Président…
kremlin
Il n’aura fallu que quelques sujets traitant, ici, de la Russie pour que que se déploie à nouveau la panoplie de remarques visant à condamner un point de vue qui diverge d’autant de certitudes acquises et visiblement indéboulonnables.
Tandis qu’une réflexion est proposée qui nuance celle imposée par autant de médias qui prétendent informer, voici qu’elle est aussitôt mise en cause, suspectée d’influence douteuse et d’intérêts conséquents.
Faut-il que toute personne qui s’exprime sur la Russie de manière autre que celle qui la considère aux mains d’un dictateur soit, de facto, engagée à la solde du Kremlin?
En serait-on au point de ne plus saisir le sens d’une approche qui ne demande qu’à ce que l’on cesse de réduire un peuple, une culture et une Histoire à quelques clichés caricaturaux?
En serait-on déjà au point de ne plus comprendre l’intérêt qu’il y a à défendre des valeurs simples d’échanges entre les pays?
Si tel devait être le cas, les idéaux portés par nos démocraties sont vraiment à bout de souffle.
Voici qu’on malmènerait le poulain d’autant de personnalités du monde médiatico-politque qui soutiennent ce candidat hors système.
Ce 8 février au soir, sur le plateau de l’émission C dans l’air, l’inquiétude était manifeste. L’ancien banquier de chez Rotschild, nommé à Bercy par l’encore actuel président en lutte contre la finance, subissait un traitement indigne.
En voilà des manières!
Tandis qu’une campagne impitoyable est menée à charge contre François Fillon, les invités de C dans l’air s’offusquaient du traitement réservé à Emmanuel Macron.
Et de pointer, alors, une ingérence du Kremlin, accusé de relayer des rumeurs à son sujet.
C’est alors, qu’on a droit aux analyses de haute voltige des invités de Caroline Roux. On y apprend, entre autre, que c’est la Russie qui a déclenché la guerre en Ukraine pour occuper le Donbass.
Mieux, la Russie voudrait détruire l’Allemagne, raison pour laquelle le candidat Macron, grand prédicateur de la messe européenne, serait dans le collimateur des médias russes dits d’Etat.
Décidément, heureusement que Moscou existe et aura fourni le prétexte idéal pour voler au secours de celui que Michel Houellebecq a surnommé le mutant.
On hésite entre pitié ou chagrin envers autant de partialité à évoquer le destin que tissent ces vertueuses Pénélopes.
capture d’écran RTS
Même la Russie le voit désormais comme un perdant, dit la journaliste qui commente la campagne présidentielle française et la situation dans laquelle se trouve François Fillon dont elle annonce la conférence de presse qui s’est tenue cet après-midi du 6 février.
Et la correspondante à Moscou de la même radio -suisse RTS 1- de conclure son intervention ainsi:
Il semble bien que les médias russes ont bien l’intention de prendre parti dans cette campagne comme il l’ont fait dans la campagne présidentielle américaine.*
Nous voici rassurés, le Kremlin est toujours bien là qui veille et surveille!
Mais comme les attaques qui ont visé François Fillon n’ont pas pu lui être imputées, on a eu un bref temps de répit.
Omniprésente sur nos ondes de radio, sur nos plateaux de télévision et dans nos colonnes de journaux ou de magazines, comment la Russie de Poutine se détournerait-elle de cet Occident qu’elle rêve d’envahir?
N’a-t-elle pas déjà commencé par l’Ukraine?
Ne lui a-t-elle pas pris la Crimée?
Quant à la Syrie, n’en parlons pas, sans elle, son sort aurait déjà été réglé de longue date.
* http://www.rts.ch/play/radio/le-12h30/audio/les-medias-russes-ne-misent-plus-sur-franois-fillon-pour-la-presidentielle-franaise?id=8349559
capture d’écran de: https://www.valeursactuelles.com/politique/en-direct-fanny-ardant-denonce-la-russophobie-et-la-pensee-unique-59921
Si Fanny Ardant avait, en son temps, pris parti pour le groupe punk Pussy Riot, la voici qui résiste aux journalistes qui l’interviewent sur ARTE, la chaîne dont BHL est le grand protecteur*.
Tandis qu’on cherche à la faire entrer dans un jeu qu’elle rejette alors qu’il est question, au hasard, de la Russie, on ne peut manquer de rappeler comment Henri Guaino, lui aussi, avait été pris dans ce même prisme réducteur:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/12/16/de-la-poutinomania-a-la-chasse-aux-sorcieres.html
C’est tout de même extraordinaire d’observer cette obsession à vouloir nous faire comprendre ce qu’est la Russie, de Poutine ou de quiconque!
