Politique, Religions, société

Islamisation et Russie

Si durant l’époque soviétique, les questions de nationalité et de religion ne se posaient pas, après 1990, le retour de l’islam a vu émerger de nombreux courants incontrôlés.

En 2001, selon une enquête réalisée au Tatarstan auprès de 1.500 jeunes de moins de 30 ans, 80 pour cent d’entre eux se déclaraient musulmans mais très peu se disaient pratiquants tout en admettant connaître les règles de l’islam.

Pour combler l’absence de cadres religieux autochtones, écrit Chris Kutchera en 2002*, les musulmans tatars ont fait venir des mollahs et des professeurs arabes et turcs qui ont importé avec eux les diverses tendances qui traversent le monde musulman: le Tabligh, les Noursi, les Qadiri et Naqshbandi, l’Ahmadia… et des courants plus extrémistes, prônant le Djihad…

La diffusion par certaines madrassas, comme la madrassa “Youldouz”, et des mosquées comme la “mosquée bulgare”, d’un enseignement jugé “fondamentaliste”, et la capture en Tchétchénie de combattants passés par les madrassas de Kazan ont alarmé les autorités du Tatarstan qui ont réagi en expulsant un certain nombre de religieux arabes et décidé de superviser de très près la formation des cadres religieux musulmans.

Et -toujours en 2002- pour ce qui est de savoir si l’apparition d’un courant radical était envisageable, il citait Raphael Khakimov, alors conseiller du président pour les affaires politiques:  » il n’y a pas de problème de fondamentalisme au Tatarstan (…) Ici, nous produisons des avions, des hélicoptères, du matériel électronique très perfectionné; nous avons des écoles et des instituts technologiques, alors que les pays arabes se bornent à extraire le pétrole; nous avons un héritage théologique très riche; l’autorité de nos théologiens est telle que la pensée arabe nous semble très primitive… Quel intérêt pourrions-nous avoir pour cette culture? Ici, on ne peut pas être de simples musulmans, parce que si l’ouvrier qui va à l’usine prie 5 fois par jour, on perdra face à la concurrence… Notre leitmotiv, c’est d’être plus proches de l’Europe.  Nous n’avons pas peur de l’apparition du radicalisme musulman… mais nous le surveillons. »

Le 20 juillet dernier, avec l’attentat perpétré contre le muphti Ildous Faïzov et contre Valioulla Iakoupov, haut responsable de la Direction spirituelle des musulmans du Tatarstan tué par balles, la situation semble bel et bien avoir changé. Ces deux personnalités religieuses étaient opposées à l’extrémisme de l’islam *  http://www.chris-kutschera.com/Russie,%20Renaissance.htm

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