Non, Monsieur Ziegler, en dépit de toute la sympathie que l’on peut vous porter, ce que vous avez dit de la Russie, ce que vous avez dit de la Grèce lors de la présentation de votre récent ouvrage paru au Seuil est indigne de l’Universitaire que vous êtes.
Ce 6 mars chez PAYOT Rive-Gauche à Genève, en effet, où vous avez été invité à parler de votre livre, « Lesbos, la honte de l’Europe », vous avez accusé Vladimir Poutine d’être un « génocidaire » et avez vu la Russie, responsable de la situation actuelle en Syrie.
Mieux, il vous a suffi d’énumérer l’ensemble des dégâts qu’elle a causés pour avoir l’approbation d’un public présent en nombre. A cela seulement se mesure le succès d’un matraquage médiatique qui ose encore s’appeler information.
La Russie? Poutine? Coupables. Mieux, criminels. Pis, génocidaires.
Fortement ébranlé par ce que vous avez découvert des conditions dans lesquelles se retrouvent autant de « persécutés » -terme que vous avez souvent employé pour désigner celles et ceux qui ont fui leur pays- vous vous érigez en juge et censeur.
Monsieur Ziegler, la situation qui prévaut en Grèce est autrement plus complexe que celle que vous avez dessinée à grands coups d’accusations lancées ici et là avec, en dernier ressort et suprême coupable, le Président Poutine.
Je suis venue vous écouter, ce soir, par amour pour la Grèce. Oui, ce pays qui a une histoire dont peu mesurent l’ampleur des souffrances qu’il a connues.
Qui a une idée de ce que fut la guerre d’indépendance avec ses 200.000 morts?
Qui a une idée de ce que fut la guerre civile qui a sévi juste après la deuxième guerre mondiale et qui a fait 150.000 morts et une centaine de milliers de réfugiés?
Quant à la longue tradition d’accueil dont jouit la Grèce, elle n’est plus à prouver.
Alors parler de la corruption qui la gangrène, c’est un peu vite se dédouaner face à ce que représente un tel flux migratoire auquel elle doit faire face.
Monsieur Ziegler, est-ce votre humanisme au-dessus de tout soupçon qui vous confère pareille autorité à prononcer autant de sentences?
Voici une séquence à méditer, celle qui oppose Hubert Védrine à Eric Zemmour.
Autant dire qu’on est un peu ailleurs dans la réflexion et l’analyse et qu’y porter attention vaut autant que celle que je vous ai portée en venant vous écouter ce soir.