A force de relayer leur amour de la Russie, les rédactions de grands médias français nous réservent quelques petites merveilles.
Rendre compte de soupçons émis à l’encontre du Kremlin quant au rôle qu’il jouerait dans le cadre du mouvement des gilets jaunes et, en même temps, informer du fait qu’une Pussy Riot était allée à leur rencontre?
Les responsables d’autant de médias réalisent-ils qu’à s’obstiner ainsi à persuader leur public de l’omniprésence de Vladimir Poutine, ils en arrivent à l’associer à celles qui n’ont de cesse de dénoncer son pouvoir?
Certes, le démenti officiel du Kremlin a, lui aussi, été publié.
Mais bon, comme le danger a été déterminé russe et que la contradiction ne les avait pas même alertés, que nos chevaliers blancs poursuivent sur cette lancée!
Après tout, que risquent-ils, le ridicule n’a jamais tué personne…
Les fichés S, oui.
pussy riot
Comment un comportement peut-il être interprété, en voici un exemple. Le groupe punk russe Pussy Riot, vous vous en rappelez sans doute, avait exécuté une « performance » dans l’Eglise du Christ Sauveur à Moscou.
Vous l’aviez aussi bien compris, tant on ne se lassait déjà pas de nous le répéter, c’était contre Vladimir Poutine, Président d’une Fédération de Russie qui valait bien mieux que lui.
Tout autant nous est-il expliqué ici, en va-t-il du christianisme. Car c’est pour le défendre et le libérer de qui le trahit, que les jeunes femmes se sont produites dans l’iconostase, espace réservé au seul clergé célébrant.
Il ne nous reste donc plus qu’à nous incliner, à oublier tout ce qui aurait pu être énoncé en relation avec le reste de leurs agissements ici et là et à saluer une heureuse entreprise.
Y voir une quelconque souillure, non, surtout pas et bien au contraire! Rien, dans leurs agissements, n’en témoignait. Seule l’ardeur chrétienne et la foi les a mobilisées et continue de les animer.
Ouf! Invitons-les donc partout, le christianisme ne s’en portera que mieux tandis qu’il semble en voie de disparition programmée…
Quand la RTS célèbre le dixième anniversaire de la mort d’Alexandre Soljenitsyne, c’est quelque chose!
Elle ne dit à peu près rien de l’homme, peut-être est-il supposé sinon admis que les téléspectateurs de son journal de 19:30 sont au fait et donc, qu’on peut passer à l’essentiel.
Cet essentiel, on commence à le savoir, consiste avant tout et surtout à montrer au public combien est répressive la « Russie de Poutine ». Le reste attendra peut-être la célébration du centenaire de la naissance de Soljenytsine, à savoir le 11 décembre 1918?
Donc, pour l’heure, évoquer l’écrivain russe équivaut à s’interroger sur ses héritiers. Parmi eux, l’incontournable Navalny -représenté dans le sujet par son « bras droit »- et les non moins incontournables Pussy Riot dont à peu près personne ne se soucie en Russie mais que nos médias ne se lassent pas de solliciter.
Le jour où notre chaîne publique d’information suisse expliquera qui finance les productions d’autant d’artistes et autres opposants au Kremlin, on saura, alors, comment l’information qu’elle distille est fabriquée pour orienter l’opinion.
Au point que lorsque nos compatriotes se rendent en Russie et qu’ils découvrent le pays, nombre d’entre eux avouent ne pas reconnaître celui qui leur a été décrit par leurs médias.
Ironie de l’Histoire, cela rappelle étrangement ces Soviétiques qui arrivaient en Europe et s’étonnaient de ne pas reconnaître tout ce qu’on leur en avait dit…
Elles nous manquaient, celles au secours desquelles ont volé nombre de nos compatriotes qui savent combien la Russie de Poutine tyrannise et malmène les siens. Pas un jour ou presque ne passe sans que cela ne nous soit rappelé dès lors que nous ne soyons tentés de l’oublier.
Donc, dans ce pays tenu par une main de fer, le sort de quelques jeunes filles qui ont eu le malheur de se produire dans une église en toute bonne foi sans doute, à en croire certains, en auront été pour leurs frais.
