Il a souvent été énoncé, à tort, que Dostoïevski aurait écrit de la beauté qu’elle sauverait le monde.
Non, le grand écrivain russe a fait s’adresser un de ses personnages à un autre de manière interrogative. Hippolyte Terentieff, en effet, pose la question au prince Mychkine, dans le roman L’Idiot.
« Est-ce vrai, prince, que vous avez dit, une fois: « c’est la beauté qui sauvera le monde? » Et Hippolyte Terentieff de poursuivre: Messieurs, (…) le prince prétend que la beauté sauvera le monde! »
On le voit, dans le roman lui-même, la question posée passe à l’affirmation sans preuve énoncée par celui qui, d’abord, interroge.
En l’occurrence, dans L’Idiot, c’est avant tout l’énigme que représente la beauté qui est mise en avant. Le salut qu’elle serait susceptible d’offrir ou non est une des manières de l’envisager.
En cette veille de Noël, célébré au gré de traditions, de coutumes et de circonstances toutes relatives, rappeler cette beauté dont Dostoïevski a tenu à signifier la force du mystère, c’est rejeter ce qui la dénie.
4 Comments
Dans Les Démons, l’auteur ne fait-il pas dire à l’un de ses personnages, Stépan Trophimovitch, dans un discours prononcé en désespoir de cause et qui s’adresse aux nihilistes, ces mêmes nihilistes dont on peut dire avec Dostoïevski qu’ils marquent l’avènement de la fripouille et de la médiocrité, ne lui fait-il donc pas dire que »Shakespeare et Raphaël, – pour ne citer qu’eux, – sont presque au-dessus du genre humain, car ils sont le fruit de toute l’humanité et peut-être le plus haut qu’elle puisse produire ! Par eux la beauté a été réalisée dans sa forme supérieure, et sans elle peut-être ne consentirais-je pas à vivre… »
Merci beaucoup de ce rappel et du renvoi au roman « Les Démons ». On retrouve cette même absence d’affirmation selon laquelle « la beauté sauvera le monde » à travers le « peut-être ne consentirais-je pas à vivre… »
En d’autres termes, c’est bel et bien ce que j’ai énoncé à l’avant-dernier paragraphe de mon sujet qui se répète…sinon se vérifie, à savoir que, « dans L’Idiot, c’est avant tout l’énigme que représente la beauté qui est mise en avant. Le salut qu’elle serait susceptible d’offrir ou non est une des manières de l’envisager. »
Merci encore de votre contribution.
Jean Bellorini met en scène le roman « Les frères Karamazov « de Dostoïevski © AFP / Jacques demarthon
https://www.franceinter.fr/emissions/l-humeur-vagabonde/l-humeur-vagabonde-29-janvier-2017
NB:Cliquez sur le 2 ème du lien
Bonnes soirée et nuit!
Bien à vous.
Charles 05
Merci, Charles 05!