A lire le propos déposé en anglais sur mon précédent sujet de blog*, j’apprends que par le fait d’avoir déclaré aimer la Russie, je travaillais pour une entreprise qui tue:
The tags in your blog « Russie Poutine Ukraine Syrie » are the best evidence that you are consistently working in the niche that you’ve chosen. It’s like working for a tobacco company, you know you are promoting a product that kills people, but you keep working.
La suite est à l’avenant:
it’s not a ballet, art or literature that you’are passionate about in your blog. It’s politics. Poutine’s Russia.
Cette manière binaire d’envisager la Russie, on y a aussi eu droit lors de la conférence de presse tenue par Svetlana Alexievitch, lauréate du Prix Nobel de littérature 2015 :
J’aime le monde russe, bon et humaniste, devant lequel tout le monde s’incline, celui du ballet et de la musique» (…) mais je n’aime pas cette Russie qui en arrive à 86% à se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass.
C’est pour avoir pointé cette dérive outrageante dans la lettre ouverte que j’ai adressée à Svetlana Alexievitch, que j’ai désormais l’honneur de recevoir ce genre d’interventions sur mon blog qui m’apprennent que: where politics starts, there ends the writer.
Et cette commentatrice avisée de conclure en guise d’avertissement:
And don’t expect to get away with it clean and clear… From the moment you aspire to become an opinion leader you contribute to bloodshed in one way or another.
Elle a donc décidé du sens de mes aspirations, décidé de la nature de mes actions, elle sait ce qu’il en est, ainsi naît la calomnie.
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/11/02/mise-au-point.html
Ukraine
C’est d’entente avec Arkadij Beinenson que je publie, ci-après, son texte.
Arkadij BEINENSON: -En Russie, la popularité rencontrée par la lettre ouverte qu’Hélène Richard-Favre a adressée à Svetlana Alexievitch, semble aussi avoir été due à ma participation en tant que traducteur et journaliste qui l’a publiée sur le site de Baltnews.ee
La grande résonance que cette lettre ouverte a connue, également en dehors de la Russie, m’a décidé à écrire ce qui suit.
A la lecture des commentaires déposés sous la lettre d’Hélène, je constate un certain manque de compréhension de ce qu’est la Russie contemporaine. De même, m’apparaît discutable, le jugement porté sur les événements qui se déroulent dans le pays et dans le monde entier par les Russes eux-mêmes.
Ce manque de compréhension de la Russie contemporaine est dû à la présentation qu’en font les médias occidentaux. Les Russes y apparaissent comme très agressifs, adorant aveuglément Poutine, ne voulant rien savoir d’autres points de vue, nostalgiques des temps de Staline et voulant convaincre l’Ukraine et l’Occident.
Je tiens à souligner, ici, que je suis né dans une famille de dissidents moscovites qui écoutaient la Voix de l’Amérique et la radio Svoboda (La Liberté). La majorité de ce que que beaucoup de gens n’ont su qu’après 1991, moi, j’en entendais parler à la maison en jouant dans notre cuisine.
Et ce que j’entends maintenant me rappelle bien des choses entendues à la radio à la maison de mes parents. Cela veut-il dire que la Russie est en train de se construire une nouvelle Union Soviétique? Cela indique-t-il que l’Occident doit utiliser les mêmes expressions qu’autrefois?
Non. Et cette lettre en est la meilleure preuve car je n’aurais jamais eu la possibilité de la publier du temps de l’époque soviétique.
La Russie s’engage davantage dans l’arène géopolitique internationale que ces vingt dernières années. Mais cela signifie-t-il qu’on veut une autre guerre froide? Absolument pas. On veut que la Russie et son opinion soient prises en considération quand les pouvoirs internationaux prennent des décisions dans les domaines qui peuvent avoir des conséquences pour notre pays.
Surtout, on veut être entendu dans le cadre des conflits du Proche-Orient et dans ceux de notre voisin ukrainien. Et on veut d’autant plus que notre opinion soit prise en considération que les soldats soviétiques ont sacrifié leur vie pour libérer l’Europe du fascisme pendant la seconde guerre mondiale.
Oui, tous les habitants de l’ex-Union Soviétique (y compris les Ukrainiens, les Juifs et les Asiatiques) sont fiers de la victoire de l’Union Soviétique qui était dirigée par Staline en ces temps. Mais cela ne signifie absolument pas que les Russes souhaitent d’autres dictateurs et des répressions. En même temps, on ne veut pas être mis au même niveau que l’Allemagne fasciste.
