Tenir un discours qui est repris pour être déformé est un procédé polémique bien connu qui vise à disqualifier.
En l’occurrence, déjà qu’avant le 24 février 2022, il était acrobatique de parler de la Russie de manière autre que celle qui devait dominer, il est désormais impossible d’émettre un point de vue sur elle qui diverge de celui qui hante la quasi totalité des médias sans qu’il soit détourné de la plus grossière des façons.
Qu’on aime ou pas la Russie, qu’on tienne à en distinguer une qui ne serait pas celle de son Président, relève de préférences d’ordre idéologique.
Or refuser tout choix politique pour commenter ce qui se passe en Ukraine devrait être, à mon sens, le rôle de tant de ces « expert(e)s » qui hantent les plateaux de nos télévisions, les studios de nos radios et les colonnes de nos journaux.
Or tel n’est pas le cas.
Et c’est ce qui donne autorité à tant de ces « spécialistes » de rejeter tout avis contraire au leur, au prétexte qu’il ne serait que le relai pur et simple de la « propagande russe », du « narratif du Kremlin ».
Parce qu’exprimer une sensibilité, présenter une analyse qui soit non partisane leur est inconcevable.
S’ajoute à cela l’impardonnable abandon des efforts diplomatiques, pire, l’abus des peuples qui ont placé leurs espoirs et leurs attentes en eux. Parce que rompre le dialogue encourage les armes. Et contribue à verser le sang.
À flot et sans plus aucune considération pour la vie que chacune et chacun porte en soi.
C’est ce qui s’est passé dans le Donbass 8 ans durant, à l’insu d’un grand public qui a paru découvrir cette région d’Ukraine depuis bientôt un an. Parce que jusque là, on mourait, on était torturé, blessé, exilé dans un silence médiatique assourdissant.
Trouver cela normal? Non. Et le dénoncer n’est pas être « pro-russe ». C’est oser encore envisager l’objectivité.