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Poésie

Culture, Histoire, Politique, Religions, société, Voix

A propos … de beauté et de Dostoïevski

Dans l’émission « La Grande librairie » d’hier, 30 juin, il était question de poésie, de langue et de beauté.

On y découvrait un Sylvain Tesson plus inspiré que jamais, des jeunes lire de la poésie, oui, cela existe encore… Et ces jeunes ne sont pas des exceptions qui confirmeraient la règle selon laquelle ils ne liraient plus.

Quoi qu’il en soit, en cours d’émission,  lorsqu’il a été question de beauté, c’est à nouveau à ce sempiternel « la beauté sauvera le monde » qu’on a eu droit.

Or ce qu’a écrit Dostoïevski est bien plus subtile! Je l’avais rappelé ici, déjà.

Dans  son roman L’Idiot, il fait s’adresser Hippolyte Terentieff au prince Mychkine  et montre comment le premier fait de son interrogation une affirmation:

«  Est-ce vrai, prince, que vous avez dit, une fois: « c’est la beauté qui sauvera le monde? »  Et Hippolyte Terentieff de poursuivre: Messieurs, (…) le prince prétend que la beauté sauvera le monde! »

Ce qui apparaît donc bien, dans cet échange entre les deux personnages du roman, est l’absence de réponse du prince à la question qui lui est posée sur ce qu’il aurait dit de la beauté.

Mais Terentieff fait de sa question une affirmation.

Et c’est exactement ce qui se produit lorsqu’on prétend que Dostoïevski aurait écrit que « la beauté sauvera le monde ». C’est aussi faux que réducteur car ce qu’a montré l’écrivain est infiniment plus fin.

En l’occurrence, dans L’Idiot, ce qui est mis en avant par Dostoïevski est l’énigme que représente la beauté.

Culture, Politique, Voix

Quand la couleur de la peau s’impose face au talent

Peut-être avez-vous appris que la romancière néerlandaise sollicitée pour traduire la poétesse américaine qui était intervenue le jour de l’investiture de Joe Biden avait suscité le tollé?

Pour la seule raison qu’elle était blanche et que traduire l’oeuvre d’une noire lui était  contesté.

Racisme à l’envers, si l’on considère qu’il en existerait un « à l’endroit »? Non, voyons, c’est que tout simplement, on ne veut pas d’une Blanche pour traduire une Noire.

Car selon une militante noire, la maison d’édition des Pays-Bas aurait manqué une «occasion» en n’employant pas une personne noire pour traduire l’œuvre d’Amanda Gorman. Marieke Lucas Rijneveld est «blanche, non-binaire et n’a aucune expérience dans ce domaine».

En d’autres termes,  le talent reconnu à la jeune Marieke Lucas Rijneveld que l’International Man Booker Prize a couronné en 2020 doit s’effacer au nom de la couleur de sa peau.

Au prétexte, aussi, que par ses origines, elle serait incapable de se mettre à la place de la poétesse dont elle se réjouissait pourtant de traduire l’œuvre.

Le partage d’une expérience commune permet à leurs protagonistes d’en parler d’une même voix peut-être mais rien ne garantit à chacune d’entre elles de rencontrer le même écho auprès d’un public.

Car au-delà des faits, il y a la langue et la manière d’en user.

Et la traduction d’un idiome à l’autre relève de cet art qui consiste à rendre le génie du premier dans celui du second. Le nier revient à considérer le travail d’un orfèvre identique à n’importe quelle autre activité professionnelle.

Dans l’idéal, une occupation équivaut à une autre. Pas dans la réalité.

En l’occurrence, faire fi du talent de la romancière blanche au nom de sa couleur de peau dénote une sensibilité qui ne garantit aucune meilleure réception de l’oeuvre de la poétesse noire aux Pays-Bas.

Mais bon, certaines priorités étrangères à l’art poétique seront ainsi satisfaites!

Et nous n’en sommes qu’au début de ce genre d’exigences. On modifie des titres d’oeuvres littéraires désormais, on en réécrit des passages entiers quand on ne choisit pas de les supprimer.

Au nom du respect, nous est-il précisé chaque fois…

Culture, Economie, Histoire, Politique, société, Voix

Echappée

Chères lectrices, Chers lecteurs,

Ces temps si singuliers, chacune et chacun les vit à sa manière. Il en est qui se battent au chevet de malades, il en est qui oeuvrent au maintien des besoins essentiels de la population, il en est qui se mobilisent pour convaincre, telle ou telle approche de la crise qui nous frappe serait plus juste que l’autre.

