La politique, en tant que telle, on peut concevoir que la pratiquer soit un plaisir. C’est lorsqu’elle est relayée par les médias, qu’elle prend une tout autre dimension.
Et sur ce blog, vous le savez, c’est avant tout le relai médiatique accordé à certaines postures et autres prises de position qui est débattu.
Aussi bien a-t-il souvent été question de la Russie dite « de Poutine » tant elle alimente un peu tout et n’importe quel discours chez nous, en Occident.
Que le Président actuel de la Fédération de Russie déplaise est une chose.
Que l’on constate, par contre, à qui nos médias accordent crédit pour renforcer sinon confirmer que l’on a tout intérêt à se détourner et de sa politique et de son pays, une autre.
En voici un nouvel exemple tandis que deux quotidiens de référence, Le Monde et la Tribune de Genève, publient cet interview d’un cinéaste dont il a été question sur ce blog.
Pour que chacune et chacun s’en fasse sa propre idée, voici comment Oleg Sentsov s’exprime au sujet de Volodymyr Zelenski, Président ukrainien.
Le cinéaste déclare, en effet, « avoir honte de ce Président et être fier des bataillons (néonazis). Il veut simplement les remercier, grâce à eux les Ukrainiens ont encore leur pays » .
Alors, nous présenter cet homme qui remercie des ultra-nationaliste pour services rendus à la patrie comme célèbre réalisateur qu’on récompense d’un prestigieux Prix, c’est comme vous voudrez.
sentsov
Il semble qu’être cinéaste, ukrainien et accusé de terrorisme par les Russes soit plus porteur, en France et pour l’Union Européenne, que d’être PDG, franco-libano-brésilien et mis en examen par les Japonais.
Mieux encore, être arrêté pour soupçon d’acte terroriste contre la Russie vaut d’être distingué et récompensé.
Carlos Ghosn, incarcéré pour abus de confiance aggravé après avoir porté au premier rang mondial de l’industrie automobile, Renault-Nissan-Mitsubishi ne reçoit, en retour et avant tout, que flots d’injures et de haine.
En quoi diffèrent le sort de ces deux hommes sinon que tous deux clament leur innocence et que le premier est entendu, mieux, honoré alors que le second reste inaudible et pire, voué aux gémonies?
Aussi éloigné soit-on du milieu socio-économique de Carlos Ghosn, rien n’interdit de réagir au vide sidéral de ses soutiens et aux flots boueux de commentaires drainés par sa condamnation.
Mais c’est rêver, sans doute, que cesse le deux poids deux mesures quasi institutionnalisé…
capture d’écran europa.europarl.eu
En commentaire déposé sous le précédent sujet de ce blog, un intervenant que je remercie -Daniel pour ne pas le nommer- nous a indiqué un lien qui renvoie à la « Résolution du Parlement européen du 12 mars 2019 ».
Je vous invite et vous recommande de prendre connaissance de ce texte. Chacune et chacun en pensera bien sûr ce qu’il veut, le fait est là.
S’agissant du cinéaste Oleg Sentsov, cité dans cette Résolution du Parlement européen du 12 mars dernier, je publiais sur ce blog un propos que je destinais à l’attention de la Conférence des Présidents du Parlement européen.
J’y rappelais les critères d’attribution du prestigieux Prix Sakharov qui a été décerné à ce cinéaste.
Et je poursuivais en soulignant que c’était sa propre « liberté d’esprit » que ladite Conférence des Présidents du Parlement européen récompensait, à savoir celle d’avoir consacré une rumeur plutôt qu’une autre.
Enfin, je concluais en ces termes, Puisse la mémoire d’Andreï Sakharov ne pas avoir à en souffrir, on le lui souhaite.
Faire allégeance, à une rumeur honore qui?
Fidèle lectrice des publications de Pascal Gavillet, il le sait, je souhaite réagir à cet encart qui annonce son article.
