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Abusée, suicidée, la jeune fille et la mort

L’expression de ce visage reste difficile à oublier.
Il s’agissait d’une adolescente qu’on avait incitée à porter plainte contre son abuseur. Ami de la famille, comme cela peut souvent arriver, l’homme avait entretenu une relation intime avec la jeune-fille. Sans le moindre avenir puisque les règles d’usage, dans les milieux respectables, veulent qu’on privilégie la famille et sa réputation avant toute autre inclination.
Combien sont-elles, qui ont idéalisé l’homme qui se présentait à elles comme, peut-être même protecteur, allez savoir ce que dicte un désir à satisfaire …
Or livrer un homme à la justice ne va pas de soi. Car pour peu que le sentiment s’en soit mêlé, ce qui se conçoit tout à fait, celle qui aura rompu le secret s’estimera fautive. Aussi bien assiste-t-on au renversement de la peine qui visera celle qui la porte et non plus celui qui l’a infligée.
Le processus de culpabilisation est parfois si bien rôdé que pour s’y soustraire, ne s’offrent alors plus que les solutions radicales. En l’occurrence, ladite jeune fille n’a pas supporté de mettre face aux juges l’homme et sans doute avec lui, l’ensemble des valeurs qu’il incarnait.
Lorsque l’obstacle s’avère soudain insurmontable, il vainc toute forme de résistance qui lui aura été opposée et la mort seule apparaît en état d’apaiser la blessure.
La jeune fille a donc mis fin à ses jours.

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