Dans un récent sujet de ce blog avait été citée l’interview d’une sociologue algérienne:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/02/08/la-femme-l-islam-et-la-gauche-europeenne.html
Il était question, dans ses propos, du fait qu’il existait, dans l’islam, des centaines de lois différentes voire contradictoires.
Mais, précisait Marieme Helie Lucas, les intégristes ont presque réussi à faire accepter l’idée que l’islam, c’est eux (…) et que quiconque s’oppose à leurs élucubrations supposément religieuses s’attaque donc à l’islam même.
Et d’ajouter que le terme d' »islamophobie » illustre leur stratégie: osez me contredire et je vous accuse de haïr l’islam.
De dire, comme certains, que la réforme de l’islam doit venir de l’intérieur, à lire Marieme Helie Lucas et les combats qu’elle évoque, on comprend ce qui en résulte.
Les femmes récalcitrantes aux lois des intégristes ont été brûlées vives, torturées, décapitées, leurs têtes promenées en parade.
Si la sociologue parle surtout du sort des femmes, difficile de ne pas songer, par exemple, à celui qui était réservé à tout Allemand qui s’opposait au pouvoir nazi.
Nombre d’Allemands ont été victimes du régime d’Hitler! Les a-t-on aussi invités à réformer les lois en vigueur de l’intérieur?
Pouvoirs
Vous pensiez la rhétorique réservée à quelques érudits ou autres savants usagers de la langue?
Détrompez-vous, certains la maîtrisent à merveille quand d’autres savent aussi la relever au passage.
En voici une bel exemple, loin d’être unique pour rendre compte d’une personnalité dont on sait la considération que lui porte la plus grande partie de la classe médiatico-politique occidentale.
Cela se passe dans le cadre d’une émission de géopolitique consacrée à l’OTAN et dont l’invité est Arnaud DOTEZAC, directeur des rédactions de Market Magazine.
A voir ici, dès la minute 9′:
http://www.rts.ch/emissions/geopolitis/7388948-otan-a-quoi-sert-l-alliance.html
Le très rhétorique si j’ose dire de Xavier Colin -qui ose donc dire- n’échappe pas à son invité.
Arnaud Dotézac, factuel, recadre.
On lit, on entend certains s’élever contre tels ou tels récits qui ne seraient que bobards ou autre opium à endormir les peuples.
S’emparer de la langue pour mener un combat ou rassembler ne peut s’imaginer, toutefois, sans éléments qui emportent l’adhésion.
Imaginer qu’elle soit totale est utopique, bien sûr mais une majorité à convaincre est toujours visée sans quoi, on prêcherait dans le désert.
Prêcher, terme qui renvoie à un cadre religieux mais dont l’usage l’a débordé. Car les convictions ne lui sont pas à lui seul limitées.
Ce qui indique combien la figure de qui prêche est reconnue dans d’autres contextes.
Dans ce sens, il serait judicieux de s’interroger sur la valeur que d’aucuns apportent sans hésiter à certaines prises de position pour en attaquer d’autres.
Affirmer de l’existence de Dieu, par exemple, qu’elle serait une fiction relève du même imaginaire que celui qui soutient le contraire.
Dans ce cas, considérer l’athée comme un croyant serait plus conforme et respectueux du mystère encore jamais élucidé de l’existence ou non de Dieu.
Souvent -et récemment encore sur ce blog- est évoquée la vérité.
D’aucuns lui ajoutent même une sorte d’absolu en l’affublant d’un L et d’un V majuscules.
Décréter de la vérité, qu’elle existe est une manière générale de l’appréhender.
Car si, en effet, la vérité peut apparaître dans une situation donnée, dans d’autres, elle peut ne rester qu’une vérité, sinon échapper.
Alors, affirmer que La Vérité existe peut, certes, tenir lieu d’assertion. Mais sa quête implique l’absolu.
Or se pose la question de savoir dans quelle mesure un absolu se vit.
Cette femme rêve-t-elle?