Car, je le précise, les termes qui encadrent la photo ci-dessus, ne sont pas repris dans les propos qu’il publie dans l’édition de La Tribune de Genève de ce 5 décembre.
Il y est question de Kirill Serebrennikov, aux prises avec la justice russe et de son film Leto (L’été), acclamé à Cannes cette année.
Nul n’ignore que le talent n’a rien à voir avec le comportement. Les exemples sont nombreux de personnalités d’exception dans leur domaine qui, par ailleurs, ne sont pas pour autant des modèles du genre.
Il ne s’agit donc pas, ici, d’entrer en matière sur les qualités cinématographiques reconnues à Kirill Serebrennikov et à son film.
Non, il m’importe d’attirer l’attention sur ce qui est relaté dans cet article. Karine Bechet-Golovko, qui le signe, est une juriste française qui vit à Moscou. C’est elle, aussi, que j’ai citée lorsqu’il a été question de cet autre cinéaste en faveur duquel se mobilise l’Occident.
Le point de vue émis par Karine lui appartient, certes. Il n’en demeure pas moins intéressant de le découvrir.
Car à le lire, il y a de quoi méditer sur l’usage fait de deniers publics par Kirill Serebrennikov et de matériel explosif par Oleg Sentsov.
Si cela ne gêne pas cet Occident pourtant si sourcilleux de questions d’ordre moral, soit!
A l’attention de la Conférence des Présidents du Parlement européen
Par son vote final, la Conférence des Présidents du Parlement européen a annoncé, ce 25 octobre, avoir décerné le prestigieux Prix Sakharov au cinéaste ukrainien Oleg Senstsov.
Cette distinction honore un engagement pris au regard de la « liberté d’esprit » et du combat mené en faveur des « droits humains » .
Selon le cinéaste Laurent Cantet, le principal témoin en défaveur d’Oleg Sentsov -accusé d’avoir préparé un attentat- aurait reconnu s’être exprimé sous la torture.
Si ce « principal témoin » est le militaire ukrainien qui a parlé dans le cadre d’une conférence organisée par l’OSCE, dans ce cas, l’accès à autant de sources estimées fiables aura été réservé.
Nul doute, alors, que c’est en toute connaissance de cause qu’il aura été choisi d’élever Oleg Sentsov au rang de lauréat du Prix Sakharov. A l’opinion publique d’en prendre acte.
Pourtant, si l’on se rappelle ce qu’a vécu Andreï Sakharov, la question se pose de savoir quelle « liberté d’esprit » vient d’être reconnue au cinéaste distingué.
Car la Conférence des Présidents du Parlement européen a agi, forte de certitudes que rien ne confirme, sauf à ce que preuve ait été fournie des tortures qu’aurait subies le militaire ukrainien qui déclare son compatriote cinéaste responsable d’avoir projeté un acte terroriste.
Les critères d’attribution de ce Prix, créé en 1988 avec l’accord du savant duquel il porte le nom et qui est décédé un an plus tard, ont été élargis en 2003. A ce titre, toutes sortes de personnalités figurent parmi ses bénéficiaires.
Qu’à elles s’ajoute désormais celle d’un homme emprisonné pour avoir projeté de détruire autant de vies humaines que l’aurait permis la charge explosive qu’il est accusé avoir détenue, relève d’un choix qui regarde la seule Conférence des Présidents du Parlement européen.
Aussi bien est-ce sa propre « liberté d’esprit » qu’elle récompense, celle d’avoir consacré une rumeur plutôt qu’une autre. Puisse la mémoire d’Andreï Sakharov ne pas avoir à en souffrir, on le lui souhaite.
Hélène Richard-Favre
Genève, ce 26 octobre 2018
Quand un média dit de culture trouve qui sait distinguer la victime du tortionnaire. Au hasard, un cinéaste ukrainien pour la première, le pouvoir russe pour le second
Un cinéaste est, certes, un créateur, un être humain et mérite toute la considération à lui apporter. Mais quand il se mue en terroriste? Quand il fait fi de vies humaines?