Oui, beaucoup de gens en Russie ont voté en faveur de la politique de Poutine mais ça ne veut pas dire qu’on en fait un dieu. Non, il y a plein de gens qui ne sont pas d’accord avec sa politique et qui exigent des changements. Mais des changements et non pas une révolution. Je vous assure qu’on a une bonne mémoire.
On était très surpris que les participants du Maïdan nous aient reproché de ne pas avoir construit d’Etat européen durant ces vingt-trois dernières années. Mais ça ne peut pas se traduire par la joie ressentie à voir des gens mourir!
Beaucoup de Russes ont de la famille en Ukraine (moi personnellement je suis à moitié ukrainien) et on est très inquiets de ce qui se déroule dans le pays.
Oui, les hommes politiques russes utilisent un vocabulaire fort en parlant avec leurs collègues internationaux. Mais cela veut-il dire qu’on déteste l’Occident et notamment l’Europe? Pas du tout. On aime la culture classique de l’Europe et on n’oublie pas l’impact qu’elle a eu sur notre culture. Et on est toujours très heureux de voir des visiteurs européens dans notre pays.
En conclusion, je voudrais dire et même souligner que les Russes sont terrorisés à la seule idée d’une guerre car chaque famille garde des souvenirs horribles de la seconde guerre mondiale. Et quoi qu’il se passe entre la Russie et les pays de l’Occident, on ne veut pas que les choses prennent une tournure que nos descendants aient à regretter.
Arkadij Beinenson, journaliste russe
La poignée de mains qui fâche
Voici pour qui voudrait savoir comment se passe l’avancée des relations entre la Russie et l’Ukraine.
Voici qui devrait plutôt apaiser que dresser encore et encore des murs de haine entre deux pays voisins.
Voici que laisse un espoir.
Voici qui, en même temps, révèle comment se comportent les plus radicaux en Ukraine.
A lire ici:
http://fr.sputniknews.com/international/20151019/1018923591/ukraine-propagande-medias.html#ixzz3p0J1FkG9
La lettre ouverte que j’ai adressée à Svetlana Alexievitch, lauréate du Prix Nobel de littérature de cette année, a été traduite en russe, introduite et publiée sur le site Baltnews.ee par le journaliste Arkadij Beinenson.
L’article a été relayé sur près de vingt sites, tant en Russie qu’en Ukraine et ailleurs.
Les plus de 320 commentaires qui avaient été déposés sous la version française de la lettre publiée sur mon blog autrefois hébergé par la Tribune de Genève, n’apparaissent plus ici depuis l’accès rendu impossible à feu ce blog.
Ils témoignaient tous, ces commentaires, de la sensibilité du sujet.
Tout autant l’ensemble des autres réactions publiées sur les nombreux sites qui ont relayé la version russe de la lettre. C’est qu’une telle guerre fratricide est extrêmement dommageable.
Quels que soient les camps qui s’opposent et se déchirent, les dégâts sont là, blessent et brisent des vies entières.
Sauf cynisme avéré ou égarement momentané, qui s’en réjouirait? Puisse le calme revenir au plus tôt dans ce Donbass ensanglanté.
Puisse la diplomatie oeuvrer au mieux et réduire les armes au silence.
Cette video dure 24 secondes.
On y découvre toute l’estime que ce Président démocrate porte à son peuple:
Madame Svetlana Alexiévitch, récemment nobélisée de littérature, a-t-elle seulement eu connaissance de ce qu’est la démocratie en Ukraine?
Cette démocratie compte plus de 8’000 morts désormais. Cette démocratie a déjà jeté sur les routes plus d’1 million de réfugiés.
Et la terre qui les a accueillis, ces réfugiés, cette terre est celle de 86% de Russes que Madame Alexiévitch outrage.
L’offense ne grandit ni n’honore qui la profère et le talent récompensé n’y change rien.
À Madame Svetlana Alexievitch,
Dans ce Donbass que vous avez évoqué lors de votre conférence de presse, Lilia, 24 ans, a eu la jambe gauche arrachée alors qu’elle s’est jetée sur son fils de 11 mois pour le protéger.
Tous deux se trouvaient dans un bus soudain frappé par une bombe, Lilia a eu le réflexe de sauver la vie de son enfant.
