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La faim dans le monde

Il serait intéressant de se demander comment on peut vivre à ce point éloigné de déclarations proférées et inscrites dans des Constitutions ou dans des Chartes.

Je songe, par exemple, à la célèbre triade Liberté, Égalité, Fraternité, devenue la devise officielle de la République française depuis l’article 4 de la Constitution de 1848.

Je songe à la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, je songe à la déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948 à Paris au Palais de Chaillot.

Personne ne saurait contester leur bien-fondé mais qui, raisonnablement, a pensé leur application envisageable, telle est la question qui aurait pu effleurer les consciences.

De nombreuses organisations aussi charitables que bienveillantes démontrent que l’intention est bel et bien là d’aider et de secourir plus faible que soi.

Il n’en demeure pas moins qu’à la lecture de cet article, on prend la mesure du résultat.

Non, ce n’est pas enfoncer une porte déjà largement ouverte que de le rappeler. C’est alerter sur un phénomène qui, peu à peu, s’installe. Celui du constat suffisant à l’acceptation de faits et au fatalisme qu’il génère.

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Bienveillance, générosité et solidarité « dont nous avons follement besoin » selon Thomas Jolly

Thomas Jolly, metteur en scène et directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris de ce 26 juillet a accordé une interview au grand quotidien français Le Monde.

Hier soir, c’était des idées républicaines, c’était des idées d’inclusion, c’était des idées de bienveillance, de générosité, de solidarité dont nous avons follement besoin » déclare-t-il.

Et il ajoute avoir « eu envie d’envoyer un message d’amour, d’inclusion, pas du tout de diviser justement ».

Encore faudrait-il s’entendre sur les termes. Car ces témoignages que je vous propose de visionner ici ne paraissent pas vraiment aller à l’encontre de ce que montre aussi le reportage de cette journaliste italienne.

On a souvent évoqué les dessous d’organisations d’évènements sportifs ici ou là dans le monde. Paris, la France des droits humains, cette France si républicaine qu’elle ne cesse de le revendiquer n’y coupe pas.

Les personnes qui n’entrent pas dans le champ du discours, dans le cadre de la photo, en sont tout simplement écartées.

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« Casser les codes »

Avec la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, Tony Estanguet et ses équipes avaient promis de « casser les codes », ils semblent y être parvenus.

Les réactions sont aussi vives que contrastées, allant de l’enchantement au dégoût.

Nul n’ignore plus que la politique se mêle d’un peu tout et le sport n’y échappe pas. Dans ce sens, il est rare qu’une cérémonie d’ouverture de JO fasse exception à la règle qui veut que le pouvoir en place en jette, comme on dit de manière familière.

Celle de ce 26 juillet a offert de quoi commenter en long et en large et de travers, les goûts et les couleurs étant ce qu’ils sont.

Pour ce qui me concerne, je retiens de cette soirée qu’elle a, en effet, été d’exception mais pas que pour le meilleur. Il y a eu, certes, de belles trouvailles mais autant d’autres dont on aurait pu se passer.

Un Dionysos, par exemple, dont on n’ignore pas qu’il soit l’une des grandes figures de la mythologie grecque, n’a rien à voir ni avec l’histoire et la culture françaises, ni avec le sport sauf à ce que l’enseignement que j’ai reçu à cet égard ait été mal dispensé.

Quoi qu’il en soit, le président français aura imprimé sa marque et l’avenir le retiendra puisque tel semble avoir été son désir.

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La Crimée, « historiquement musulmane » dit-il.

On pense parfois avoir plus ou moins fait le tour des spécialistes de la Russie.

Médiatisés pour en dire tout le bien que l’on sait, lit, entend et voit, on finirait presque par s’y habituer. C’est sans compter sur la surprise qui n’est jamais loin pour démontrer à quel point le traitement orienté d’un sujet sensible fait recette.

