De cette tragédie qui se déroule à nos portes et à laquelle nombre d’entre celles et ceux qui ont attiré l’attention sur les désastres humains vers lesquels elle entraînait tant de famille, qu’écrire encore sinon le désespoir?
Alors que j’évoquais les 14’000 morts que compte la guerre qui s’est livrée dans le Donbass huit ans durant dans l’indifférence quasi totale de tant d’esprits très bien-pensant, un internaute me faisait remarquer que cinq morts par jour, ce n’était rien.
Si peu qu’au 23 janvier 2016, date à laquelle une soirée caritative avait été organisée ici à Genève en faveur des enfants du Donbass et à laquelle Léman Bleu et un autre journaliste genevois avaient bien voulu prêter attention, que donc au 23 janvier 2016, soit deux ans après le début du conflit, c’était la bagatelle de 8’000 morts et 12’000 blessés ajoutés aux centaines de milliers d’exilés que l’on comptait déjà.
En Europe, et en son coeur même.
Quels civils mouraient sous les obus du Président de leur propre pays? Qui vivait terré dans les caves? Des enfants, des familles entières sur lesquelles, comme l’a rappelé la reporter Anne-Laure Bonnel, tirait leur gouvernement. Avez-vous vu, entendu, lu l’indignation dans les rues des grandes capitales européennes? Moi non.
Preuve en est la réaction effarée de journalistes qui découvrent comment ont été tuées et coupées en deux ces deux institutrices! Et un autre internaute aussi savant que celui qui a su compter cinq morts par jour en huit ans pour en conclure que ce n’était rien, un autre internaute a réagi pour m’apprendre qu’à partager le reportage de la journaliste française, je répandais la « propagande du Kremlin ».
On interroge une Ukrainienne qui se prénomme Viktoria. Elle vit en France mais retourne régulièrement dans son pays d’origine où sa famille demeure. On lui demande si sa famille va fuir et voici qu’elle répond que non, pas du tout. Première surprise. Puis, elle raconte comment vit son peuple sous ce gouvernement « démocratiquement élu ».
Gouvernement qu’elle qualifie de « fantoche ». Là, c’est trop pour certaines personnes invitées sur le plateau.
La suite indispose, on remercie Viktoria qui, de toutes les façons, ne parvenait plus à se faire entendre dans la cacophonie des réactions indignées quand elle a osé dire que des Ukrainiens étaient contents de l’intervention russe. Que ce gouvernement était corrompu, pour rappel, le Courrier International du 5 octobre 2021 intitulait un article ainsi: le Président ukrainien Zelensky dans la tourmente des Pandora Papers.
Quand des faits entrent en collision avec la propagande sensée les taire, en l’occurrence la propagande occidentale, en faire part n’équivaut pas en cautionner d’autres. C’est trop simple de renvoyer dos à dos deux modes de communication qui masquent la réalité. Faire mention d’une propagande relève d’un seul désir, celui de cesser de se voiler la face, celui de cesser de décréter qui est bon et qui ne l’est pas.
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Je serais personnellement très heureux de me faire l’écho de ce que notre intelligentsia bien pensante ( je dirais aussi non pensante) appelle « la propagande du Kremlin ». Mais d’une part, personne ne veut connaître les faits, d’autre part il est bien difficile de se faire entendre si on n’est pas relayé par une association, un parti ou un lobby quelconque: ce qui existe dans ce style est tout dans la ligne du politiquement correct. Ca me rappelle un peu l’Union Soviétique.