photo @H.R.-Favre
Dans l’une des Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, un peintre entre dans le tableau auquel il travaille et s’en va sur la barque qu’il a peinte.
A l’inverse, dans La rose pourpre du Caire, l‘un des personnages du film de Woody Allen sort de l’écran pour entrer dans la salle de projection et rejoindre le public.
Cette articulation entre imaginaire et réalité, le Consulat suisse de Saint-Pétersbourg m’avait invitée à en parler. C’était en 2013, au Collège universitaire français et à la Bibliothèque Majakovskaja, il en reste des traces sur google et youtube.
Confronter images et réalités m’habite en permanence et figure au coeur de ma démarche littéraire tout autant qu’elle motive en grande partie la tenue de ce blog.
Dans ce sens, j’aime à rendre compte, entre autres, des changements que j’observe toutes les fois que je séjourne en Russie tandis que ce pays alimente une narrative médiatique formatée selon des standards établis et récurrents.
A Moscou, pour ne citer que cette capitale, force est de constater que la vie y est de plus en plus semblable à celle menée dans nos grandes villes. Or on entend ou on lit souvent de couples homosexuels, par exemple, qu’ils y seraient traqués sinon persécutés.
Dans le métro, pourtant, j’ai vu deux jeunes gens très à l’aise dans leur proximité affichée qui n’a pas paru gêner qui que ce soit. Aucun regard lancé de travers, mieux, aucune milice pour les embarquer on ne sait où, bref, rien de plus ni de moins que ce que l’on voit chez nous.
Si Moscou ne représente, certes pas, le pays dans sa globalité, au même titre, Paris ni Berne ne résument la France ni la Suisse.
Evidences à rappeler qui n’empêchent pas de comparer entre elles ces capitales et de mesurer les ressemblances de comportements humains qu’on y constate.
homosexualité
capture d’écran: SOFOOT.COM
En cherchant une image pour illustrer ce sujet ci-dessous, je découvre cet article. Or je m’apprêtais à écrire que certaines ardeurs russopobes semblaient s’être un peu apaisées. C’était sans compter la vigilance accordée à ce genre de cas à médiatiser.
Sans du tout cautionner la violence qu’il implique, j’aimerais tout de même dire, ici, que des citoyens russes hétérosexuels se font aussi tabasser et détrousser de tous leurs biens. Et cela, par autant de grands amis de la Russie et sans qu’aucun média n’en fasse grand cas.
Sélectionner les témoignages d’agressions comme s’y emploient encore et encore autant de journalistes ne relève d’aucune objectivité. On le savait, on le vérifie ici encore.
Alors, bien sûr, le refrain si souvent entonné qui consiste à dire qu’on aime la Russie mais qu’on la distingue de celui qui la tient d’une main qu’on n’hésite pas à considérer de fer, tout cela est bien connu.
Nombre d’émissions nous ont aussi expliqué comment Vladimir Poutine était parvenu au pouvoir, comment il s’était enrichi de manière cachée et comment nombre de ses opposants avaient été traités. Avec, preuves à l’appui, autant de témoignages à croire, cela va de soi.
Car dans les médias dits mainstream, les fake news, on ne connaît pas. Non, tout cela relève de sites conspirationnistes et complotistes, on l’a bien compris.
Et même, ces histoires qu’on nous raconte seraient-elles vérifiables et vérifiées dans leur authenticité, que nous indiquent-elles sinon que la conquête de sommets s’opère le plus souvent sans ménagement pour tout(e) rival(e)?
L’Histoire n’a cessé de nous le montrer. Dans ce cas, qu’il s’agisse de tel ou tel Président, chercher à le disqualifier apparaît relever de stratégies bien connues que nos valeureuses démocraties ne boudent pas non plus.
Pour en revenir à ce constat selon lequel un semblant de changement de ton pour parler de la Russie apparaissait, cela concerne au moins la Radio Télévision Suisse.
En effet, elle a proposé, outre son émission phare Infrarouge, une série de documents consacrés à six Suisses qui vivent à Moscou. Trois épisodes sur quatre ont déjà été diffusés, je vous en recommande le visionnement.
Mémoire rendue aux enfances volées* ici, hommage à un jeune homosexuel noyé au XVIe siècle là*, articles et conférences sur les familles arc-en-ciel*, la sensibilisation à l’enfance est de mise à Genève.
On le sait, le combat se mène ici en Suisse comme récemment en France pour ouvrir le mariage aux couples de même sexe.
Au nom de l’amour et du droit à l’enfant.
Ce droit, pour se défendre, peut certes s’évaluer à la mesure d’autres qui ont brutalisé l’enfance.
Dans ce cas, poser les vraies questions que soulèvent la procréation médicalement assistée et la gestation par autrui auxquelles recourraient les couples homosexuels pour satisfaire leur droit à l’enfant, serait aussi bienvenu que le retour sur images de passés douloureux.
Un enfant porté par le ventre loué d’une mère vivra-t-il la parentalité comme un enfant arraché par l’Etat à ses parents?
Et même, pourquoi comparer sinon parce que souvent les cas d’enfances malheureuses surgissent comme pour signifier qu’elles ne seraient pas le seul fait de familles dites arc-en-ciel.
Si les tragédies familiales du passé doivent être rappelées, il n’est pas inutile non plus de prévenir celles du futur.
Car se targuer de défendre l’enfance ne se limite pas à évoquer les dégâts passés d’un Etat. Mais à anticiper les possibles dommages à venir qu’un Etat cautionnerait au nom du droit à l’enfant.
Texte paru dans l’édition papier de La Tribune de Genève du 18.06.2013 en p.13
* http://www.saintgervais.ch/programme/detail/exposition-enfances-volees-regards-et-temoignages- d-enfants-places
http://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:1lR9N0WXN48J:https://www.ville-geneve.ch/conseil-municipal/objets-interventions/detail-rapport-reponse/%3Fsdl_uid%3D48741%26sechash%3D6d77f685+&cd=1&hl=fr&ct=clnk
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/suisse-plusieurs-miliers-enfants-vivent-familles-homoparentales/story/21691211