Alain Lallemand ne se pose pas en grand connaisseur de la Crimée qu’il dit avoir découverte lorsqu’il avait été envoyé en tant que journaliste en 2014 pour couvrir « l’invasion » (sic) de la péninsule par les Russes.

Ce qui ne l’empêche, dans l’interview consacrée au roman que ce collaborateur du journal Le Soir a publié chez Weyrich, de nous délivrer un message assez stupéfiant.

On apprend que la Crimée n’a soudain d’autre Histoire que celle qui l’a rendue, un temps, khanat musulman.

Ignorée donc, la terre autrefois grecque. Ignorées, ses populations massacrées. Ignorées les invasions, véritables bains de sang. Seuls doivent prédominer l’abominable Staline et avant lui, l’impératrice Catherine II de Russie.

Instructive aussi, toujours à l’écoute de cet écrivain, cette appartenance de la Crimée à « l’empire ukrainien », cité juste avant « l’empire russe ».

Alain Lallemand n’aurait-il donc jamais entendu parler de l’Antiquité greco-romaine pour arriver à nous dire -à la minute 05 de la vidéo- que « la Crimée, c’est historiquement un khanat », mieux, « c’était une terre qui était historiquement musulmane »?

En tous les cas, merci pour les populations criméennes qui n’ont certainement pas été consultées pour savoir si elles se réjouiraient d’être envahies et converties, pour celles qui auraient survécu à l’envahisseur!

Pour qui souhaiterait élargir son approche, il y a de quoi, ne serait-ce que sur Wikipedia.

Recourir au roman pour y délivrer un point de vue est une chose. Carboniser l’Histoire, une tout autre. La Crimée a connu nombre de retournements durant les siècles avant et après J.-C.  La réduire à un « khanat », à une « terre musulmane », c’est la trahir.

C’est nous vendre du mensonge, tout romanesque soit-il. C’est abîmer la littérature et se fondre dans de la mauvaise propagande.

NB: la photo qui illustre ce sujet est celle d’un couloir d’hôpital de Simféropol, photo que j’ai prise en juillet 2014.
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Plus d’un mois déjà

Chères lectrices et chers lecteurs de ce blog,

Le dernier sujet publié date d’il y a plus d’un mois déjà. Il invitait à méditer une citation de Paul Chemetov, récemment décédé en France. Le silence que j’ai observé depuis n’est pas étranger au constat dressé par le grand architecte.

En effet, cette « immédiateté » dans laquelle nous sommes sans cesse entraînés par l’actualité qui nous est restituée ici ou là oblitère la mise à distance ou la mise en perspective de ce qui nous est livré en pâture.

Et commenter pour commenter, tant d’internautes s’y emploient qu’ajouter ici encore quoi que ce soit me paraît vain.

Je ne me désintéresse de loin pas à l’actualité. Mais n’ai pour l’heure rien qui vaille à en dire. Je tente de suivre, je m’interroge et j’espère, surtout. J’espère que les personnalités au pouvoir se rappellent que les mandats qui leur ont été confiés doivent être honorés.

Et là, c’est dans un autre registre que l’on se situe. Celui de la confiance, celui des petits ou très grands calculs entre personnes intéressées, bref, celui d’une cuisine dont on suspecte les relents mais dont les ingrédients et les recettes nous demeurent cachés.

Cela ne date pas d’aujourd’hui que le simple péquin soit tenu à l’écart de ce qui se passe ou se trame dans les sphères de pouvoirs quels qu’ils soient. En être conscient ne modifiera pas l’ordre des choses.

Ces considérations aussi générales que banales ne présentent aucune nouveauté.

Leur raison d’être indique juste une certaine lassitude face à un monde qui se moque de savoir ce qu’on en pense, précisément parce qu’il est tout à ce qui est immédiat. Pour y réagir aussitôt et oublier aussi vite ce qui aura été exprimé.

