Après la énième attaque reçue en provenance de personnes qui, à l’évidence, démontrent leur besoin de nuire plutôt que de lire, je constate qu’écrire sur l’Ukraine dans un sens plus nuancé que celui qui n’a de cesse de rendre sa grande voisine russe responsable de tous ses maux, vaut en retour, mépris dans le meilleur des cas, haine dans le pire.
Des plus de trois cents sujets de blog que j’ai consacrés à la guerre qui a ravagé le sud-est de l’Ukraine et nui à l’ensemble du pays par le fait d’une guerre qui le déchire, certains esprits se sont ingéniés à déconsidérer une approche qui refusait de diaboliser la Russie.
Or, plutôt que d’entrer dans le débat, non, on attaque la personne.
Dans des pays qui se réclament de valeurs démocratiques, de libertés d’expression, pratiquer une méthode si vite qualifiée de « fasciste » lorsqu’elle vise des positions qui doivent s’imposer, est aussi piquant que symptomatique.
Pour que nos démocraties n’en soient pas que le seul prête-nom, s’élever contre autant de comportements malhonnêtes peut paraître vain. Pourtant, ne pas y réagir, c’est les laisser se répandre en toute impunité.
Le rappeler équivaut, au moins, à ne pas se rendre complice de pareilles attitudes.
fascisme
Nouvelle référence pour l’Occident, la lauréate du prix Nobel de littérature, pas moins que les médias qui lui tendent leur micro et lui ouvrent leurs colonnes, ne boudent leur plaisir de dire autant de bien de la Russie que de son Président.
Voici que Svetlana Alexievitch met en garde contre le nationalisme russe, selon TV5Monde qui titre ainsi l’article paru sur son site ce 11 novembre 2015.
Plus loin, l’écrivain de poursuivre: nous savons que tout nationalisme mène au fascisme. C’est le plus dangereux.
Il faut lire de toute urgence l’ouvrage que Jean Geronimo a consacré à l’Ukraine et le recommander aux inconditionnels de Madame Alexievitch si tant est que leur curiosité les porte vers la lecture de cet essai.
Précis, documenté et pointu, le livre de ce Docteur en économie qui enseigne à l’Université Pierre Mendès-France de Grenoble est à l’image de son sous-titre, une bombe géopolitique, au coeur de la Guerre tiède.
Alors on comprendra ce que nationalisme et fascisme impliquent. Alors on saura qui est nationaliste et qui, fasciste.
Il est grand temps que cesse cette désinformation organisée contre la Russie.
Car ce n’est pas ce vaste pays qui aura à en pâtir mais bel et bien cet Occident qui abuse de la confiance de ses peuples.
La guerre en Ukraine n’a-t-elle pas déjà fait assez de victimes?
Le mensonge qui l’a permise, Jean Géronimo nous en fournit les preuves tout au long de son ouvrage paru en août 2015 aux éditions SIGEST.
Lorsque la Crimée, dont il est originaire, est envahie par les forces russes, Oleg Sentsov rejoint sa ville de Simferopol. *
Telle est la manière dont Stéphane Siohan pose le cadre de la situation en Crimée alors qu’il évoque l’arrestation et la condamnation d’un réalisateur ukrainien par la justice russe.
La Crimée envahie par les forces russes, on ne compte plus les journalistes qui l’ont vue ainsi.
Tandis qu’un referendum avait été organisé qui permettait aux citoyens de se prononcer sur le rattachement ou non de la Crimée à la Russie, inutile de rappeler comment celui-ci avait été commenté.
On en trouve encore l’écho dans l’article de Stéphane Siohan qui relaie les propos du cinéaste selon lequel la Crimée aurait été illégalement annexée avant d’ajouter qu’il n’y aurait pas de fascistes en Ukraine.
Il serait intéressant de demander à l’auteur de cet article paru dans Le Temps,* ce qu’il en pense, lui qui a relayé sur son compte Twitter ce qui figure en illustration de ce sujet, à savoir l’ouverture, par la milice d’extrême droite du bataillon Azov, d’un camp d’entraînement pour enfants, camp géré par le ministère de l’Intérieur ukrainien.
Guerre d’informations ou non, tout cela se passe tout près de chez nous et ne semble pas prêt de s’arrêter à en croire le tweet adressé au cinéaste par Petro Poroshenko:
«Tiens bon, Oleg, le temps viendra où ceux qui t’ont condamné se retrouveront sur le banc des accusés!» *
* http://www.letemps.ch/Page/Uuid/96f02566-4b60-11e5-81d9-3af08ac280c8/La_justice_russe_inflige_20ans_de_prison_à_un_réalisateur_ukrainien
On sait que la caricature vise l’essentiel.
On sait que son impact repose sur le trait et l’économie de moyens.
Tel est bien le sens du dessin ci-dessous où l’opinion figée en postures affirme et rompt le dialogue.
Par la loi ou par la force, le genre s’impose et oppose.