Dans une tribune publiée par Le Monde, l’Académicien français Dominique Fernandez soulève d’importants aspects en lien avec l’affaire qui vise Gabriel Matzneff.
D’emblée il le précise ce n’est pas la défense de la pédophilie qu’il prend. Pédophilie « moralement condamnable, légalement punissable » et dont les « abus criminels » ne peuvent en rien se justifier.
Non, c’est la défense d’un homme désormais « traîné dans la boue » tandis qu’il y a peu encore, il était loué, « pour les mêmes livres qui le font mettre actuellement au pilori. »
Et de rappeler comment, « depuis plus de quarante ans, tout le monde était au courant de ses mœurs, dont il ne se cachait pas, puisqu’il en faisait lui-même l’étalage ; et voici que, tout d’un coup, avec une unanimité hypocrite, s’élèvent des clameurs d’indignation. »
Quant à Marie Darrieussecq, qui se réjouissait, dans le JDD, que cette affaire mette « un terme à la domination masculine sur les femmes. », il signale combien de propos est « déplacé, car ladite domination s’exerce aussi bien sur des garçons que sur des fillettes. C’est la domination de l’adulte sur l’enfant qui est en cause, et la fameuse question du consentement. »
Vient ensuite le constat selon lequel les « premiers défenseurs de Matzneff se rétractent, ses amis le lâchent un à un. Tous s’achètent une bonne conscience en attaquant un homme à terre. Ceux qui l’avaient encensé en parfaite connaissance de sa vie privée se drapent maintenant dans une vertu opportuniste. (…)Son principal éditeur, Antoine Gallimard, vient de donner le coup de grâce, en annonçant qu’il retire son journal de la vente, ce qui signifie pour un auteur la mort professionnelle, le renvoi dans le néant. (…)
Il en vient alors à rappeler « André Gide, qui allait en Algérie à la chasse des « petits Arabes ». Qu’on lui retire son prix Nobel ! A propos de Gide, l’Etat n’était pas si prude, il y a encore trois ans, puisque le ministre de l’éducation nationale mettait au programme des terminales littéraires Les Faux-Monnayeurs, roman ouvertement pédérastique. Ce ministre va-t-il offrir sa démission, pour une aussi grave atteinte à la moralité de jeunes adolescents ? »
Puis comment « Pasolini fut renvoyé de l’école où il enseignait en Italie, dans le Frioul, et obligé de s’enfuir à Rome parce qu’il avait entraîné des collégiens derrière des buissons. Va-t-on interdire ses livres et ses films ? Le Caravage a peint dans une pose impudique son amant tout nu de 12 ans : le musée de Berlin, pour contenter les familles, va-t-il mettre au rebut L’Amour victorieux admiré par des millions de visiteurs ? Que la curée n’épargne aucun chef-d’œuvre ! »
Et si jamais, pour qui l’aurait oublié, ce n’est qu’en 1945 que le seuil de la majorité sexuelle a été fixé, en France, à 15 ans. Jusque là, il l’avait été à 13 ans et avant cela, par une loi de 1832, à 11 ans. De quoi réfléchir au regard porté sur l’enfant…
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