Heureusement qu’on est dans des pays démocratiques où la liberté d’expression est si respectée qu’on ne cesse de vouloir l’orienter sans pression aucune, bien sûr.
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2017/01/04/quand-arte-met-au-point.html
Je tiens à remercier les journalistes qui ont su prêter attention à la soirée caritative en faveur des enfants du Donbass qui aura lieu ce 23 janvier à Genève.
Il m’importe, ici, de signaler l’intérêt qu’ils ont montré à cet événement alors que souvent j’ai partagé avec eux les points de vue exposés sur ce blog.
Leur réaction indique, non seulement que le dialogue reste possible mais surtout, que l’intelligence et le coeur y ont leur place.
Merci à eux.
À Madame Svetlana Alexievitch,
Dans ce Donbass que vous avez évoqué lors de votre conférence de presse, Lilia, 24 ans, a eu la jambe gauche arrachée alors qu’elle s’est jetée sur son fils de 11 mois pour le protéger.
Tous deux se trouvaient dans un bus soudain frappé par une bombe, Lilia a eu le réflexe de sauver la vie de son enfant.
Ce cas, comme tant d’autres qui ont brisé familles et foyers du Donbass, a été le fait d’un gouvernement que l’Occident soutient.
Je vous invite à découvrir cet article d’un journaliste français qui se trouve à Donetsk:
Des cas comme celui de Lilia sont loin d’être uniques, vous n’êtes pas sans le savoir, j’ose l’espérer.
Il va de soi aussi que l’on est parfois obligé de procéder à des choix de sujet à traiter. Vous avez opéré les vôtres qui ont su trouver leur public et l’honneur qui vient de leur être rendu.
Mais vous qui déclarez faire de la lutte contre le mensonge le fer de lance de votre combat, comment pouvez-vous estimer que « la Russie en arrive à 86% à se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass »?
Madame, avec pareils propos, vous êtes non seulement dans le mensonge mais dans l’outrage.
Avec respect,
Hélène Richard-Favre
Le site de La Voix de la Russie a mis en ligne l’échange de ce jour au Kremlin entre Vladimir Poutine et François Hollande.
Le président russe évoque le partenariat privilégié avec la France et situe d’emblée son propos sur un plan économique.
Il rappelle les bonnes relations que son pays entretient avec la France à cet égard.
Il mentionne toute de même la baisse du volume de chiffre d’affaires qu’il attribue en partie à la crise économique internationale de 2012.
Enfin et très succinct dans son message, il souligne l’opportunité de la visite du président français en Russie pour mettre au point des mesures à appliquer dans le domaine économique.
Le président français, pour sa part, oriente son discours sur un tout autre plan.
Il rappelle avant tout les liens historiques qui unissent la France à la Russie et souligne aussi l’appartenance des deux pays au Conseil de sécurité.
Puis il s’exalte sur l’immense potentiel qui existe entre les deux pays aux relations prometteuses, oubliant son interprète…qui discrètement se rappelle à lui.
Outre ce moment assez insolite, on notera le talent et la mémoire de cette femme qui a su restituer toute la tirade du président français qui n’a pas trouvé mieux que de commenter ainsi….c’est la musique qui compte! Sans doute un de ses traits d’humour dont il aurait le secret? Comprenne qui peut.
Il n’en demeure pas moins que le message du président français, en dépit des promesses de développements économiques entre la France et la Russie, a surtout consisté à rappeler le président russe à ses responsabilités sur le plan international.
François Hollande a ensuite tenu à remercier personnellement Vladimir Poutine à deux égards.
Tout d’abord de l’avoir aidé à retirer du matériel d’Afghanistan dans les meilleurs délais pour respecter sa promesse faite aux Français de quitter l’Afghanistan fin 2012.
Ensuite, d’avoir soutenu l’intervention de la France au Mali dès le premier jour.
Et François Hollande d’ajouter, Je sais que la Russie favorisera la transformation de cette opération en opération de maintien de la paix dans les prochaines semaines.
Assurance ou voeu pieux, l’avenir le dira.
http://french.ruvr.ru/2013_02_28/Ecoutez-laudio-de-la-rencontre-Hollande-Poutine-au-Kremlin/