L’article date du 5 mars 2014.
Son intitulé est en allemand, il émane du très sélect hebdomadaire suisse Handelszeitung.
De référence internationale, tant dans les milieux économiques que dans ceux de la finance, quand ce journal titre:
Schweizer Oligarch wird Gouverneur in der Ukraine,*
on est en droit de s’interroger.
D’abord sur l’image donnée de ce Suisse, ensuite de celle de la Suisse et de sa manière d’appliquer le concept de neutralité.
Plus personne n’ignore, désormais, comment cet oligarque suisse* entend régler le sort de la population du Donbass dans l’est de l’Ukraine.
Et qui n’en aurait encore aucune idée, voici de quoi lui en donner: http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/08/30/l-ennemi-a-abattre.html
A l’heure où la Suisse ne semble pas avoir épuisé l’ensemble des atouts qui la caractérisent, à l’heure où la Suisse préside l’OSCE, à l’heure où la Suisse célèbre le bicentenaire de ses relations diplomatiques avec la Russie, comment intègre-t-elle à son image, celle de ce Suisse qui gouverne en Ukraine?
* http://www.handelszeitung.ch/politik/schweizer-oligarch-wird-gouverneur-der-ukraine-576978
Politique suisse
La récente visite, en France, du Président de la Douma Sergueï Naryshkine, n’a laissé personne indifférent mais n’a pas fait que des heureux.
Outre ce brûlot* lancé par le Comité Représentatif de la Communauté Ukrainienne en France, bon nombre de Suisses ont fait part de leur réaction sur les différents réseaux sociaux.
Entre ironie et amertume, on commente la décision du Président du Parlement suisse d’avoir considéré non bienvenue la visite de son homologue russe.**
Cependant, je vous invite à lire ci-dessous, le compte-rendu de cette rencontre organisée par l’association Dialogue franco-russe, créée en 2004 et présidée par le député UMP Thierry Mariani.
http://www.joellegarriaud.com/2014/09/crise-en-ukraine-rencontre-avec-le-president-douma/
* http://crcuf.fr/communique-de-presse/cp-2-septembre-2014
** http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/08/15/suisse-russie-l-insulte.html
Pas un jour ne passe sans que l’on n’ait droit à la rhétorique médiatique mettant en cause le rôle de la Russie dans la guerre civile qui déchire l’Ukraine.
Pas un titre d’article, pas une interview ou peu s’en faut, qui ne tente de rendre la Russie coupable de tous les maux de l’Ukraine sinon de l’Occident, bientôt du monde entier.
Si la Suisse souhaite conserver son image de pays neutre, il serait temps qu’elle veille à préserver une cohérence dans ses démarches.
Fin janvier de cette année, La Tribune de Genève évoquait des manifestants pro-Maïdan appelant à geler les fonds d’un oligarque ukrainien proche du président déchu, Ianoukovich:
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/geneve-ukrainiens-ciblent-fonds-milliardaire/story/16129457.
A cet égard, j’invite chacune et chacun de vous à lire l’article qui suit pour saisir ce qui se joue dans l’est de l’Ukraine.
Après cela, on se demandera qui est l’ennemi de qui et qui menace le plus la souveraineté de l’Ukraine et la neutralité de la Suisse.
En l’occurrence, c’est vers une catastrophe majeure qu’un résident fiscal suisse risque d’entraîner l’Ukraine et l’ensemble de ses voisins si rien ne le retient plus de réaliser son projet:
http://www.politicvisio.com/n31-france/article-guerre-civile-en-ukraine-l-europe-sous-la-menace-d-une-cat.html?id=10932
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/06/15/ce-genevois-qui-gouverne-en-ukraine.html
Dans la légende du « Grand Inquisiteur » -célèbre chapitre du non moins célèbre roman de Dostoievski, « Les frères Karamazov » – Ivan Karamazov lit à son frère Aliocha un poème qu’il a imaginé.
Celui-ci met en scène le retour du Christ sur Terre au plus fort du temps de l’Inquisition en Espagne.
