Débats intéressants, sur France2, au soir du premier tour de la primaire de gauche.
Deux tendances se dessinent de manière nette avec les victoires de Benoït Hamon et de Manuel Valls. L’enjeu du parti socialiste est de mobiliser un électorat qui semble ne plus trop croire en une victoire possible de son candidat au second tour de la présidentielle sauf à considérer Emmanuel Macron comme encore socialiste.
Mais sait-on bien ce qu’il représente?
Certes, il séduit nombre de magazines qui l’affichent en couverture de leurs éditions. Il rassemble aussi un public que ses envolées proches de l’hystérie n’ont pas semblé gêner.
Ce qui reste de France socialiste, toutefois, ne s’y est pas reconnu pour avoir préféré porter ses suffrages aux candidats de la primaire.
Honneur à autant de citoyennes et de citoyens tandis que le Président qu’ils ont élu il y a cinq ans n’a pas souhaité commenter ce premier tour de la primaire qu’il a suivi depuis le Chili.
France
capture d’écran France2
Pendant que certains présidents vivent leurs dernières heures au pouvoir, pour l’un, leurs derniers mois, pour l’autre, leur manière de quitter le devant de la scène politique ne manque pas d’être remarquée à défaut d’être remarquable.
Sur la toile, circulent toutes sortes de rumeurs et autres pétitions à signer tandis que l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche inquièterait.
En France, c’est la mort en directe du Parti socialiste à laquelle on assiste chaque jour ou presque.
François Hollande a voulu et revendiqué être un président normal, est-ce à dire que son comportement serait celui de tout un chacun de nous?
Ce qui semble, en tous les cas, acquis pour lui, est qu’outre son record d’impopularité, il aura réussi à mettre son propre parti dans une situation assez inédite.
Qu’un jeune premier, autrefois son ministre et son protégé, fasse la fine bouche face aux candidats malheureux qui seraient obligés de se rallier à lui pour représenter la gauche à la présidentielle 2017, il fallait y penser. Emmanuel Macron a osé:
http://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/politique-les-soutiens-d-emmanuel-macron_2024891.html
Michel Houellebecq, invité de David Pujadas dans le cadre du 20 heures de France2, ce 17 janvier a dit percevoir Emmanuel Macron tel un mutant.
Le terme est éloquent.
Larousse le définit ainsi: se dit d’une cellule, d’un clone cellulaire ou d’un organisme dérivant d’une cellule qui a été le siège d’une mutation.
A observer cet homme lors de son meeting, le 10 décembre dernier à Paris, on sent l’adhésion de son public. Venu chercher, peut-être, la bonne parole, il suit, avide et applaudit.
Mais lorsqu’en conclusion de sa prestation -qui a été soigneusement coupée de la video qui rend compte de l’ensemble de son intervention* – le candidat Macron s’exalte jusqu’à s’égosiller, au nom de la République et de la France, on se dit que son auditoire et son potentiel électorat ne sont pas trop regardants sur la manière:
https://www.youtube.com/watch?v=WoLZYEO2-FQ
A chacune et à chacun ses préférences mais l’hystérie qui s’empare de ce jeune politicien, mutant ou pas, cadre mal avec la maîtrise plutôt attendue d’un chef d’Etat:
* https://www.youtube.com/watch?v=JMN20SSHg4k
capture d’écran
L’information n’est pas passée inaperçue et cela se conçoit. Elle aurait même fait l’effet d’une bombe.
Le jour même du deuxième débat de la primaire citoyenne, le Journal du Dimanche (JDD) publie des propos qu’aurait tenus un proche de l’encore actuel Président de tous les Français.
Selon cet ami de François Hollande, ce dernier se serait dit prêt à soutenir la candidature d’Emmanuel Macron.