Ce groupe dit punk -dont il avait été rappelé, ici, le parcours et la qualité des prestations- a rencontré un tel écho médiatique que leur emprisonnement a, bien sûr, été relayé en boucle et plus encore pour dénoncer le système Poutine ou, disons, ce qu’il y aurait dans sa tête vu que certains s’y sont rendus.
Bref, sans dénier la lourdeur de la peine infligée à ces femmes ni se poser en soutien inconditionnel de qui l’a prononcée, il n’est pas interdit de proposer une position médiane et moins clivante.
Il n’est pas non plus interdit de mentionner que tout ce qui pourra être fait, énoncé, dénoncé et plus encore contre cette Russie de Poutine le sera.
On a eu droit à la séquence émotion ici, avec une couverture biaisée de la prestation des Pussy Riot dans l’Eglise du Christ Sauveur de Moscou, on attend la suivante. Angot, dont il est écrit, ici, qui elle serait « vraiment » face à Alekhina?
Chasser Vladimir Poutine du pouvoir, tel est le programme politique des punks russes désormais libérées suite à l’amnistie votée par la chambre basse du parlement russe, le 18 décembre 2013.
La Tribune de Genève, pour ne citer qu’elle, publie une photo et un article dans son édition des 28-29 décembre 2013, qui rend compte du combat que les jeunes femmes entendent mener.
On y apprend qu’elles se mobiliseront en faveur de la défense des droits de l’homme.
La mise en évidence de leur corps reste toutefois leur mode d’action privilégiée.
A noter cependant que des objectifs de caméscopes amateurs, elles sont passées à ceux de photographes professionnels.
http://plucer.livejournal.com/55710.html
http://medias-presse.info/nadya-tolokonnikova-egerie-des-pussy-riot-devient-mannequin-pour-la-mode-feminine/4568
Pendant ce temps-là, des kamikazes se font exploser en Russie.
Elles aussi, ont été convaincues de mener un combat politique.
Et nombre de journalistes occidentaux y vont de leur appréciation pour donner des raisons à cette terreur.
Sexuelles ou assassines, où est la victoire de telles bombes?
L’ensemble des medias toutes tendances confondues évoque le sort réservé à l’une des membres du groupe punk russe, Nadjeda Tolokhonnikova.
La jeune femme dénonce des conditions de détention aussi évoquées par d’autres prisonnières dont Evgenia Khassis qui répond aux questions d’Osobaya Boukva
O.B Peux-tu nous raconter ce qui se passe dans cette colonie, relativement à ce qu’évoque Nadejda dans sa lettre?
E. K.: Je peux. Mais je ne suis pas certaine que ça plaira à la communauté libérale et aux gens qui soutiennent Nadejda. (…)
Nadejda se comporte (…) en représentante de cet art contemporain auquel personne, excepté ses créateurs, ne comprend rien. *
Le 28 février 2008, soit quatre ans avant la performance de la Cathédrale Saint Sauveur de Moscou qui a valu l’emprisonnement à Nadjeda Tolokhonikova, celle-ci participait avec ses amis à une scène sexuelle filmée au Musée National de biologie.
http://plucer.livejournal.com/55710.html
Le ventre de Nadejda est très bombé. Cinq jours plus tard, elle mettait au monde sa fille Hera dont tous les medias rappellent qu’elle est désormais séparée de sa mère.
La performance du Musée aurait été de l’art.
De la perception de la maternité, de l’art et de la prison, on peut discuter.
Et aussi rappeler que les jeunes femmes revendiquaient vouloir assumer leur peine.
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2012/08/23/la-guerre.html * http://www.lecourrierderussie.com/2013/09/27/evguenia-khassis-nadejda-tolokonnikova/?goback=%2Egde_4115378_member_276955766#%21
La média bien pensance occidentale n’en a pas bientôt assez de publier tous les scoops
qui l’arrangent pour alimenter sa russophobie?
Dernière info en date relayée par l’ensemble des medias francophones, l’assassinat d’un religieux russe par un déséquilibré.
Parce qu’il soutenait les punks russes, on l’indique en titre pour faire croire au lien de cause à effet.