Il en est, enfin, qui tentent de s’y retrouver là au milieu.

Sur ce blog, hier, j’ai tenu à vous faire part du travail réalisé par Olivier JUNOD car toute réflexion ou suggestion dans le cadre de débats parfois acharnés qui se mènent un peu partout et suscitent nombre de polémiques, tout apport donc peut contribuer à l’effort mené par qui tient à participer aux échanges de vue liés à la situation que nous vivons les un(e)s et les autres.

Pour ma part, après avoir (presque) atteint un point de saturation, tant les informations diffusées sur le virus qui paralyse nos sociétés se contredisent les unes les autres, les circonstances ont voulu que je renoue avec ce qui a nourri mon adolescence et plus encore, je veux parler de ce qu’on appelle parfois, l’univers intérieur.

Aussi, lorsque l’une de mes relations m’a adressé par courriel le lien à cette émission de France Culture consacrée à l’immense poète russe qu’est Ossip Mandelstam, ai-je retrouvé intacte une quête qui n’a cessé de m’animer, celle de la sublimation esthétique. Que cette personne qui m’y a rappelée et qui se reconnaîtra ici, soit très vivement remerciée.

Certes, je ne vous demande pas de partager mes goûts! Je vous écris juste pour vous dire que ce genre d’émission littéraire sur fond de saturation médiatique liée au coronavirus m’est apparu tel un baume. Je n’oublie pas la souffrance de familles endeuillées, je n’oublie rien du travail fourni par autant de corps de métier et de professionnels qui assurent notre maintien.

Je tenais juste à vous proposer une échappée vers ailleurs.

Culture, Histoire, Politique, société

9 novembre 1989, un mur et une réunion

Et voici un nouvel anniversaire de la chute du mur de Berlin. Rappelez-vous, il y a cinq ans, on célébrait en grandes pompes les 25 ans de cet événement.
J’y avais consacré ce sujet de blog.
A le lire, on peut toujours se demander ce qui a changé. Sur le temps long, 5 ans ne sont pas grand chose. Et même un peu plus de 70 ans de communisme, sont une paille face à l’Histoire.
Sauf que cette paille a compté et pas que peu compté.
Alors oui, pour nombre d’entre nous, le 9 novembre 1989 a été un moment unique, chargé d’espoirs désormais un peu douchés comme tant de reportages et autres documentaires diffusés par nos médias nous le font comprendre.
Attribuer les responsabilités à tel fait ou à telle personne est un sport qui se pratique, au mieux par les analystes, au pire, par les moralistes et les censeurs qui distribuent les bons et les mauvais points.
Alors, au-delà d’autant de discours, écoutons-le encore et encore…

Culture, société

Les prévisions météo, du temps soviétique et sur un air de Marie Laforêt

Suite au décès de Marie Laforêt et parmi les nombreux articles qui ont été publiés avec vidéos à l’appui, il en est deux que je souhaite partager avec vous.
L’un des deux a été porté à ma connaissance par un ami qui se reconnaîtra et que je remercie vivement tant les documents sont de véritables pièces d’archive.
Le premier rend compte des prévisions météo de la télévision soviétique données sur l’air de « Manchester et Liverpool », chanson bien connue de Marie Laforêt. 
La presse russe, qui a évoqué la mort de l’artiste, n’a pas manqué de rappeler comment avait été utilisée l’une de ses chansons comme fond musical des prévisions météorologiques. 
Au-delà du fait, on profitera aussi de l’occasion pour relever comment les rues de Moscou, pour ne citer que cette grande capitale, apparaissaient à l’époque. Je l’ai personnellement connue, cette époque et oui, les rues étaient bel et bien ainsi.
On y découvrira aussi d’autres capitales des anciennes républiques socialistes soviétiques, Kiev par exemple. Temps révolu comme on le sait, avec des conséquences aussi complexes que douloureuses.
L’autre vidéo que je tiens également à partager ici est cet interview que Marie-laforêt avait accordée à l’ancienne TSR, devenue Radio Télévision suisse (RTS).
Retrouver pareils instants télévisuels plonge dans des univers pourtant pas si lointains qu’ils devraient nous paraître à ce point étrangers…