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À méditer

Au vu de l’activité politique qui se déploie tant en France avec les élections législatives provoquées par la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale, qu’en Suisse avec ce qui a été appelé « Sommet pour la paix », je vous propose cette citation du grand architecte français Paul Chemetov, né de parents russes le 6 septembre 1928 et décédé ce 16 juin à l’âge de 95 ans.

Dans l’un de ses ouvrages intitulé Un architecte dans le siècle, paru en 2002 aux éditions du Moniteur, voici ce qu’il écrit:

« La politique a ceci d’identique à l’architecture: elle questionne le temps. Quoi du passé, quoi du présent, quoi du futur ?. Sans un rapport distancié au passé, et sans projection de ce qui est à venir, il n’y a pas de présent possible, mais un immédiat, qui nie la mise en partage entre tous de la mémoire de la société. »

Cette perception du temps est loin de celle dont témoignent nos élites actuelles, emportées par l’immédiateté de décisions prises en dépit du bon sens, sans le moindre recul et donc sans respect pour ce que Chemetov appelle la mise en partage entre tous de la mémoire de la société.

Cela vaut pour la France et son président, cela vaut pour la Suisse et son chef de la diplomatie.

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France, 2012 – 2024

Dans le cadre de l’actuelle campagne menée en vue des élections législatives françaises, un petit retour en arrière n’est pas inintéressant. On y observe en effet, comment la réalité a -ou n’a pas- suivi les discours prononcés ou les analyses énoncées.

Le 14 mai 2012, soit huit jours après l’élection présidentielle française qui a vu François Hollande accéder à l’Elysée, Dominique de Villepin qui avait lui-même mené campagne avant de renoncer pour « empêchement », était invité à commenter ce résultat sur France2.

Le 2 décembre 2016, soit quelques mois avant l’échéance du mandat confié au président socialiste, l’ancien premier ministre de Jacques Chirac était cette fois invité à s’exprimer sur RT France pas encore censurée à l’époque. Et le voici d’estimer la décision prise par le chef de l’Etat français « courageuse » et commandée par « le réalisme ».

Le fait est que cette étoffe que lui avait prêtée Dominique de Villepin dans l’interview de 2012 citée plus haut n’a pas tenu. Et pas à cause des intempéries auxquelles elle a souvent été exposée mais parce que sa qualité a juste incité ses déçus à se tourner vers le Front National.

Comme manière de faire barrage à la droitisation qui avait été reprochée à Nicolas Sarkozy, c’était plutôt raté.

La question a souvent été posée de savoir si le besoin de croire était un rempart à l’absurde. Pour que tout ne soit pas dépourvu de sens ou de fin, on serait prêt à rejoindre n’importe quelle chimère.

Or dans la lutte menée par qui brigue un pouvoir, au-delà de constats dressés, la séduction le dispute souvent au mensonge, par omission ou par nécessité. Les candidat(e)s en campagne, rivalisent de solutions à mettre en oeuvre pour projeter le pays vers un avenir meilleur.

En conséquence de quoi, les comportements citoyens oscillent entre examen attentif de ce qui leur est proposé ou crédulité sinon foi aveugle.

Analyser les discours ou les avaler comme du bon pain relève de dispositions aux conséquences non négligeables. Face à autant de postures électoralistes, la rupture et le renoncement à tout crédit menacent, dès lors que la confiance n’est plus toujours prête à se renouveler.

Ainsi fait-on le lit d’extrémismes. À la faveur d’une liberté d’expression qui risque fort d’être aussitôt confisquée. Mécanique bien connue dont l’Histoire n’est pas à court d’exemples.

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La Suisse entre le 16 juin 2021 et les 15-16 juin 2024

Le 16 juin 2021, la Suisse était dans son rôle quand elle organisait la rencontre entre les Présidents Biden et Poutine à Genève. Les 15 et 16 juin 2024, elle en sort à préparer un soi-disant sommet pour la paix au Bürgenstock.

