Pas un jour ne passe sans que l’on n’ait droit à la rhétorique médiatique mettant en cause le rôle de la Russie dans la guerre civile qui déchire l’Ukraine.
Pas un titre d’article, pas une interview ou peu s’en faut, qui ne tente de rendre la Russie coupable de tous les maux de l’Ukraine sinon de l’Occident, bientôt du monde entier.
Si la Suisse souhaite conserver son image de pays neutre, il serait temps qu’elle veille à préserver une cohérence dans ses démarches.
Fin janvier de cette année, La Tribune de Genève évoquait des manifestants pro-Maïdan appelant à geler les fonds d’un oligarque ukrainien proche du président déchu, Ianoukovich:
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/geneve-ukrainiens-ciblent-fonds-milliardaire/story/16129457.
A cet égard, j’invite chacune et chacun de vous à lire l’article qui suit pour saisir ce qui se joue dans l’est de l’Ukraine.
Après cela, on se demandera qui est l’ennemi de qui et qui menace le plus la souveraineté de l’Ukraine et la neutralité de la Suisse.
En l’occurrence, c’est vers une catastrophe majeure qu’un résident fiscal suisse risque d’entraîner l’Ukraine et l’ensemble de ses voisins si rien ne le retient plus de réaliser son projet:
http://www.politicvisio.com/n31-france/article-guerre-civile-en-ukraine-l-europe-sous-la-menace-d-une-cat.html?id=10932
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/06/15/ce-genevois-qui-gouverne-en-ukraine.html
Union Européenne
A Minsk, ils se sont certes serré la main, le président russe et le président ukrainien.
Mais il suffit de comparer le regard lancé par Petro Porochenko à ses invités pour comprendre les enjeux de la situation.
http://coub.com/view/3233d
Si, au 19:30 de ce 26 août*, Darius Rochebin a relevé le regard de Vladimir Poutine « dardé sur Petro Porochenko », il laisse à Marc Allgower le soin de commenter celui de Petro Porochenko dont le journaliste mentionne que « le visage se ferme ».
Comme euphémisme, difficile de trouver mieux.
Ensuite, toujours dans le sujet de la RTS, on apprend que les autorités de Kiev ont publié des vidéos de prisonniers russes.
Les conventions de Genève** évoquées au sujet des prisonniers ukrainiens que les défenseurs du Donbass ont fait défiler à Donetsk ne seraient-elles pas applicables ici?
La RTS floute certes le visage des prisonniers russes mais pourquoi les montre-t-elle?
Il est bien difficile de rester objectif, diront certains quand d’autres constateront qu’en effet, on montre ce qu’on peut comme on veut ou l’inverse.
* http://www.rts.ch/video/info/journal-19h30/6094158-vladimir-poutine-et-petro-porochenko-se-sont-rencontres.html
** http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/08/24/ukraine-le-defile-de-donetsk.html
Dans un article paru dans Le Temps de ce 26 août, Monsieur François Nordmann ose une analyse qualifiée de moins frileuse que celle que livre le Président suisse, Didier Burkhalter de la crise ukrainienne.
Avec tout le respect que l’on peut porter à la carrière de Monsieur François Nordmann*, on eût attendu mieux de sa perception de la Russie.
L’envisager en pays agresseur, alors que Monsieur Joe Biden et tant d’autres Américains et Européens à sa suite se sont précipités en Ukraine pour y destituer le Président Ianoukovich au nom de la démocratie, est une manière de considérer la situation.
Le problème est que la démocratie en Ukraine a fait des milliers de morts et débouché sur une situation humanitaire catastrophique.
Il n’en demeure pas moins que Monsieur Nordmann qualifie le discours russe d' »impérial » et considère que la Russie a commis un « acte d’agression » envers l’Ukraine.
De même voit-il la Crimée victime dudit « acte d’agression ».
Pareille considération de la situation ne peut qu’être le fait d’une russophobie patentée. Ce sentiment ne date certes pas d’hier mais qui honore-t-il?