En tous les cas, elle analyse. Et de nombreux éléments sont à retenir des propos qu’elle tient:
http://www.telerama.fr/idees/apres-cologne-nous-voyons-en-europe-les-signes-precurseurs-de-la-montee-de-l-extreme-droite-integriste,137685.php#xtor=EPR-126-newsletter_tra-20160208
Ce qu’énonce cette sociologue algérienne confirme comment les extrêmismes s’alimentent les uns les autres.
Car à lire ce que déclare Marieme Helie Lucas de ce qu’elle appelle gauche européenne, le constat est dressé: incapacité mortifère à soutenir les droits des femmes contre toute agression.
Doit-on y voir l’impossible place à prendre par un modèle de société rappelé pourtant en boucle par autant de ses défenseurs?
Droits et autres revendications sans cesse claironnés semblent en réalité s’effacer derrière la crainte de se voir étiqueté.
Dans ce contexte, cherchez la femme!
Tel était bien le sens de l’injonction lancée ici-même:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/01/11/cologne-cherchez-la-femme.html
Aussi, lier le sort de la femme à la politique paraît-il bien hasardeux.
Décidément, certaines parties de l’anatomie masculine semblent prisées pour définir ce que serait un chef d’Etat.
On se rappelle le pas de testicules, pas de cerveau d’Oliver Delamarche à propos d’Alexis Tsipras:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/07/20/pas-de-testicules-pas-de-cerveau.html
Voici que Michel Onfray évoque la testostérone du chef de guerre, hélas! -précise-t-il- argument électoral.
Dans un article paru sur le site du Point.fr, le philosophe dénonce l’attitude guerrière de l’Occident qui aurait tué des millions de musulmans et justifierait, selon lui, la réaction des concernés.
Or juste avant cela, le silence observé par notre élite journalistique et mondaine, intellectuelle et parisienne au sujet des agressions sexuelles de Cologne le fait estimer que nous vivrions déjà sous le régime de la soumission
En ceci, indique-t-il, il rejoindrait Michel Houellebecq.
Soit.
Mais à le lire, il semble difficile de saisir où se situe le philosophe.
Car la testostérone du chef de guerre, argument électoral, serait-elle une expression de ce régime de la soumission?
Etrange.
Mais apparemment à l’image d’autres contradictions, au regard du narcissisme égotiste et de l’hédonisme trivial dont il affuble l’occidental.
Doit-on le préciser, Michel Onfray ne s’y reconnaît pas. Non, il serait, lui, un homme d’éthique et de conviction:
http://www.lepoint.fr/chroniques/michel-onfray-houellebecq-a-raison-03-02-2016-2015101_2.php
Les réactions ne se seront pas fait attendre après la diffusion du documentaire évoqué dans mon précédent sujet:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/02/02/d-aveugle-et-sourd-a-lanceur-d-alerte.html
D’aveugle et sourd à lanceur d’alerte, voici que ce même Obs publie une lettre ouverte à l’adresse du réalisateur du film pour lequel, deux jours plus tôt, il titrait: Ne ratez pas:l’Ukraine, les masques de la révolution.
Ils sont dix-huit journalistes à avoir signé la missive.
Il est précisé qu’ils sont tous connaisseurs du dossier pour avoir travaillé sur place. Comme si le fait d’avoir travaillé sur place était un gage d’honnêteté. Va pour eux et voici leur propos:
http://teleobs.nouvelobs.com/actualites/20160202.OBS3854/lettre-ouverte-a-paul-moreira-apres-ukraine-les-masques-de-la-revolution.html
Cependant, Le Monde ne se veut pas en reste, lui non plus.
Et cette fois, on n’est plus dans le cadre d’un travail sur place à défendre au nom d’une vérité à en déduire de fait. Non, là, on est carrément dans l’explication, logique, fouillée, argumentée, bref infaillible ou peu s’en faut.