Aussi simple qu’habile pour orienter d’emblée le lecteur.
Combien de personnes ne sont-elles pas victimes de déséquilibrés?
Et combien sont-elles à être le souci de la média-sphère sinon dans le cadre de campagnes électorales ou de votations aux enjeux bien ciblés?
De combien de Chrétiens assassinés de par le monde, s’est-on ému dans les medias si prompts à s’offusquer du triste sort réservé à un prêtre orthodoxe dont l’accueil réservé à ce déséquilibré lui a été fatal?
Il ne s’agit pas ici de hiérarchiser des morts chrétiennes, loin s’en faut et bien au contraire.
Il s’agit de dénoncer un opportunisme cynique de médias avides de vendre de quoi entretenir leur russophobie.
Il est vrai que stigmatiser la Russie est plus aisé que de traiter la misère occidentale qui se cache pour ne pas mourir quand elle ne se suicide pas.
Plus aisé aussi que de s’en prendre à ceux qui expriment leur respect d’autrui par des actes de vandalisme quand ils ne poignardent pas tout ce qui leur résiste ou mieux, pillent des cadavres comme ce fut le cas à Brétigny-sur-Orge.*
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2013/07/13/temp-0b4bbf66850070125f19720de4195b2f-244365.html
Ce sujet a été publié dans La Tribune de Genève du 19.08.2013 et relayé ici:
http://exprimeo.fr/article/9287/helene-richard-favre-denonce-la-russophobie-ambiante.htm
Deux informations tombent ce jour sur le site de notre journal préféré.
La première indique une conférence qui se tiendra ce 4 mars à Genève,
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/L-inertie-du-peuple-russe-nous-a-pousse-a-creer-les-Pussy-Riot/story/24062071
La seconde, un spectacle qui a été interrompu à Moscou,
http://www.tdg.ch/monde/Le-spectacle-d-un-Suisse-sur-les-Pussy-Riot-stoppe-par-la-police-/story/11683195
Je me suis souvent exprimée ici sur les Pussy Riot et ne tiens pas à commenter ces deux informations.
Mais en tant que Suissesse russophile et russophone, je souhaite indiquer le lien à cet interview qui m’avait été demandée par La Voix de Russie.
http://french.ruvr.ru/2012_08_27/ecrivaine-Helene-Richard-Favre-interview/
Comme on le constatera, je ne m’exprime pas sur la peine infligée aux jeunes femmes.
C’est en réaction au battage médiatique occidental que j’ai tenu à donner un point de vue moins conforme.
Il m’appartient, ce soir, de le publier ici en contrepoint aux informations du jour livrées par La Tribune de Genève.
Ce monument désormais coloré, célèbre la mémoire du corps expéditionnaire russe venu soutenir les alliés en France lors de la guerre de 1914-1918.
Il a été investi par les soutiens des Pussy Riot et recouvert de peinture rappelant les couleurs de leur tenue vestimentaire.
A lire les commentaires* postés en réaction à l’article qui évoque cette nouvelle action de soutien aux jeunes punks, on mesure l’impact de ce type d’action.
Outre la mémoire de la bravoure et de l’honneur saccagée, c’est le non sens d’une telle opération qui s’affiche de manière criante aux yeux des Parisiens.
* commentaires devenus inaccessibles 7 ans plus tard…
Que la France accueille Inna Shevchenko sur son territoire pour son soutien aux Pussy Riot est un acte démocratique.
Que la Russie accueille Gérard Depardieu, non.
Normal dans un Hexagone au Président qui s’est autodécrété tel.
Jean-Claude Mailly a donc choisi son camp.
http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2013/01/04/97002-20130104FILWWW00328-depardieu-mailly-prefere-les-pussy-riot.php
Il est vrai que la carrière de ces jeunnes femmes a de quoi faire pâlir Gérard Depardieu!
La comparaison était inévitable, qu’on le veuille ou non. L’est-elle vraiment?
Pour quiconque veut orienter le débat, elle se doit de l’être.
Pour qui cherche à s’interroger sur les valeurs que véhiculent les uns et les autres, on se hâtera peut-être moins de lancer des jugements à bras le corps et à tout va.