Ce cas, comme tant d’autres qui ont brisé familles et foyers du Donbass, a été le fait d’un gouvernement que l’Occident soutient.
Je vous invite à découvrir cet article d’un journaliste français qui se trouve à Donetsk:
Des cas comme celui de Lilia sont loin d’être uniques, vous n’êtes pas sans le savoir, j’ose l’espérer.
Il va de soi aussi que l’on est parfois obligé de procéder à des choix de sujet à traiter. Vous avez opéré les vôtres qui ont su trouver leur public et l’honneur qui vient de leur être rendu.
Mais vous qui déclarez faire de la lutte contre le mensonge le fer de lance de votre combat, comment pouvez-vous estimer que « la Russie en arrive à 86% à se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass »?
Madame, avec pareils propos, vous êtes non seulement dans le mensonge mais dans l’outrage.
Avec respect,
Hélène Richard-Favre
Svetlana Alexievitch, Nobel de littérature outrage la mémoire du Donbass
Le Nobel de littérature a été attribué. Il couronne Svetlana Alexievitch, écrivain et journaliste biélorusse.
A lire l’article que lui consacre le Huffingtonpost, on comprend tout à fait que les idées politiques de cette écrivain rejoignent la plupart des standards occidentaux et bien leur en prenne, des goûts et des couleurs, on ne discutera pas ici.
Mais quand on lit de cette Nobel de littérature que, je la cite, cette Russie en arrive « à 86% à se réjouir quand des gens meurent dans le Donbass », non, là, c’est plus que de l’indécence ou de l’insulte.
C’est un outrage lancé à la Russie et surtout à la mémoire de milliers de victimes qui n’ont jamais demandé à l’être.
Ce 27 septembre, à la veille de la 70e Assemblée Générale de l’ONU, Vladimir Poutine a accordé une interview pour les chaînes CBS et PBS.
Les questions que pose le journaliste américain au président russe sont directes. L’entretien est bien mené, apparaît cordial alors que tous les sujets les plus importants sinon brûlants y sont abordés.
On y observe, en tous les cas, un journaliste aussi respectueux que provocateur, face à un président qui sait apporter les réponses aux questions posées.
Cet interview est de qualité et son importance n’est pas à démontrer dans le contexte actuel.
Puissent de tels moments médiatiques contribuer à dépasser tant de clichés et de stéréotypes qui crispent les relations entre Etats-Unis et Russie!
La chaîne RT propose une video d’extraits qu’elle estime les meilleurs. Ils sont traduits en français:
Néo-nazis des uns et des autres
Admirable comme le journal Le Monde évoque le parti néo-nazi grec Aube dorée qui, selon sa correspondante à Athènes, tirerait profit de l’éparpillement de voix, après le résultat des législatives remportées par Alexis Tsipras.
Si l’on songe au silence observé par ce même journal Le Monde quant au profit tiré par le parti néo-nazi en Ukraine, doit-on comprendre que les néo-nazis des uns n’ont rien à voir les néo-nazis des autres?
Certes, Arseni Yatseniuk, Premier Ministre du Président Petro Poroshenko, est qualifié de libéral conservateur par Wikipedia. Si cette appellation suffit à effacer un passé, soit.
Il n’en demeure pas moins vrai que ce Premier Ministre a été photographié, en son temps peut-être révolu pour Le Monde et autres Wikipedia, en train de faire le salut nazi.
Alors, Aube dorée, en Grèce, serait-elle plus à craindre qu’un Premier Ministre reconverti par Wikipedia en libéral conservateur?
http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/09/21/en-grece-les-neonazis-d-aube-doree-tirent-profit-de-l-eparpillement-des-voix_4765630_3214.html
Dans les extraits de la conférence de presse tenue par George Friedman le 4 février dernier, entre autre aspects évoqués sur les stratégies à conduire pour garder la suprématie telle que la visent les Etats-Unis sur le reste du monde, il est question de flotte maritime.
Après s’être réjoui du fait que, pour la première fois dans l’Histoire, un pays avait à lui seul le contrôle des océans et de préciser à cet égard que les Américains pouvaient envahir les peuples mais les peuples ne peuvent nous envahir, Monsieur Friedman explique que la meilleure façon de vaincre une flotte ennemie est de l’empêcher de se construire.
Cherchez l’erreur… et les victimes collatérales de guerres menées contre les intérêts maritimes d’un pays auquel George Friedman, citant Pierre Lory, dit vouloir juste faire mal…