Inutile de revenir sur cette rencontre qui est loin de faire l’unanimité, on l’a bien compris.

Que le 16 juin apparaisse à deux reprises et à trois ans d’intervalle dans un agenda diplomatique devenu politique ne manque pas d’intérêt. On y constate la perte totale de ce qui subsistait de neutre dans la Suisse de 2021.

Même si la rencontre de Genève était déjà considérée comme à peu près sans espoir, au moins s’inscrivait-elle dans une véritable diplomatie. Rien de cela avec le « sommet » à venir.

De nombreux appels lancés en faveur de la paix sont restés lettre morte. Et là, soudain, on prétend que ce rassemblement à l’internationalisme partiel va y oeuvrer.

Le 11 janvier 2023, je partageais sur ce blog un sujet intitulé « La diplomatie coulée ». La voici, telle une épave ensablée au fond des eaux, helvètes en l’occurrence.

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Orienter

Laissons-lui encore une fois le mérite, la chaîne télévisée française BFMTV consacre un reportage à la Fédération de Russie qui vaut d’être visionné pour au moins deux bonnes raisons.

La première est parce qu’il est peu habituel de découvrir ce que vous y verrez, la seconde parce que, de ce fait, le journaliste qui interroge et commente se sent obligé de ramener ce dont il est témoin au discours récurrent sur « la Russie de Poutine ».

C’est surtout à la fin du documentaire que sa manière de procéder ne laisse plus aucun doute sur l’impérative nécessité de tronquer la réalité.

Voici ce documentaire, il dure à peine 40 minutes.

Vous me direz si je me trompe mais il semble qu’ici, le narratif qui domine de plus en plus le champ médiatico-politique occidental pour faire de la Fédération de Russie une « dictature » en prend un léger coup.

Ce que le présentateur du reportage paraît avoir compris et qu’il tente par tous les moyens possibles et imaginables de contrer. Aussi, la conclusion de son documentaire rappelle-t-elle celle de l’émission Infrarouge dont il a été question ici.

Tout comme aussi l’insistance avec laquelle les journalistes de cette même chaîne française BFMV interrogeaient le porte-parole de l’ambassade de Russie en France et dont il a aussi été rendu compte sur ce blog.

Autant d’exemples qui révèlent comment l’information ou ce qui se prétend telle se fabrique par nos médias pour orienter l’opinion publique vaille que vaille.

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Anniversaires

Ce 6 juin, on fête le 80e anniversaire du débarquement et vous le savez, la Russie n’y est pas invitée. De son côté, chaque 6 juin, elle célèbre la langue russe. Le choix de cette date correspond à celle de la naissance de l’un de ses plus grands écrivains, je veux parler d’Alexandre Sergueïevitch Pouchkine.

Le jour de ce double anniversaire coïncide donc avec celui où est mis à l’honneur le président d’un pays si démocratique que l’intolérance de son parlement a interdit la langue russe par décret en février 2014 tandis qu’elle avait jusque là été reconnue comme langue officielle.

Ainsi, les faiseurs d’Histoire mettent-ils en avant un homme qui défendrait de si nobles idéaux que ceux-ci consistent, par exemple aussi, à effacer toute trace du grand voisin en rebaptisant la principale avenue de Kiev du nom de Stepan Bandera au passé refaçonné loin du nazisme auquel il était pourtant lié.

En ce 6 juin, je pense à ma mère qui a vécu au Havre et connu le débarquement tout comme les bombardements alliés de septembre 1944 alors que les nazis avaient déjà fui la ville. Je pense aussi à la langue et à la culture russe qui ont déterminé mon parcours littéraire.

Dans ce sens, quand à deux reprises, en 2014 et en 2020, j’avais été sollicitée pour lire l’extrait d’une oeuvre de Pouchkine, émue, j’avais accepté. C’était sans compter les zélés observateurs qui considérèrent, en 2020, que Pouchkine et Poutine pouvaient aisément se rejoindre.