Les médias hexagonaux ont relayé des paroles présidentielles françaises assez étonnantes.
Enfin, peut-être manque-t-il quelques pièces au puzzle pour qui serait surpris d’avoir entendu Emmanuel Macron s’exprimer depuis la base militaire d’Abu Dhabi.
Outre le fait qu’il a annoncé la fin de Daech dans les prochains mois, il est allé jusqu’à dire, nous avons gagné.
Parmi les forces en présence sur le terrain, de nombreuses alliances et mésalliances se sont révélées au cours des années. Difficile de saisir, alors, qui serait allié de qui lorsque le Président français évoque la victoire des alliés.
Face aux horreurs perpétrées, face à autant de massacres de populations, de déclarations péremptoires visant le président syrien, les propos d’Emmanuel Macron résonnent d’un écho plutôt singulier.
Syrie
On lit diverses interprétations de ce qui se passe en Arabie Saoudite. On va même, pour changer, jusqu’à évoquer le président russe et son oligarchie…
Comme s’il était devenu référence incontournable pour expliquer à gros traits une situation dont on ne prend pas le temps de mesurer toutes les nuances mais surtout les enjeux.
Et ils sont aussi complexes que sont grossières ces caricatures auxquelles on a le plus souvent droit pour se hâter de commenter sinon de juger.
Dès lors, on ne saurait que trop recommander la lecture des analyses de Roland Lombardi, autrement plus fines et révélatrices de rapports de force en présence complexes sinon complices parfois.
Son point de vue, en l’occurrence, est à découvrir ici.
Alors on comprendra que schématiser pour se hâter de définir lesquels sont avec lesquels, pourquoi et comment, risque le plus souvent d’avoir à être reconsidéré et c’est tant mieux.
Après le premier discours qu’a tenu Emmanuel Macron à l’ONU, d’aucuns ont osé y voir du Villepin.
On se demande où et en quoi un tel constat a pu être établi. Non seulement le cadre n’était pas le même qu’en février 2003 mais surtout, Emmanuel Macron, s’il est ami et estimé de l’Ancien Premier Ministre de Jacques Chirac, est loin de lui avoir emboîté le pas, ce 19 septembre 2017.
Cependant, nombre d’observateurs ne s’y trompent pas.
Car l’homme des discours aussi passionnés qu’ambigus n’a pas réussi à convaincre de sa différence d’avec son homologue états-uniens.
Emmanuel Macron n’a donc pas fait du Villepin. Emmanuel Macron a fait du Macron sinon du mauvais Trump.
Pour le reste et, entre autre sur la Syrie, en voici un qui ne mâche pas ses mots pour dire tout le bien qu’il pense du Président français.
Le parlement helvète vient d’élire son nouveau Sage. Le Tessinois Ignazio Cassis a remporté sans grande surprise cette élection face au Franco-Genevois Pierre Maudet et à la Vaudoise Isabelle Moret.
Même si il a pu être énoncé de cette candidate qu’elle n’aurait pas eu le format ou qu’elle n’aurait pas maîtrisé les dossiers lors des audiences auprès des parlementaires, mes pensées vont à elle.
Bien sûr que les raisons énoncées en faveur de la parie italophone du pays ont été entendues et c’est aussi bien. Il n’en demeure pas moins vrai que ce qui a pu être énoncé de la représentation féminine qu’incarnait Isabelle Moret l’aura sans doute desservie.
Si tel est le cas, c’est fort regrettable. Car sans être du tout militante féministe, on peut estimer d’une femme, qui plus est et elle l’a aussi rappelé, mère de famille, qu’elle saura afficher une vision du monde moins guerrière que d’aucuns.
Parce qu’à entendre ces deux Présidents s’exprimer à la tribune de l’ONU, l’un sur son collègue Kim Yong-un, l’autre, sur son non moins collègue, Bachar el-Assad, on assiste à des démonstrations de vraies ou fausses puissances dont on se passerait bien.
De pragmatisme, on entend beaucoup parler depuis l’élection d’Emmanuel Macron à la tête de l’Etat français.
En Syrie, sans compter le cynisme qui entoure la guerre qui s’y livre depuis six ans, il semble aussi être question de pragmatisme.
Rien de vraiment surprenant à cela.
Or, jusque là, il aura fallu montrer qui était bon et qui, pas. Bachar el Assad était un monstre quand, au contraire, les groupes rebelles qui s’opposaient à lui passaient plutôt pour de modérés combattants.
Il semble que tout cela, peu à peu, ait été remis en question tandis que parmi ces gentils rebelles apparaissaient de cruels génocidaires.
On sait l’effroyable sort réservé à autant de leurs victimes. On sait, aussi, comment, entre eux, ils se sont affrontés pour le contrôle de tel ou tel fief.
C’est précisément ce qui est désormais exploité tandis que certaines régions voient se desserrer le joug islamiste.
Aussi, pour qui s’interrogerait sur la situation actuelle, voici un point de vue.
Comme sens de l’ouverture, pour un candidat qui s’en réclame, difficile de trouver mieux que l’interdiction aux médias russes d’accéder à son QG de campagne.
L’information a déjà bien été relayée, il vaut tout de même la peine d’y revenir tandis que l’on est soumis aux visions politiques qui opposent Marine Le Pen à Emmanuel Macron.
Car il est inutile d’être partisan du Front National pour estimer le sectarisme d’En Marche!
Alors que, sans cesse, est rappelé le respect de l’autre et de sa différence, stigmatiser ainsi les Russes comme s’y emploie Emmanuel Macron, non seulement ne le grandit pas mais pis, met la France en danger.
Parce que, poursuivre la diabolisation d’un pays avec lequel nous avons tant à partager, c’est rejeter l’Histoire qui nous lie. Elle a été, entre autre, rappelée ici.