A l’instar d’Ivan Karamazov, aucun personnage d’aucun roman ne semble avoir imaginé le Tsar Alexandre Ier revenir deux siècles après avoir signé, à Vienne, le traité par lequel il s’est porté garant de la souveraineté de la Suisse.
Dans la légende du « Grand Inquisiteur », l’apparition du Christ est décrite par Ivan Karamazov comme douce et discrète mais précise-t-il « chose étrange, tous le reconnaissent ».
Certes et de manière diverse car ce retour n’est pas du goût de chacun et encore moins de celui de l’Inquisiteur, cela se conçoit.
Aussi bien la réapparition en Suisse du Tsar Alexandre Ier susciterait-elle la controverse quant à l’accueil à lui réserver.
Entre respect,indifférence ou mépris du statut qu’il a accordé à la Suisse, celle-ci lui renverrait-elle l’image d’un pays dont les intérêts ont su -sinon dû- s’accommoder de ceux d’un entourage pressant.
La Suisse résiste à sa manière au courant russophobe qui traverse l’Occident mais non sans mal, il faut le dire.
Pour preuve, les dernières marques d’estime que la Suisse a portées envers la Russie par l’annulation de rencontres prévues dans le cadre du bicentenaire de leurs relations diplomatiques.
Ivan Karamazov n’a, pour l’heure, inspiré aucun personnage romanesque susceptible de rappeler sur Terre Alexandre Ier.
Bien lui en prenne et qu’hommage soit rendu, ici, à ce Tsar qui a pris en considération la Suisse et a su lui donner sa place en Europe.
Le président du parlement suisse, Ruedi Lustenberger a décidé d’annuler la visite de son homologue russe, Sergueï Narychkine.
Prévue dans le cadre du bicentenaire des relations diplomatiques entre la Russie et la Suisse, cette rencontre entre les deux présidents des parlements russe et suisse n’aura donc pas lieu.
C’est rendre un bien piètre hommage à la mémoire qui lie la Suisse à la Russie.
Le tsar Alexandre Ier fut l’un des garants de la souveraineté de la Suisse lors de la signature du Traité de Vienne en 1815.
Or cette garantie de souveraineté a été assortie d’une condition, la neutralité de la Suisse.
Dans ce sens, le refus opposé à la visite de Sergueï Narychkine par Ruedi Lustenberger est une insulte à l’Histoire.
A l’occasion de la Fête Nationale suisse, le Président de la Confédération a accordé une interview à Pierre-Oliver Volet, journaliste de la RTS.
Après avoir expliqué comment il allait célébrer ce 1er août et pourquoi il tenait à s’adresser aux « habitants » de la Suisse et non à ses « concitoyens », le Président Burkhalter répond aux questions du journaliste qui lui demande ce qu’il dirait à différentes personnalités politiques dont Vladimir Poutine.
Le Président suisse maîtrise le lexique, force est de constater les choix qu’il opère pour s’exprimer. A cet égard,on se souvient de ce « Cher collègue » par lequel il s’était adressé au président russe qui l’avait invité au Kremlin en mai dernier.
Mais pour ce qui est de la neutralité que le tsar Alexandre Ier, l’un des signataires du Traité de Vienne, a accordée à la Suisse comme garantie de sa souveraineté, on aurait été heureux d’en voir rappelé le sens.
Or rien ne l’indique dans la réponse que Didier Burkhalter apporte à la question que lui pose le journaliste au sujet du président russe.
http://www.rts.ch/video/info/journal-19h30/6038701-1er-aout-didier-burkhalter-s-exprime-sur-les-defis-politiques-de-la-suisse.html
Si la Suisse n’a pas estimé utile d’entrer en considération sur les agissements charismatiques d’un de ses résidents, en l’occurrence genevois, la Russie s’en est chargée.
Cet oligarque aux trois passeports, fier de déclarer dans les colonnes de la Tribune de Genève, qu’il finance des milices armées dans l’est de l’Ukraine dont il gouverne une des provinces, ne semble pas préoccuper la Confédération Helvétique.
Quant à la radio télévision suisse -RTS- elle préfère, elle aussi, consacrer son attention à une Russie dont elle s’évertue à traquer de quoi alimenter l’amour qu’elle lui porte.
