Oui, ce qui se passe au sein du monde littéraire français me touche, vous l’aurez bien sûr compris au nombre de sujets que j’ai déjà consacrés à ce qui s’appelle de plus en plus « l’affaire Matzneff ».
J’y suis sensible à maints égards.
Dans l’ordre ou le désordre, parce que cet univers parisien lettré, j’ai eu l’occasion de le fréquenter dès 1975 jusque vers les années 1990.
Parce qu’en mai 68, j’ai commencé à écrire, j’avais 14 ans et demi
Parce qu’à cette époque, je me rappelle très bien comment un professeur de l’école où je me trouvais entretenait au vu et au su de tout le monde, une relation avec une des élèves de l’établissement.
Parce qu’à pas même 4 ans, j’ai eu la chance d’être retirée in extremis des mains d’un prédateur, parce que, plus tard, des abuseurs, j’en ai connu et plus d’un seul.
Parce que, des hommes dominés par d’irrépressibles pulsions, j’en ai écouté. Et autant de perceptions du désir et du sentiment amoureux ont inspiré l’ensemble de mes recueils de nouvelles.
Sans prendre parti car pour moi écrire n’équivaut pas à juger.
Ce cadre posé pour dire que oui, j’ai été sensible au récit que nous livre Vanessa Springora dans « Le Consentement » mais tout autant suis-je restée critique.
Non pas qu’au style ou à la construction de son ouvrage mais à l’histoire telle qu’elle nous la rapporte.
Et ce qui m’a frappée avant tout a été ce qu’elle a vécu en famille.
Le manque du père est criant et avoué à de multiples reprises, Tout autant, la souffrance induite par cette absence se lit-elle au fil des pages de l’ouvrage de la désormais directrice des éditions Julliard.
Et tragique concours de circonstances, son père meurt alors qu’elle s’apprêtait à venir parler de son livre dans « La grande Librairie » de François Busnel.
C’est parce que l’émission prévue a dû être annulée que nous avons été prévenus de ce décès.
Il faut lire le livre de Vanessa Springora. Pour mesurer à quel point a fait défaut autour d’elle, l’autorité. Mais demeure la question de savoir si elle l’aurait respectée?
Quand on est amoureuse, amoureux, on ne supporte aucune entrave au désir. Et c’est bien là le début de souffrances qui vont jusqu’au suicide, nul ne l’ignore.
L’auteure du livre l’a tenté, d’ailleurs. Elle raconte comment, de justesse, son amant de l’époque, Gabriel Matzneff l’a retenue de se défenestrer
S’en sont suivies de nouvelles violentes douleurs psychiques et physiques.
Nombre d’entre nous, certainement, savent ce qu’est un chagrin d’amour et jusqu’où il peut mener. Et quand il se superpose à l’effrayant manque de père, il en devient explosif.
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