Alors, même si les politiques occidentales ne rejoignent pas celle qui domine la Russie, ce n’est pas une raison suffisante d’exclure ses médias pour les empêcher d’informer.
C’est là, en tous les cas, faire montre d’une rigidité de très mauvais aloi sinon de mauvais augure. Preuve en sont, d’ailleurs, les déclarations d’Emmanuel Macron sur la Syrie.
Souhaitons, pour une fois, qu’il revienne sur ses propos comme il semble en avoir l’habitude. Ce serait tout bénéfice pour cette ouverture à l’autre qu’il semble tant privilégier.
Imaginez-vous, dans un autobus prêts au départ vers l’espoir et soudain, tout vole en éclat.
L’attentat suicide, déjà qualifié de plus meurtrier qui ait été commis en Syrie, a fauché la vie de plus d’une soixantaine d’enfants.
Ce samedi 15 avril, ce sont, au total près de cent trente personnes qui ont été entraînées vers la mort par un kamikaze.
Une guerre, on sait son lot d’horreurs. Mais on sait aussi qu’un terme peut y être mis.
Là, ces bus étaient ceux qui devaient, justement, transférer des personnes d’un lieu à un autre selon un accord trouvé entre groupes rebelles et forces armées loyalistes.
Alors?
Si même une tentative qui s’inscrit dans un plan de résolution du conflit est sabotée par la terreur, combien d’autres encore devra-t-on compter jusqu’à ce que cette guerre prenne fin?
La France condamne fermement l’attentat, la formule est devenue telle qu’elle se vide peu à peu de tout sens.
En cette fin de dimanche de Pâques, une immense tristesse étreint.
Lire, dans l’éditorial de La Tribune de Genève de ce 13 avril, que le meilleur moyen de réagir à l’attentat de Dortmund, était de maintenir le match à jouer pour, ainsi, se montrer plus fort que la terreur, selon le slogan hélas trop de fois entendu ces derniers mois, comme l’écrit Arnaud Dubuis, confirme, une fois encore la position de l’Occident.
Le prix à payer, dans nos villes, ajouté à celui, bien plus lourd qui pèse sur la Syrie, sur l’Irak, sur le Yemen et tant d’autres pays encore que des intérêts de puissants ont mis à feu et à sang, ne doit rien à celle qu’on ne cesse de viser, la Russie.
Qui a enflammé le Moyen-Orient? Qui, avant cela, a mis à sac tant d’autres pays pour y apporter la démocratie? La Russie? Bien sûr que non puisqu’elle-même est dans le collimateur de nos apôtres démocrates.
C’est pourtant bien la Russie qui, de longue date, appelle à une coalition internationale contre le terrorisme!
Il va de soi que lorsqu’en France, on a des Jack Lang et des Laurent Fabius qui s’expriment sur le Qatar et l’Arabie Saoudite, pour le premier, Al Nosra, pour le second on comprend ce qu’il en est.
Que notre Occident si soucieux de démocratie ait fait allégeance sinon alliance avec de telles mouvances, qu’il ait accepté de dépendre de telles puissances, c’est dire!
Et persister ainsi en s’acharnant à rendre une image dévoyée de la Russie pour en faire notre ennemie tandis qu’avec elle, on partage une Histoire et une culture, c’est tout simplement trahir.
Alors non, s’imaginer plus fort que la terreur, c’est, au contraire, se résoudre chaque fois un peu plus à cautionner les forces qui la mandatent.
L’Occident, au gré de bombes, expose les siens. Mais c’est la Russie qu’il poursuit
Que fait l’Occident contre l’Etat islamique?
S’indigner?
C’est vrai que comme manière de résister, c’est assez efficace. Tout comme celle de dire que l’on va continuer de consommer en terrasse après s’être tous appelés Charlie.
L’Occident et ses chefs d’Etat réunis renouvellent à chaque attentat leurs condoléances, certes de manière moins empressée lorsqu’il s’agit de les présenter à la Russie.
On se rappelle comment la Maire de Paris a enfin daigné éteindre la tour Eiffel en hommage aux victimes du métro de Saint Pétersbourg.
Mais que veut-on? Voir mourir sous nos yeux encore autant de civils possible? Assister à la mort en direct des nôtres?
Pleurer, ensuite, la violence du monde?
Voici une analyse des attentats qui ont endeuillé l’Egypte. Pour avoir entendu de telles explications en relation, entre autre, avec le statut des coptes dans ce pays, force est, malheureusement, de confirmer ce que déclare Bassam Tahhan.
Quant à sa conclusion, elle vaut d’être méditée.
capture d’écran Facebook
Cet enfant a perdu la vie à Stockholm, le 7 avril dernier.
Sourde, elle n’a pas entendu le camion bélier foncer sur elle et d’autres pour leur prendre la vie.
Elle, comme de trop nombreux enfants, ont été sacrifiés au nom de violences aussi lâches qu’ aveugles.
Certes, les chefs d’Etats de nombreux pays ont déploré l’acte terroriste. Certes, on les a vus, entendus le condamner.
Que cela leur donne bonne conscience ou non, le monde continue sa course.
Et les parents de cette petite Ebba Akerlund n’auront que les yeux pour la pleurer et, s’ils sont croyants, leurs mains pour se joindre et prier pour elle.
A l’âge de onze ans, la vie de leur fille s’est arrêtée. Son coeur a cessé de battre dans une ville qui n’est pas en guerre.
Et il faudrait vivre comme si de rien n’était? Et il faudrait oublier tant d’autres victimes innocentes?
La poésie ni la beauté n’ont peut-être vocation à sauver le monde. Mais la politique?
Mal nécessaire, s’il en est…