* http://fr.wikipedia.org/wiki/François_Nordmann
Voici que l’on commente ici ou là, le défilé dans l’Est de l’Ukraine où des « séparatistes pro-Russes » -selon la rhétorique occidentale- ont exhibé leurs prisonniers.
Rappeler tel ou tel accord ou autre Convention de Genève ou d’ailleurs pour juger, choque autant que l’image de ce défilé.
Pourquoi?
Parce que depuis des mois et des mois, aucun media occidental ou si peu, ne s’est ému des civils qui sont tombés par milliers sous les bombes du gouvernement de Kiev aidé de milices privées financées, entre autre, par un résident genevois.*
Qui a osé interroger les accords ou les conventions de Genève et d’ailleurs sur le droit de tuer en toute impunité?
Qui a rappelé ces accords ou autres conventions de Genève après le massacre d’Odessa?
Que a brandi un accord ou une convention quelconque pour réagir au génocide perpétré contre les Russophones de l’est de l’Ukraine?
Le seul constat livré par les images de ce défilé, décrié par certains, est que la violence a engendré la violence.
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/06/03/lettre-ouverte-aux-autorites-genevoises.html
Sujet publié en page 13 de l’édition papier de « La Tribune de Genève » du 27 août 2014
On s’émeut du sort odieux réservé à James Foley et on a bien raison.
Avoir fourni des armes à des groupes terroristes en Syrie et devoir désormais lutter contre eux en Irak tandis qu’ils menacent de décapiter un autre journaliste a de quoi préoccuper.
Pendant ce temps-là, par ailleurs et depuis des mois, chaque jour en Ukraine, des civils meurent, déchiquetés par les bombes démocratiques de Kiev.
Une aide humanitaire russe a été annoncée, on a hurlé au loup.
On a bloqué le convoi, on a tergiversé, on a ajouté des morts aux morts et des blessés aux blessés.
Aujourd’hui, l’aide humanitaire est entrée en Ukraine, on accuse la Russie de l’avoir « envahie ».
L’Occident est sur pied-de-guerre, la Russie sauve des vies.
http://fr.euronews.com/2014/08/22/convoi-russe-cela-ne-peut-qu-approfondir-la-crise-dans-la-region/
http://rawwscoop.com/2014/03/02/in-ukraine-fascists-oligarchs-and-western-expansion-are-at-the-heart-of-the-crisis/
Il a osé parler de la situation humanitaire en Ukraine.
Il a même osé la qualifier de « catastrophique ».
http://fr.ria.ru/world/20140820/202209625.html
« Il », c’est Laurent Fabius, le ministre des Affaires Etrangères de la France.
Le même qui s’est toujours tant soucié du sort de l’Ukraine, victime du Président cependant légitimement élu, Victor Ianoukovich.
Le 23 février dernier, dans ce sujet,
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2014/02/23/ukraine-entre-joie-cynique-et-faillite.html
je questionnais l’information livrée quant aux véritables enjeux de la situation.
Et je concluais ainsi:
Or c’est le peuple ukrainien lui-même qui va être en première ligne des conséquences de ces cris de victoire sinon de joie lancés après de tels reportages que celui que diffuse la RTS.
Merci, Monsieur Fabius.
Dans la légende du « Grand Inquisiteur » -célèbre chapitre du non moins célèbre roman de Dostoievski, « Les frères Karamazov » – Ivan Karamazov lit à son frère Aliocha un poème qu’il a imaginé.
Celui-ci met en scène le retour du Christ sur Terre au plus fort du temps de l’Inquisition en Espagne.
A l’instar d’Ivan Karamazov, aucun personnage d’aucun roman ne semble avoir imaginé le Tsar Alexandre Ier revenir deux siècles après avoir signé, à Vienne, le traité par lequel il s’est porté garant de la souveraineté de la Suisse.
Dans la légende du « Grand Inquisiteur », l’apparition du Christ est décrite par Ivan Karamazov comme douce et discrète mais précise-t-il « chose étrange, tous le reconnaissent ».
