Chères lectrices et Chers lecteurs de ce blog,
Pour diverses raisons, j’ai suspendu la publication de sujets comme vous aurez pu le constater. Je reviens pour partager avec vous la parution d’un ouvrage, La nuit au pas, signé par Isabelle Cornaz qui a été, en son temps, correspondante à Moscou pour la Radio Télévision Suisse (RTS).
Je découvre la parution de ce livre à l’instant et me réjouis de le lire, tant j’aime Moscou et la Russie, inutile de le rappeler encore et encore ici. Sauf que vu le contexte, déclarer son amour à une capitale et à un pays conspués par l’opinion publique officielle, c’est plus que risqué.
Face aux nombreuses réactions qui entourent l’ouvrage d’Isabelle Cornaz, j’ai commencé par suivre une interview qu’elle a accordée à la RTS. Outre le fait que la journaliste qui l’interroge avoue peu sinon mal connaître ce vaste pays dont on ne cesse pourtant de parler, dit-elle et merci, j’ai relevé cette assertion de l’auteure du livre selon laquelle la guerre en Ukraine serait une question de territoire.
C’est faux. Tout est parti d’une question de langue.
C’est l’interdiction du russe comme langue officielle, décrétée par la rada ukrainienne le 23 février 2014 qui a mis le feu aux poudres dans le Donbass, région essentiellement russophone. Et près de 15’000 morts plus tard dans cette région, sans compter les centaines de milliers de blessés et d’exilés qui n’ont pas plus que cela retenu l’attention de nos médias, pas davantage non plus celle de la diplomatie, c’est après ce carnage que tout s’est dégradé.
Quant à ce que dit Isabelle Cornaz de « certains cimetières » qui pourraient être rachetés par un promoteur et être rasés par des bulldozers, c’est à se demander comment la mémoire des ancêtres si chère aux Russes peut à ce point lui avoir échappé qu’elle imagine pareil comportement.
Mais bon, elle connaît mieux la Russie que moi, sans doute… et surtout lorsqu’elle parle de la « dégradation morale de la société » qui « porte atteinte à la réalité de ce pays », la Russie donc. Quand la poésie du regard s’accompagne de jugements, conserve-t-elle toute sa puissance, la question est posée.