Après avoir dit tout le bien qu’elle pensait des JO de Sochi, elle a poursuivi en usant de rhétorique pour couvrir la crise ukrainienne et en masquer ainsi les véritables enjeux.
Où est l’objectivité de l’information, où, la défense de droits humains si chère, pourtant, à nos indignés de la première heure?
En février dernier, sitôt après la destitution de Viktor Ianoukovich, la Suisse décidait de geler ses avoirs.
Un de griefs, parmi d’autres imputés à l’ancien président ukrainien, était d’avoir donné l’ordre de tirer sur son peuple.
On a su ce qu’il en avait été, par la suite, dès lors que Madame Ashton confiait son inquiétude à Monsieur Paet:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/03/06/ukraine-snipers-et-vacarme-russophobe.html
Pendant ce temps-là, un des compatriotes de Victor Ianoukovich, résident genevois et néanmoins gouverneur en Ukraine, ne se cache pas de financer des milices armées qui tirent sur son propre peuple.
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/06/03/lettre-ouverte-aux-autorites-genevoises.html Amateurs de droits humains, s’abstenir.
Genève, le 3 juin 2014
Dans son édition de ce week-end où Genève commémorait son entrée dans la Confédération Helvétique, la Tribune de Genève accordait une pleine page au portrait d’un oligarque ukrainien, Igor Kolomoisky.
L’homme n’est pas un inconnu pour tous.
Sans doute doit-il l’être encore pour que la rédaction du grand quotidien genevois ait choisi de lui ouvrir ses colonnes.
En effet, l’article qui lui est consacré révèle les valeurs de cet homme qui ne se cache pas de financer les actions de l’armée ukrainienne. Normal, l’ennemi, c’est l’autre, celui qui veut détruire l’Ukraine.
Au hasard, le président russe Vladimir Poutine, bien sûr.
Lui, Igor Kolomoisky, est au bénéfice d’un forfait fiscal et réside entre autre à Genève. Car outre le fait qu’il dispose de trois passeports qui lui permettent ainsi de voyager facilement dans l’Union Européenne, il a été nommé gouverneur de la région de Dniepropetrovsk.
Dans l’Est de l’Ukraine, depuis l’élection du nouveau président le 25 mai dernier, l’armée que finance ce « résident genevois » a tiré sur son peuple.
Mesdames, Messieurs, vous qui avez Genève à cœur, ne pensez-vous pas qu’il serait judicieux de s’interroger sur l’image que renvoie de notre ville, de notre canton et de notre pays, la présence sur son sol de ce financier des basses oeuvres?
Avec respect et considération,
Hélène Richard-Favre
Sujet paru dans l’édition des 7-8-9 juin 2014 de La Tribune de Genève. Conformément à la déontologie, la rédaction se réserve le droit de choisir les titres et de réduire les lettres. Ce qui a été le cas pour ma lettre qui a été publiée avec, comme titre, L’oligarque aux trois passeports et a été réduite.
Dans son édition papier de ce week-end festif où Genève commémore son entrée dans la Confédération Helvétique, la Tribune de Genève accorde -entre autres articles- une pleine page au portrait d’un oligarque ukrainien.
L’homme n’est pas un inconnu pour tous.
Sans doute doit-il l’être de lectrices et de lecteurs du quotidien genevois pour que sa rédaction estime bon de le leur faire découvrir.
L’homme soutient les actions de l’armée ukrainienne et ne s’en cache pas. Normal, l’ennemi, c’est l’autre, celui qui veut détruire l’Ukraine. Au hasard, le président russe, bien sûr.
Lui, Igor Kolomoisky, est au bénéfice d’un forfait fiscal, réside entre autre à Genève. Car il précise qu’il dispose de trois passeports qui lui permettent ainsi de voyager facilement dans l’Union Européenne.*
Que pense de ce citoyen « genevois » , le Président de la Suisse et par ailleurs de l’OSCE, Didier Burkhalter?
* http://www.dailymotion.com/video/x1wo7qc_kolomoisky-un-bandit-leve-une-armee-en-ukraine_webcam
* http://www.tdg.ch/economie/entreprises/L-oligarque–genevois–qui-defie-Poutine/story/21138894