Que le journalisme d’opinion existe et se déclare tel est une chose. Que le journalisme dit d’information s’adonne au mépris, par contre, il n’est plus de l’ordre du point de vue, il est au-delà.
En voici un exemple, il concerne un membre d’une famille dont le seul nom, en Suisse, suscite une variété de réactions. Rejet,’admiration, indifférence aussi, entourent les Blocher qui n’ont jamais été ma tasse de thé et ne m’incitent pas, ici, à les défendre.
Non, la raison de mon propos est autre. Elle est dans l’usage de termes linguistiques auxquels recourt le journaliste qui, sous couvert d’information, transmet tout autant sinon avant tout le mépris que lui inspire le sujet dont il traite.
ll dresse le portrait d’un homme, Markus Blocher, avec, en contrepoint insistant, celui de la soeur plus connue dont une vidéo devrait pourtant nous avertir du niveau de compétence. Bref, Markus Blocher, apprend-on, aurait trouvé sa « revanche », il vient d’être nommé entrepreneur de l’année.
Et, fait à relever, l’homme négocierait avec la Confédération helvétique la possibilité de ramener en Suisse la production de substances actives pour la fabrication de médicaments. Ce qui briserait la dépendance du pays à l’Asie, dépendance dont on ne semble avoir pris conscience que depuis la crise du coronavirus.
Et voici qu’en conclusion de son article, le journaliste, ne peut s’empêcher de replacer Markus Blocher au sein de sa « dynastie » dont il écrit qu’il serait « bien parti pour (la) perpétuer. Il ne s’est en effet pas consacré aux seuls produits de synthèse. Il a également fabriqué naturellement avec sa femme pas moins de sept enfants »
Parce qu’il importe de rappeler que Markus Blocher et son épouse n’ont pas donné la vie à sept enfants, non, que Markus Blocher, en tant que chimiste, a « fabriqué naturellement avec sa femme pas moins de sept enfants ».
Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué?
Une telle acrobatie sémantique se voulait-elle spirituelle qu’elle révèle bien davantage le journaliste et sa posture qui l’incite à dégrader et l’homme et l’une des plus belles capacités qui soit donnée, celle d’engendrer.
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