De même, Ségolène Royal qui estime savoir de sa propre parole qu’elle a du poids:
http://www.challenges.fr/politique/et-si-francois-hollande-et-segolene-royal-soutenaient-macron_448106
Bien sûr, l’Elysée dément et Dominique Villemot, l’auteur des propos en question s’est fendu d’un sms au JDD pour contester les avoir tenus.
Cependant, la rédaction du JDD persiste et signe et refuse de remettre en cause le travail de ses journalistes.
Ambiance!
On se demande à quoi servent ces débats organisés par autant de médias soucieux, bien sûr, de donner la parole à autant de personnalités d’avis et d’horizons divers sinon pour sauver la face et couper autant que possible la parole à qui la leur ferait perdre, ladite face.
En l’occurrence, ce 3 janvier au soir, ARTE avait réuni dans le cadre de son émission 28 minutes, trois invités pour discuter de la cyber-guerre russe.
Quand vous voyez Marie Mendras, à la minute 17,55, demander la parole pour recadrer le débat et dire qu’on ne peut pas laisser dire, ici, sur un bon plateau de télévision en France, dans une démocratie, que nous faisons de la propagande russophobe alors que le régime russe n’est pas une démocratie, contrôle ses médias, etc.etc pour, enfin, cerise sur le gâteau, s’insurger contre le mensonge on comprend que se risquer à appeler cette énième spécialiste de la Russie à un peu plus d’objectivé serait sans doute mal reçu sinon carrément malvenu.
Il faut dire que sur ARTE dont BHL est le président du conseil de surveillance depuis plus de 23 ans, on a toutes les chances d’être à cet endroit où selon lui, tous les soirs, on fabrique de l’Europe, on façonne et invente de la culture européenne vivante:
capture d’écran:http://www.lepoint.fr/politique/quand-poutine-mettait-nicolas-sarkozy-k-o-debout-15-12-2016-2090829_20.php#xtmc=sarkozy&xtnp=1&xtcr=6
Pour qui aura suivi les diverses émissions et autres documentaires consacrés au Président de la Fédération de Russie, un épisode aura peut-être retenu leur attention parce qu’il a été relayé par certains non sans plaisir.
Il s’agit d’un échange entre Nicolas Sarkozy et Vladimir Poutine dont il a été donné une version contestable et contestée.
Le Point publie, en effet, un article qui dément ce qui a été décrété par un de ces spécialistes aussi expert et habile que celui qui n’hésite pas à se substituer au Président russe en se plaçant directement dans sa tête.*
http://www.lepoint.fr/monde/sarkozy-poutine-jean-david-levitte-remet-les-pendules-a-l-heure-17-12-2016-2091173_24.php
On sait que la guerre engendre mensonges et propagande, cela a été dit et rappelé dans nombre de ces émissions. La preuve en est donnée là comme elle a pu l’être à de nombreuses reprises.
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/01/27/bhl-bis.html
capture d’écran: BibliObs
Un nouvel adjectif est né, à l’Académie française de le valider tandis qu’elle vient d’admettre en son sein, l’écrivain Andreï Makine.
Il n’aura pas fallu attendre longtemps pour découvrir une nouvelle fois la qualité de propos émis à l’égard de qui ose parler de la Russie en termes que le très bien-pensant Occident ne se satisfait pas de ne pas goûter mais qu’il se hâte de juger sinon de condamner.
Voici qu’en effet, ce natif de Russie, désormais Immortel, s’est exprimé sur divers sujets qui ont heurté quelques sensibilités hexagonales.
De fait, l’auteur de cet article a trouvé comment rendre au mieux compte du moment académique et historique qui a vu Andreï Makine être reçu à l’Académie française.
Ce suffisant journaliste s’est fendu du néologisme de poutinien pour signifier toute la finesse de son approche sinon la subtilité de son intelligence.
A l’évidence, son génie créateur rivalise d’excellence face à la culture, à l’humanisme et à l’immense et réel talent d’Andreï Makine.
http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-m-andrei-makine
http://www.academie-francaise.fr/reponse-au-discours-de-reception-de-m-andrei-makine
Une page se tournerait-elle?