Normal, on est dans la tête de Michel Eltchaninoff*, entre autres signataires de ce brûlot.
http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/02/03/sur-canal-un-documentaire-diffuse-la-propagande-du-kremlin-contre-l-ukraine_4858723_3232.html#1pgErwfcgMciV6bG.99
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/01/27/bhl-bis.html
Et voici que L’Obs, pas vraiment connu ni reconnu pour la considération qu’il porte au président russe -sinon à la Russie elle-même- voici donc que ce media joue les révélateurs sinon les lanceurs d’alerte.
Alors que nombre de voix s’étaient élevées dès 2013 contre la désinformation caractérisée qui visait la situation en Ukraine, une valeureuse journaliste vient nous apprendre que le gouvernement ukrainien serait composé de néo-nazis.
Sacrée découverte que relaie là cet Obs soudain miraculé de la cécité médiatique occidentale qui a permis l’embrasement de l’Ukraine.
Quelle que soit la raison de pareil revirement, elle est évidemment à saluer. Sauf que plus de 9.000 morts plus tard et un pays exsangue, on aurait pu espérer mieux.
Mais L’Obs intitule sans problème Ne ratez pas: « Ukraine, les masques de la révolution »:
http://teleobs.nouvelobs.com/la-selection-teleobs/20160126.OBS3369/ne-ratez-pas-ukraine-les-masques-de-la-revolution.html
Dans le précédent sujet que j’ai consacré au projet de film d’Emir Kusturica, j’ai évoqué la polémique qu’avait suscitée, en 1995, une tribune publiée par le philosophe pas encore élu de l’Académie française, Alain Finkielkraut.
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2016/01/30/kusturica-iourchenko-et-le-donbass-a-suivre.html
Ce défenseur exalté -comme d’aucuns le qualifient- de l’identité française avait, entre autre attaqué le cinéaste sur le fait qu’il avait capitalisé la souffrance de Sarajevo.
La réponse ne s’était pas fait attendre, dans Le Monde du 9 juin 1995, Serge Regourd n’hésitait pas à voir dans le comportement de Finkiekraut, celui de Jdanov, « une sorte de philosophe en chef, le garant de l’idéologie, son interprète le plus autorisé ».
C’était sans compter sur l’insistance du désormais élu de l’Académie française à incendier le lauréat de la Palme d’Or pour Underground.
On se rappelle en quels termes a été évoquée l’élection controversée de l’homme de lettres à l’Académie française.
Tandis que l’on commentait son entrée sous la coupole, en effet, certains n’ont pas hésité à la considérer comme celle du Front National.
A lire, dans l’article ci-dessous, comment Alain Finkielkraut s’emparait des calembours orduriers de Le Pen pour appuyer sa mise au pilori d’Emir Kusturica, force est de constater que ce parti tient vraiment lieu d’épouvantail passe-partout:
http://www.liberation.fr/tribune/1995/10/30/la-propagande-onirique-d-emir-kusturica_145707
C’est Arkadij Beinenson qui le révèle sur son site, Emir Kusturica, s’intéresserait à la biographie du correspondant de guerre dans le Donbass qu’a été Iouri Iourchenko et aurait conclu avec lui un accord relatif à un script. Le poète, scénariste et acteur Iourchenko l’a lui-même confirmé au journaliste russe qui l’indique sur son site:
http://blog.beinenson.news/2016/01/29/kusturitsa-yurchenko/
On sait qu’Emir Kusturica, deux fois lauréat de la Palme d’Or du Festival de Cannes, a apporté son soutien aux populations du Donbass. Pour rappel aussi, le cinéaste, musicien a été interdit de concert, en juillet 2015, par les autorités démocratiques de Kiev.
https://francais.rt.com/international/4422-kusturica-concert-kiev-interdit
On se réjouit, dès lors, de savoir quelle sera la réaction du nouvel intronisé de l’Académie française qui n’avait pas eu de mots assez doux envers le réalisateur serbe, primé pour son film Underground.
Alain Finkielkraut avait, en effet, publié une tribune au vitriol dans Le Monde du 2 juin 1995.
Aussitôt suivi dans sa diatribe par l’incontournable BHL, autant dire que le tandem a eu de quoi s’illustrer quand on sait combien de guerre démocratiques le philosophe à la chemise blanche a cautionnées.