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La Crimée, « historiquement musulmane » dit-il.

On pense parfois avoir plus ou moins fait le tour des spécialistes de la Russie.

Médiatisés pour en dire tout le bien que l’on sait, lit, entend et voit, on finirait presque par s’y habituer. C’est sans compter sur la surprise qui n’est jamais loin pour démontrer à quel point le traitement orienté d’un sujet sensible fait recette.

Alain Lallemand ne se pose pas en grand connaisseur de la Crimée qu’il dit avoir découverte lorsqu’il avait été envoyé en tant que journaliste en 2014 pour couvrir « l’invasion » (sic) de la péninsule par les Russes.

Ce qui ne l’empêche, dans l’interview consacrée au roman que ce collaborateur du journal Le Soir a publié chez Weyrich, de nous délivrer un message assez stupéfiant.

On apprend que la Crimée n’a soudain d’autre Histoire que celle qui l’a rendue, un temps, khanat musulman.

Ignorée donc, la terre autrefois grecque. Ignorées, ses populations massacrées. Ignorées les invasions, véritables bains de sang. Seuls doivent prédominer l’abominable Staline et avant lui, l’impératrice Catherine II de Russie.

Instructive aussi, toujours à l’écoute de cet écrivain, cette appartenance de la Crimée à « l’empire ukrainien », cité juste avant « l’empire russe ».

Alain Lallemand n’aurait-il donc jamais entendu parler de l’Antiquité greco-romaine pour arriver à nous dire -à la minute 05 de la vidéo- que « la Crimée, c’est historiquement un khanat », mieux, « c’était une terre qui était historiquement musulmane »?

En tous les cas, merci pour les populations criméennes qui n’ont certainement pas été consultées pour savoir si elles se réjouiraient d’être envahies et converties, pour celles qui auraient survécu à l’envahisseur!

Pour qui souhaiterait élargir son approche, il y a de quoi, ne serait-ce que sur Wikipedia.

Recourir au roman pour y délivrer un point de vue est une chose. Carboniser l’Histoire, une tout autre. La Crimée a connu nombre de retournements durant les siècles avant et après J.-C.  La réduire à un « khanat », à une « terre musulmane », c’est la trahir.

C’est nous vendre du mensonge, tout romanesque soit-il. C’est abîmer la littérature et se fondre dans de la mauvaise propagande.

NB: la photo qui illustre ce sujet est celle d’un couloir d’hôpital de Simféropol, photo que j’ai prise en juillet 2014.
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2 Comments

  • Reply Curchod 24 juillet 2024 at 16h36

    Abominable de donner une tribune à cette catégorie, hélas en augmentation, de pseudo journalistes qui ne sont , en fait et pour la plupart, que des faiseurs d’opinion aux ordres d’un éditeur.

  • Reply Robert Roudet 25 juillet 2024 at 11h15

    L’inculture la plus absolue, s’ajoutant parfois à une certaine dose de mauvaise foi, a, hélas, une force souvent redoutable. Témoin de ceci le nombre d’exemples que nous donnent nos médias de perversion de l’histoire. Ce monsieur Lallemand, qui est certainement un grand écrivain, devrait songer à écrire un roman sur les Balkans où il nous apprendrait que la Serbie, la Bosnie-Herzégovine etc. sont des territoires historiquement turcs et musulmans. Les Serbes seraient très contents…

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