Quand il est prêt à tuer, quelle estime a-t-il d’autrui?
Il en a été question ici-même, rappelez-vous! Une polémique fait suite, maintenant aux conditions de détention dans lesquelles le cinéaste ukrainien purge sa peine.
Alors d’accord, les arguties des uns et des autres alimentent le débat. Il n’en demeure pas moins que le point de départ est l’acte terroriste que préparait Oleg Sentsov, clairement admis par un de ses complices.
La culture adoucirait les moeurs, selon l’adage.
A l’évidence et au point que l’auteur même d’un livre, Jonathan Littell pour ne pas le nommer, montre comment le mal qui est la question centrale de son ouvrage, peut s’accomplir sans le moindre remords par un être qui est loin d’être analphabète ou inculte.
Aussi bien, le lauréat du Prix Goncourt 2006, vole-t-il au secours du cinéaste prêt à tuer autant de vies que possible.
A partir de là, tout est permis et surtout le jugement du pouvoir russe.
Comment ne pas solliciter autant de ses détracteurs? Du pain béni, pour nos médias qui, eux, se chargent très souvent de désigner les bons criminels pour, surtout, les blanchir et les rendre victimes des mauvais.
Cette répartition arbitraire du bien et du mal, celui-ci étant le plus souvent à chercher du côté russe, lasse. Car se prévaloir d’incarner le bien pour, de facto, juger qui ne l’accomplit pas ne relève d’aucune objectivité.
On est dans le pur parti pris. L’admettre une fois pour toutes donnerait au moins à l’information sa juste mesure.
Donc, vous l’aurez bien compris, le cinéaste Oleg Sentsov est accusé de terrorisme par Moscou.
On se mobilise, personnalités du monde du cinéma, médias évidemment et autres élus jusqu’au Président de la République française en personne.
Or que sait-on au juste de cet homme? Ce que nos journalistes, témoins interrogés à l’appui, veulent bien nous en dire.
Mais à lire ce sujet consacré au cinéaste, sujet écrit le 27 juin dernier, force est de constater que l’acte terroriste dont il est accusé, il le préparait bel et bien.
Alors? L’auteure de cet article serait-elle une affabulatrice? Mieux, un troll du Kremlin comme toute personne qui écrit sur la Russie de manière autre que celle qui doit être?
A vous de voir et de vérifier l’authenticité de la video indiquée par cette juriste et blogueuse. Mais le témoignage qu’on y découvre a sans doute dû échapper à nos compatriotes si soucieux du sort de ce cinéaste.
Après tout, on ne peut pas avoir connaissance de toutes les informations. Et puis, on sait que certaines sont aussi vite diffusées qu’elles sont reçues dans les agences de presse. Et rappeler le plus souvent possible combien la Russie de Poutine emprisonne, malmène jusqu’à ce que mort s’en suive devient presque la norme.
On l’a vu avec l’affaire Magnitsky et le film qui en rend compte mais qui n’a pas eu l’heur de plaire à Bruxelles qui en a tout simplement interdit son visionnement. Cela a été évoqué ici, dans le dernier paragraphe de ce sujet.
S’agissant d’Oleg Sentsov, le talent qu’on lui prête devrait-il l’épargner d’avoir reçu des explosifs comme en témoigne le militaire ukrainien dans le cadre d’une conférence organisée par l’OSCE?
Il déclare avoir lui-même fourni au cinéaste de quoi préparer un acte terroriste en Crimée et demande aux services spéciaux ukrainiens de trouver qui a trahi Sentsov.
Autant d’éléments qui laissent à penser que si Oleg Sentsov avait mis son projet à exécution et n’avait pas été livré par quelque traître que ce soit, des vies y auraient passé.
Périr dans un attentat fomenté par un cinéaste, l’une ou l’un des signataires de la tribune parue dans Le Monde, se le souhaiterait-il?