Après la RTS, au tour de France2 de se distinguer par la qualité des deux documentaires que la chaîne d’information française à diffusés ce 15 décembre au soir.
Tous deux consacrés à Vladimir Poutine, ils ont permis aux téléspectateurs de découvrir -enfin!- des points de vue rarement ou jamais proposés jusque là sur le président russe.
La première partie de la soirée, c’est Laurent Delahousse qui l’a présentée avec une rétrospective de l’enfance, de la jeunesse et du cursus de Vladimir Poutine.
Pour qui avait lu l’ouvrage de Frédéric Pons, signalé ici-même*, on retrouve beaucoup de ce qu’il y a écrit. Il figure d’ailleurs parmi les intervenants du premier documentaire au cours duquel le public découvrira aussi, parmi d’autres, Piotr Tolstoï, journaliste d’une émission très connue de la chaîne Pervij Kanal, Vremja pokozhet.
La parole a aussi été donnée à l’Ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov. C’est dire le souci d’objectivité observé par France2!
La seconde partie de la soirée a consisté en un film mêlant, lui aussi, éléments rétrospectifs et témoignages. A retenir, ceux d’Hubert Védrine et d’Hélène Carrère d’Encausse, à signaler aussi, l’intervention, pour qui le connaît, de Xavier Moreau.
Autant dire que la soirée a a été d’un niveau autrement plus instructif que certaines précédentes émissions dont il a été question ici…
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/08/08/pasdamalgame.html
capture d’écran: rtl.fr
Le président de la Fédération de Russie, après avoir été identifié et renommé en Hitler, en Staline, en Ivan le Terrible, l’est désormais en pays.
C’est Alain Duhamel, pourtant journaliste aguerri, qui le présente ainsi:
http://www.rtl.fr/actu/politique/alep-le-veritable-vainqueur-de-la-bataille-est-vladimir-poutine-analyse-alain-duhamel-7786283086
Comme un autre de ses confrères sur son blog, emporté par sa prose -ou son humeur- voici que le journaliste français se surpasse pour évoquer le président russe.
Aussi, ne parle-t-il jamais de la Russie, ni de son armée ni de tout autre commandement militaire mais du seul « Poutine » et de son aviation, de ses bases militaires, de ses alliés et de ses adversaires.
On a bien compris que de nombreux journalistes ne se donnent plus la peine d’informer.
Mais de là à dire tout ce qui leur passe par la tête sans la moindre considération de leur public, il y a un pas qui semble allègrement franchi.
Un peu de déontologie, un peu de mesure et de nuances, serait-ce trop demander?
On l’a constaté, certains se sont réjouis de voir Jérôme Cahuzac condamné.
Le journaliste Edwy Plenel s’est félicité d’avoir tiré la sonnette d’alarme, d’avoir donc, en quelque sorte, été ce qu’il semble désormais convenu d’appeler un lanceur d’alerte.
Si l’ancien ministre du Budget a trahi, il n’est sans doute pas le premier dans son genre.
Que dire de celles et ceux qui ont promis, promis et promis au nom d’une croissance dont ils allaient s’employer à relever le niveau? En vain.
Leur trahison a plongé nombre de personnes, de ménages, de familles et d’entreprises dans une misère qui n’a, parfois, plus trouvé d’autre issue que la rue sinon le suicide.
A ces bonimenteurs, justice n’a pas été rendue sinon, peut-être, par les urnes.
A cet égard, le rôle des réseaux sociaux a pu être relevé. Mais pour y découvrir haine, insultes et détournements divers au moins autant qu’analyses, sens critique et débats d’idées raisonnables.
Alors?
Sanctionner une politique et la rejeter peut-il encore se concevoir sans risquer l’extrémisme tandis que sa montée s’observe ici et là?
Poser la question n’est pas y répondre.