Certes et de manière diverse car ce retour n’est pas du goût de chacun et encore moins de celui de l’Inquisiteur, cela se conçoit.
Aussi bien la réapparition en Suisse du Tsar Alexandre Ier susciterait-elle la controverse quant à l’accueil à lui réserver.
Entre respect,indifférence ou mépris du statut qu’il a accordé à la Suisse, celle-ci lui renverrait-elle l’image d’un pays dont les intérêts ont su -sinon dû- s’accommoder de ceux d’un entourage pressant.
La Suisse résiste à sa manière au courant russophobe qui traverse l’Occident mais non sans mal, il faut le dire.
Pour preuve, les dernières marques d’estime que la Suisse a portées envers la Russie par l’annulation de rencontres prévues dans le cadre du bicentenaire de leurs relations diplomatiques.
Ivan Karamazov n’a, pour l’heure, inspiré aucun personnage romanesque susceptible de rappeler sur Terre Alexandre Ier.
Bien lui en prenne et qu’hommage soit rendu, ici, à ce Tsar qui a pris en considération la Suisse et a su lui donner sa place en Europe.
L’Ukraine a reconnu que le convoi humanitaire envoyé par la Russie en aide aux populations du Donbass dans l’est du pays était bel et bien…de l’aide humanitaire.
Depuis le temps que dure ce très mauvais feuilleton, on aura tout lu. Surtout la haute considération que l’Occident porte à la Russie.
Soupçonner tout et son contraire à propos de ce convoi est vraiment prendre les responsables russes pour des abrutis finis.
Comme s’ils n’avaient pas anticipé le raisonnement occidental. Comme s’il allaient entrer dans une telle tartufferie alors que des vies sont en jeu sinon déjà disparues.
Le comportement de Kiev et de ses alliés américano-européens bafoue tout sens de la dignité humaine.
Après cela, ces mêmes cyniques osent donner des leçons de morale et de bonne conduite au reste du monde?
Aucun cirque n’engagerait de tels pantins…
http://fr.ria.ru/presse_russe/20140818/202175712.html
http://www.20minutes.fr/monde/1427487-russie-prete-envoyer-convoi-humanitaire-ukraine http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140812trib000844109/un-convoi-humanitaire-russe-en-ukraine-sans-escorte-militaire-une-couverture-fabius.html
Le président du parlement suisse, Ruedi Lustenberger a décidé d’annuler la visite de son homologue russe, Sergueï Narychkine.
Prévue dans le cadre du bicentenaire des relations diplomatiques entre la Russie et la Suisse, cette rencontre entre les deux présidents des parlements russe et suisse n’aura donc pas lieu.
C’est rendre un bien piètre hommage à la mémoire qui lie la Suisse à la Russie.
Le tsar Alexandre Ier fut l’un des garants de la souveraineté de la Suisse lors de la signature du Traité de Vienne en 1815.
Or cette garantie de souveraineté a été assortie d’une condition, la neutralité de la Suisse.
Dans ce sens, le refus opposé à la visite de Sergueï Narychkine par Ruedi Lustenberger est une insulte à l’Histoire.
Il n’y a pas si longtemps, le « rêve américain » rivalisait avec « l’avenir radieux ».
Deux aspirations aux contours variés, deux modes de vie qui ont porté autant d’espoirs que de déconvenues..
Au nom de la « démocratie », l’hiver dernier à Kiev, le Maydan s’est enflammé.
Un Occident plus prompt que son ombre s’y est mobilisé et y a scandé sa volonté.
Pour l’heure, c’est au cauchemar qu’a droit l’Est de l’Ukraine.
Mais les coupables ont dores et déjà été désignés, les sanctions sont tombées.
Ce scénario serait grotesque si n’y étaient associées tant de vies humaines.
Tristes trophées d’une démocratie qui n’en porte que le nom, hommage leur soit rendu ici.