Culture, société

Marie Laforêt

Marie Laforêt, morte le jour des morts…
Marie Laforêt, ce sont autant de chansons et de films qui ont accompagné des générations.
Marie Laforêt, c’est une vie comme de nombreuses autres, sujette à controverses.
De Marie Laforêt, je conserve en mémoire une de ses chansons en particulier.
Et puis, ces occasions de rencontres furtives à Genève où nous évoquions la mémoire d’une personne chère que nous connaissions toutes les deux.
Marie Laforêt, à écouter ici pour ses chansons les plus célèbres.

société

Cette femme, ce soir…

Assise sur les marches d’une berge qui borde le lac Léman, des fils d’argent parsemaient sa chevelure châtain foncé.
De son être entier émanait une expression indéfinissable.
Engoncée dans une jupe de cuir marron et un haut en mousseline et résille noire, elle n’avait rien de provocant. Mais sa présence parmi les badauds avait quelque chose d’insolite.
Que vivait-elle, impossible de le savoir. Se dégageaient d’elle résignation et détermination en même temps.
A quoi?
Poser la question, c’est ouvrir la boîte de Pandore de tant d’existences qui s’accomplissent on ne sait comment, bien loin, en tous les cas, de ce qui s’énonce de discours altruistes et de déclarations solennelles.

Culture, Economie, Histoire, Politique, société

Le poète, Venise et ses monstres

« Que c’est triste Venise » , chantait Charles Aznavour, « quand on ne s’aime plus ». Et que c’est triste Venise, quand on ne l’aime plus … ou trop. Ou tant qu’à vouloir la sauver du vieillissement de sa population on lui injecte des flots de touristes déversés par autant de monstres navigants.
En dépit de toutes les protestations, en dépit de toutes les recommandations de l’UNESCO auprès de laquelle Venise est classée patrimoine de l’humanité, au mépris de l’Histoire de la ville, ces embarcations appelées bateaux de croisière ne cessent de la rendre accessible à des dizaines de milliers de visiteurs.
Cet article de la Radio Télévision Suisse (RTS) explique la situation en parlant de « casse-tête ». 
A quand une intervention dans le cadre du Forum économique de Davos ou dans un parlement quelconque de pays étrangers à l’Italie pour sensibiliser les ressortissant(e)s de partout dans le monde qui se réjouissent d’aller saccager la lagune pour avoir vu Venise?
Et quelle polémique à plus soif aurait suscité pareil état de fait? Quelle mobilisation? Merci, si vous avez connaissance de références à cet égard, de les signaler et alors, la tristesse du poète, la tristesse de qui aime nature, culture et patrimoine en tous genres trouverait à s’apaiser.
En attendant, écoutons le grand Charles…

Culture, Politique

Un délibéré…

Un commentaire déposé par un habitué de ce ce blog, Daniel pour ne pas le nommer, a évoqué ma « très grande sensibilité ». Il a ajouté que, pour lui, c’était « un compliment ». Ses mots m’ont profondément touchée.

Pourquoi?

Parce que c’est cette sensibilité qui a inspiré la création d’autant de personnages de mes recueils de nouvelles. C’est elle aussi qui a interpellé les critiques quand l’une d’elles se demandait comment je parvenais à entrer de manière aussi profonde dans la psychologie des personnages.

N’en déplaise à la Directrice du Département de russe de Rennes 2 qui met en cause mon talent littéraire pour le comparer à celui de « poètes ou de critiques mineurs »  qui ont « accablé les plus grands auteurs russes: Pasternak, Grossmann, Platonov, etc. », l’Institut français de Saint-Pétersourg me présente de manière un peu différente.

A ce que je sache et jusqu’à nouvel avis, l’Institut français de Saint-Pétersbourg n’est pas la Voix du Kremlin.

Pas davantage le « Courrier de Russie » qui dans une critique de mon premier recueil de nouvelles traduit en russe, avait écrit à propos de l’une d’elle que sa chute était « digne des films de Night Shyamalan » , réalisateur du film « le sixième sens ».

Que l’oeuvre d’un écrivain, d’un créateur quelconque soit aimée ou pas est une question de goût.

Que la reconnaissance qui lui est accordée par différents critiques littéraires ou institutions soient salie, non. Car là, on n’est plus dans une affaire de « pro-russe » ou de « pro-Poutine ». On est dans la disqualification et le discrédit à jeter sur une personne.

Et si vous ne l’avez pas lu encore, voici comment Sputnik France a rendu compte du délibéré du jugement prononcé le 14 juin à l’encontre de Madame Vaissié.